
(Crédits photo : Unsplash - Artur Rutkowski )
Le sud-ouest de la France a particulièrement été touché par cette vague de chaleur qui a engendré des pertes records de fraises.
De fortes chaleurs ont touché la France pendant dix jours mi-mai. Certains agriculteurs ont durement été touchés : les fraises ont mûri trop vite, ce qui a engendré des pertes records. Agriculteur dans le Tarn-et-Garonne, Laurent Dirat a perdu plus de 40% de sa production totale.
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L'une des causes de ces pertes : le manque de main-d'œuvre. « La difficulté aujourd'hui pour les maraîchers cultivant les fraises en sol c'est de trouver des gens assez motivés pour être à quatre pattes et ramasser des fraises sous le cagnard. » explique Émeline Vanespen, directrice générale de l'AOPN Fraise de France . Normalement, les cueilleurs passent une fois par semaine dans chaque rang. Pour suivre la cadence de cette maturation, ils devraient y passer tous les deux jours, estime Laurent Dirat. « Je travaille aujourd'hui avec 52 personnes. Il m'en aurait fallu trois fois plus pendant ces dix jours. »
Rôle de la grande distribution : des avis partagés
L'attitude des grandes enseignes, lors de ces crises, ne fait pas l'unanimité auprès des acteurs du secteur. Laurent Dirat dénonce le refus de certaines enseignes de proposer des fraises en légère surmaturité, alors qu'elles pourraient être vendues pour faire de la confiture. L'agriculteur qualifie d'hypocrisie l'attitude de la grande distribution qui, plutôt que de mettre en avant les fraises françaises, préfère valoriser les fraises espagnoles « qui ne sont pas produites dans les mêmes conditions. » Émeline Vanespen, quant à elle, comprend que les grandes enseignes ne puissent pas accepter des produits dont la qualité est mauvaise. « Proposer des fraises en surmaturité serait très mauvais pour l'image de la filière auprès du consommateur. On ne peut pas en vouloir à la grande distribution. »
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Une crise qui en annonce d'autres
Depuis le 22 mai cependant, les exploitants observent un «retour à la normale». « On a perdu 10 degrés dans tous les bassins. Notre fraise française retrouve sa qualité », affirme Émeline Vanespen. Mais Laurent Dirat a conscience que cette crise ne sera pas la dernière. Si la situation ne s'améliore pas, l'agriculteur fera le choix de diminuer ses parcelles de fraises. «Je pense de plus en plus à d'autres produits qui résistent aux fortes chaleurs et qui ont moins besoin d'eau, comme des légumes secs qui viennent du Maghreb. »
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L'agriculteur explique qu'il est nécessaire, face à ces fortes chaleurs récurrentes, que l'État réfléchisse à des solutions localisées, adaptées à « chaque territoire ». « J'aimerais qu'il y ait une coopération entre les services de l'État et les magasins pour qu'on rentre dans une logique d'entraide et qu'on sorte de la rentabilité à tout prix. » conclut-il.
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