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Nos conseils pour revendre sa cave au meilleur prix
information fournie par Le Revenu 14/09/2024 à 08:00

Nos conseils pour revendre sa cave au meilleur prix

Nos conseils pour revendre sa cave au meilleur prix

Le vin est un actif liquide et vivant qui demande de la patience et une bonne connaissance du vignoble et des vignerons pour espérer le valoriser.

Si les grands crus s'arrachent à prix d'or sous le marteau des commissaires-priseurs, ils s'achètent également fort cher directement aux domaines et restent soumis, comme les autres placements, à la conjoncture économique et au contexte géopolitique.

Une bonne affaire chassant l'autre, la hausse des taux d'intérêt a ainsi fait plonger les prix des vins les plus recherchés qui, lorsque les taux étaient au plus bas, figuraient parmi les placements les plus rentables de ce secteur.

Avant de songer à vendre une partie de sa cave, encore faut-il, préalablement, être attentif aux recommandations des experts lors de sa constitution. L'une des meilleures écoles reste la lecture des revues et des sites spécialisés, afin d'identifier les domaines à fort potentiel, mais aussi le suivi des ventes aux enchères pour bien comprendre le mécanisme de valorisation des vins.

Privilégier les grands formats

Premier conseil : dans une optique de revente, lors de la constitution de votre cave, optez pour les grands millésimes capables de se bonifier après plusieurs décennies de garde, c'est la garantie de voir leur cote grimper.

En effet, avec les années, un cru réputé devient rare sur le marché. De la même façon, privilégiez les grands formats, magnums ou jéroboams, qui en plus de faire rêver les amateurs garantissent une évolution favorable des vins, s'ils sont stockés dans de bonnes conditions.

Un détail souvent oublié qui a son importance : lors de la revente, sachez que des étiquettes abîmées ou rendues illisibles par l'humidité entraînent automatiquement une décote de la valeur de vos bouteilles lors des enchères. Le bon réflexe consiste donc à envelopper chaque flacon d'un film transparent pour préserver l'intégrité de l'étiquette, qui est un peu la carte d'identité de votre vin.

Aussi, n'hésitez pas à acheter vos crus par caisses de douze flacons. Les acheteurs apprécient de pouvoir goûter un même vin à différentes étapes de sa vie et plébiscitent les nectars conditionnés dans des caisses en bois. En revanche, magnums et jéroboams sont disponibles à l'unité.

Selon le site spécialiste de la vente en ligne iDealwine, constituer pour les crus les plus célèbres une verticale de six millésimes du même vin est l'assurance d'une bonne valorisation. Pour cela, il vous faudra guetter chaque année les ventes en primeurs et avoir accès aux domaines les plus demandés.

Étudier le producteur, la cuvée et le millésime

Ne vous y trompez pas, les crus exceptionnels, donc les plus recherchés, ceux dont les prix s'envolent, représentent un marché réservé aux collectionneurs, dont le budget est bien souvent illimité.

S'il est tentant de vouloir miser sur ces bouteilles d'exception, rare sont ceux qui ont la chance d'y avoir accès lors de leur sortie sur le marché. Raison de plus pour se montrer curieux et fin limier en détectant les vignerons, dont la réputation grimpe auprès des connaisseurs.

Pour cela, rien de mieux que d'être soi-même passionné de vin pour savoir en reconnaître les qualités et le potentiel. Avec une idée fixe à garder en tête : le prix d'un vin dépend avant tout de la réputation du producteur, du choix de la cuvée et de son millésime. Cela vaut pour tous les vignerons, qu'ils appartiennent à une grande comme à une petite appellation.

Se faire plaisir tout en investissant

Encore une fois, vos bouteilles se vendront d'autant plus cher qu'elles seront rares et recherchées. Dans le cadre d'une gestion dynamique de votre investissement, il est intéressant d'acheter deux caisses de six bouteilles dans l'optique d'en consommer une moitié et de garder l'autre pour la laisser vieillir, pour une possible revente, mais cela pas avant une bonne dizaine d'années.

Pour les très grands millésimes, la durée de garde recommandée est d'une vingtaine d'années. La notion de liquidité pour le vin - et sans jeu de mots ! - est donc à nuancer : courte si vous débouchez la bouteille, à moyen ou long terme si vous souhaitez une revente avec plus-value significative.

Ce qui nécessite une bonne cave pour laisser le vin vieillir harmonieusement. Pour avoir une estimation de la valeur de vos bouteilles, les sites Internet spécialisés comme iDealwine ou Wine Searcher, qui tiennent à jour la cote de plusieurs milliers de vins, peuvent être utiles.

Mais attention à ne pas confondre le prix de vente affiché et le prix net vendeur qui est sensiblement inférieur d'environ 20 %. Pour la vente d'une cave bien fournie en crus d'exception, il est préférable de passer par un expert et une grande maison d'enchères (Artcurial, Christie's, Sotheby's...) capable d'attirer les collectionneurs du monde entier.

Gare à la fiscalité !

Vendre une cave de plusieurs centaines de bouteilles de grands crus n'a pas le même impact fiscal que mettre aux enchères occasionnellement une ou deux caisses de vin, sauf s'il s'agit de romanée-conti à plus de 25.000 euros la bouteille.

Si l'administration fiscale a connaissance de la vente, elle examinera de près un certain nombre de critères : importance et fréquence des ventes, provenance des flacons vendus, montant des gains réalisés...

Tant que l'investisseur gère sa cave en «bon père de famille» et réalise des cessions ne constituant pas une source de revenus réguliers, le vin est considéré comme un bien meuble.

Il relève alors des dispositions fiscales prévues par l'article 150 UA du Code général des impôts et le vendeur bénéficie d'une exonération d'impôt pour toutes cessions dont la valeur reste inférieure à 5.000 euros. En cas de montant plus important, deux types de taxation peuvent s'appliquer :

  • un prélèvement à hauteur de 6 % du prix de cession plus la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS), au taux de 0,5 % ;
  • l'assujettissement à l'impôt sur la plus-value, celle-ci étant calculée par soustraction entre le prix de cession et le prix d'acquisition augmenté des frais d'acquisition (mais pas des frais d'entretien, notamment de conservation). Un abattement de 5 % par année de détention au-delà de la deuxième année est accordé par le fisc. La plus-value est alors soumise à l'impôt sur le revenu au taux de 19 % et aux prélèvements sociaux fixés à 17,2 %.

En revanche, si l'administration fiscale estime qu'il s'agit de ventes récurrentes procurant des gains disproportionnés par rapport aux revenus habituels du vendeur, elle pourra les requalifier comme des opérations commerciales relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) .

Et, dans le cas où le fisc considérerait être en présence d'une activité commerciale occulte de négoce de vins, une majoration de 80 % de la fiscalité sur les bénéfices serait appliquée...

«Une bonne cave reflète cinq années de consommation»

Expert indépendant en vins et spiritueux depuis 1971 et près la cour d'appel de Paris depuis 2011, Aymeric de Clouet est régulièrement sollicité pour évaluer la valeur d'une cave dans le cadre d'une succession. Les assureurs font également appel à lui en cas de vol pour avoir une valeur de remplacement.

Le Revenu : Combien de ventes réalisez-vous par an et qui sont les acheteurs des ventes aux enchères ?

Aymeric de Clouet : Entre quarante et cinquante par an. Il faut un catalogue richement fourni pour attirer les acheteurs et réussir de belles enchères. Les collections les plus prestigieuses attirent les spécialistes et les amateurs éclairés du monde entier. Dans la grande majorité des cas, les plus beaux lots partent à l'étranger, question de pouvoir d'achat.

Le Revenu : L'estimation de la valeur vénale d'un vin est un art difficile. Pourquoi constate-t-on de tels écarts, entre autres, sur Internet ?

Aymeric de Clouet : Les cotes sur Internet sont fausses. Les prix affichés ne correspondent jamais aux prix nets encaissés par le vendeur. Seuls les sites qui ont un expert sont crédibles. Mais la vente en ligne reste une bonne solution pour les bouteilles à moins de 100 euros. Elle touche de nouveaux clients pour des vins pas trop vieux et pas trop chers. Pour les crus les plus recherchés et les plus rares, mieux vaut passer par une mise aux enchères dans les maisons reconnues à l'international.

Le vin est-il un bon placement à conseiller aux investisseurs ?

Aymeric de Clouet : À ma connaissance, tous ceux qui ont fait de très bonnes affaires en liquidant leur cave ne l'avaient pas constituée dans l'optique de la vendre, mais parce qu'ils aimaient le vin. J'ai réalisé une très belle vente d'une quarantaine de flacons de meursault et de corton-charlemagne de Coche- Dury, des crus très recherchés. La cave appartenait à l'un des meilleurs clients du vigneron. Et les prix obtenus ont été à la hauteur de sa réputation. Ce genre de collection attire les spécialistes et on assiste souvent à une émulation entre acheteurs privés et professionnels

Le Revenu : Pour bien vendre sa cave, il faut donc avoir fait les bons choix au moment de sa constitution ?

Aymeric de Clouet : Une cave sérieuse correspond à environ cinq années de consomma - tion d'un bon amateur. Sur le tard, les personnes vendent, car ils n'ont pas réussi à boire toutes les bouteilles qu'ils avaient achetées. Il y a parfois des heureuses surprises, à l'image de cette vente à l'hôtel Drouot d'une cave de vins et spiritueux très anciens, dont le montant a atteint 400.000 euros, soit le double des estimations.

Mais il y a aussi des anomalies, quand des appellations se mettent à flamber face à la demande un brin hors norme. Qu'un haut-brion 1961 (pessacléognan) cote 1.500 euros, ça ne me choque pas, car c'est un nectar mythique dans un millésime mythique, mais qu'un simple vosne-romanée village avec un peu d'ancienneté trouve preneur au même prix, ça me dépasse.

Les grands crus du Bordelais comme ceux des châteaux Haut-Brion, Pétrus ou Margaux trouveront toujours acquéreurs à bons prix, tout comme les trop rares grands crus bourguignons qui sont de plus en plus recherchés. Mon ultime conseil reste celui d'un amoureux du vin : achetez ce qui vous plaît et en quantité suffisante pour vos enfants, car le vin est facilement transmissible !

Le Revenu : Le vin est-il un actif successoral comme un autre ?

Aymeric de Clouet : Disons que les flacons de votre cave sont quelquefois « oubliés » lors de l'inventaire de succession ! Mais qu'ils soient ou non amateurs de bons vins, les héritiers préfèrent tout de même avoir une estimation solide de la valeur de leurs bouteilles, ne serait-ce que pour un partage équitable entre les ayants droit.

Propos recueillis par Martin Galène

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