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Les hausses de salaire décidées au cours des dernières années ont-elles été suffisantes pour maintenir le pouvoir d'achat des Français ? Le point avec l'étude "Emploi, chômage, revenus du travail" de l'Insee.
Selon l'enquête 2024 "Emploi, chômage, revenus du travail" de l'Insee, les salaires de la plupart des Français ont bel et bien augmenté au cours des dernières années. Pour autant, ces hausses n'ont pas toujours été suffisantes pour compenser la hausse des prix. De nombreux salariés ont ainsi vu leur pouvoir d'achat être grignoté par l'inflation. Quels sont les travailleurs les plus touchés ? Quelle baisse de niveau de vie ce phénomène induit-il ? Les primes ont-elles permis de changer la donne ?
Des augmentations de salaire en trompe l'œil
En 2022, le salaire moyen versé pour un équivalent temps plein (ETP) était de 2 630 euros, soit une hausse de 4,1 % en l'espace d'un an. De ce point de vue, la situation semble donc favorable aux salariés. En réalité, pour apprécier le gain lié à ces revalorisations, il faut tenir compte d'une autre donnée : l'inflation. Or, dans un même temps, les prix des biens de consommation ont augmenté, et ce de façon plus forte que les salaires.
En effet, l'inflation s'est établie à 5,2 % en 2022, puis à 4,9 % en 2023. En euros constants, le salaire moyen a donc en réalité diminué de 1 % en comparaison avec 2021 sur la base des données de l'Insee. Un constat identique pour le salaire médian (50 % des Français gagnent plus, et 50 % gagnent moins), qui a progressé de 3,8 % entre 2021 et 2022, mais qui, une fois l'inflation retranchée, a diminué de 1,3 % sur cette même période.
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Les plus bas salaires moins touchés par l'inflation
L'étude "Emploi, chômage, revenus du travail" de l'Insee met en avant un phénomène qui peut sembler étonnant au premier regard : les plus bas salaires ont été les moins touchés par la baisse de leur pouvoir d'achat. Les 10 % des Français les moins bien payés, gagnant moins de 1 436 euros par mois, ont perdu 0,1 % en euros constants, contre 1,4 % de baisse du niveau de vie des 10 % des Français les mieux payés, soit au-delà de 4 162 euros par mois.
"En euros constants, seuls les salaires en bas de la distribution se sont presque stabilisés (...) et les autres ont baissé, de plus en plus fortement à mesure que l'on grimpe dans le reste de l'échelle des salaires" explique l'Insee dans son enquête. Et pour cause : le Smic a été revalorisé automatiquement, ce qui a permis de protéger les Français les plus modestes. "L'accélération des prix en 2022 et les revalorisations automatiques du Smic qui ont suivi ont tassé l'échelle salariale" résume l'Insee.
L'impact positif des primes pour les plus hauts salaires
Au-delà du seul salaire contractuel, il existe d'autres modes de rémunération. Les Primes de partage de la valeur (PPV) , autrefois Primes exceptionnelles de pouvoir d'achat (Pepa), ont ainsi permis de compenser en partie la hausse générale des prix. "Hors versements des primes Pepa et PPV en 2021 et 2022, la baisse du salaire net moyen atteint 1,6 % en euros constants, ce qui signifie que ces primes ont limité pour 0,6 point le recul du salaire réel" note l'Insee dans son étude.
Pour autant, ces primes n'ont pas profité à tous les salariés de la même façon. Cette fois-ci, ce sont les plus hauts salaires qui ont majoritairement du mécanisme des primes. Au-delà de trois fois le Smic, ces avantages financiers ne sont néanmoins plus défiscalisés, et les cadres ont donc été moins concernés par le versement d'une prime que les professions intermédiaires.
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