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«Nous fabriquons tout dans notre atelier, ce qui évite de gonfler les prix» : ces marques françaises qui conjuguent production locale et abordable
information fournie par Le Figaro 09/11/2024 à 08:00

(Crédits: Adobe Stock)

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À l'occasion du Salon du Made in France,

Qui a dit que le  made in France  était forcément hors de prix ? Si on parle souvent du coût du travail trop élevé qui rendrait forcément la production française peu compétitive, on oublie que de nombreuses marques ont trouvé des solutions pour contourner le problème. Le Figaro s'est rendu au Salon du Made in France, qui présente jusqu'à lundi plus de mille marques produites localement. Alors, français et bon marché, est-ce vraiment possible ?

Comme avant : les cosmétiques marseillais

Pour Sophie et Niel Parra, tout a commencé par hasard il y a sept ans. Ne trouvant pas dans le commerce de crèmes adaptées à leur jeune fils qui avait des problèmes de peau, ils décident de fabriquer leur propre savon. Face aux compliments de leurs amis, ils finissent par lancer leur marque : des crèmes, savons, shampoings et sérums de qualité entièrement fabriqués en France dans leur atelier près de Marseille. Tous les articles ont quatre à six ingrédients maximums et sont pressés à froid pour ne pas dénaturer la matière première. La marque connaît un fort engouement pendant le Covid, alors que les Français cherchent à consommer de façon plus responsable. Et les résultats sont là : en 2024 l'entreprise emploie 76 salariés et prévoit 12 millions de chiffre d'affaires, soit une croissance de 124 % en deux ans. En plus de son site Internet, la marque possède huit boutiques en front propre et devrait en inaugurer une neuvième à Bordeaux fin novembre.

Pour Sophie et Niel, vendre à des prix abordables était un enjeu éthique. « Nous sommes au prix du marché sur tous nos produits, voire au-dessous pour certains articles » , assure Niel Parra. En effet, il faut compter 9,90 euros pour un shampoing ou pour 90 mL de dentifrice, des prix relativement raisonnables pour des cosmétiques similaires (bio, recyclables et produits en France). La marque est même imbattable concernant les sérums, dont le prix explose dans le commerce : un sérum anti-âge culminera à 16,90 euros, contre plusieurs dizaines d'euros pour d'autres marques. « Nous fabriquons tout dans notre atelier, ce qui évite de gonfler les prix à cause des intermédiaires qui prennent des commissions » , explique Sophie Parra. « Nous bénéficions aussi d'une forte communauté très soudée, qui permet d'éviter de lourds coûts de marketing » .

1083 : des jeans de qualité

Un jean made in France n'est pas forcément hors de prix. C'est ce qu'a réalisé Thomas Huriez, vendeur dans une boutique de vêtements, en constatant que les jeans premiers prix et les jeans haut de gamme qu'il vendait avaient en réalité la même composition. La différence : le marketing. « Je me suis dit que, même si le coût du travail était élevé en France, on pouvait toujours rattraper ça par une fabrication interne qui diminue les charges de transport, mais aussi en coupant les coûts de marketing. Notre seul marketing, c'est la qualité » , explique Thomas Hurriez. Il lance alors 1083, sa propre marque de jean. Avec un bilan plus qu'encourageant : 3 usines, 40 sous-traitants, 5 boutiques en propre et 130 distributeurs indépendants. En 2023, l'entreprise a produit 50.000 jeans, pour un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros.

Mais alors, qu'en est-il des prix ? Thomas Huriez a mis le paquet pour les diminuer : circuits courts, pas de soldes pour éviter de gonfler les prix le reste de l'année, et tout miser sur des économies d'échelle progressives grâce à l'augmentation des ventes. « Nos jeans coûtent entre 100 et 130 euros : on peut trouver ça cher, mais c'est le même prix qu'un Levi's ou qu'un Diesel, sauf que c'est de meilleure qualité et fabriqué en France. On met aussi à disposition 15 demi-tailles et cinq longueurs de jambe, ce qui a un prix » , justifie Thomas Huriez.

Les vertueux : la brosse à dents recyclable

C'est une des plus belles réussites du made in France en matière de rapport qualité prix. En 2012, Olivier Remoissonnet reprend une des plus vieilles usines de brosse à dents de France, située à Beauvais dans l'Oise. Il commence par retaper l'ancienne marque Bioceptyl pour fabriquer des brosses à dents entièrement made in France et recyclables, qu'il commercialise dans les magasins bio et les pharmacies. Sauf que ce modèle coûte entre 3 et 4 euros, et qu'Olivier Remoissonnet veut rendre son produit accessible à tous les Français. C'est le début de la marque Les Vertueux, une brosse à dents plus simple en plastique recyclable vendue à…0,99 euro. Une des moins chères du marché.

Pour atteindre ce prix record, Olivier Remoissonnet tente un coup de poker. Il lance la fabrication de 500.000 pièces, pour profiter des économies d'échelle, puis tente de démarcher les grandes surfaces. Leclerc, Auchan et Carrefour montent dans le train. Résultat, les 500.000 pièces sont déjà écoulées en à peine six semaines, et un deuxième tour de production est lancé. « Le made in France ne doit plus se sentir illégitime à aller sur les marchés de volume » , plaide Olivier Remoissonnet. « Il y a deux clés : maîtriser la fabrication pour limiter les commissions et les coûts de transport, et exploiter les économies d'échelle » .

Navir : des basiques à petits prix

Des basiques made in France au prix de la fast fashion ? C'est possible. C'est ce qu'a voulu faire Baptiste Vallet en lançant sa marque Navir. Sweatshirt à 35 euros, T-shirt à 19 euros, sac de sport à 30 euros…et tout ça fabriqué dans une usine de Bobigny, en banlieue parisienne. Le jeune entrepreneur commence par racheter l'usine dans laquelle il travaille comme commercial avec une idée en tête : créer une marque de vêtement en B2B made in France. Il vend ainsi ses produits aux entreprises pour des événements spécifiques, des séminaires ou des galas, ce qui lui permet d'écouler de gros volumes et de faire des économies d'échelles. La marque VADF (Vêtements et accessoires de France) est née.

Mais, pour Baptiste Vallet, ça n'est pas assez : il veut aller directement au contact des consommateurs. Il investit alors dans une nouvelle marque, Navir, pour proposer des basiques à prix doux. Avec une astuce à la clé : si sa production ne s'écoule pas, il peut toujours la revendre aux entreprises via son autre marque VADF. Cela lui permet d'investir sans risque et de produire en masse, ce qui diminue les coûts de production. Bilan : des articles peu chers, des matières entièrement issues de l'agriculture biologique, le tout fabriqué en France en coopération avec l'association APF France Handicap. Un projet économique, écologique, social et français…on adore.

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