Le journal The Economist, référence en la matière, vient de publier un article édifiant qui explique comment la donnée (data) est devenue la nouvelle grande richesse de l'économie. Cette extraordinaire source d'information est devenue, selon le journal, le nouvel or noir de l'Ère Numérique, en lieu et place du pétrole. Comme ce dernier, la data nécessite aujourd'hui un encadrement strict afin d'éviter l'hégémonie des géants du web.
Ladata : la nouvelle manne qui détrône le pétrole
La data, l'or noir du XXIème siècle
A l'instar du pétrole essentiel à la vie moderne en termes d’automobiles, d’industrie pharmaceutique et chimique, la data est aujourd'hui, devenue capitale à notre mode de vie. Du fait de la multitude de services en ligne qu’elle permet, elle est un nouveau moteur de croissance et de changement. Comme le pétrole, elle est extraite, raffinée, évaluée, achetée et vendue de multiples manières et dans de multiples secteurs d'activité. Et les exploitants qui tirent le plus gros bénéfice de cette manne gigantesque s'appelent aujourd'hui Facebook, Alphabet (Google), Amazon, Apple et Microsoft. Ces sociétés sont les cinq premières en termes de capitalisation boursière. Toujours selon The Economist, elles ont accumulé plus de 25 milliards de dollars de bénéfice net au premier trimestre 2017. Amazon à elle seule capte la moitié de l'argent dépensé en ligne aux Etats-Unis. Le géant de l'e-commerce doit utiliser des camions pour tirer des containers maritimes afin d’accélérer les transferts dans ses data-centers. Chacun de ces camions transporte 100 petabytes (100 avec 15 zéros derrière) de données ! Pour traiter toutes ces données, les sociétés construisent de véritables « raffineries » ; en 2016 Amazon, Alphabet et Microsoft ont dépensé 32 milliards de dollars en location-acquisition pour ces espaces.L’ensemble de nos activités crée aujourd'hui une trace numérique qu'exploitent ces nababs du web. Des automobiles aux trains, jusqu'aux sièges de toilettes et aux grille-pains, tous les objets ou presque sont sources de datas, même s'ils ne sont pas connectés à internet.
La nécessité d'une régulation du marché des datas
Il y a tout lieu de s'inquiéter devant cette situation poursuit The Economist, car Google peut voir ce que les gens cherchent, Facebook ce qu'ils partagent et Amazon ce qu'ils achètent.De nombreux analystes s'accordent à penser qu'il est nécessaire de mettre en place une nouvelle approche des règles anti-trust. Plusieurs observateurs ont notamment estimé que le rachat de Whatsapp par Facebook pour 22 milliards de dollars ne visait qu'à se débarrasser d'un concurrent potentiel, riche en données. On peut également s'étonner de voir que Tesla, qui n'a vendu que 25 000 voitures au premier trimestre 2017, vaut autant en capitalisation boursière que General Motors qui en a vendu 2,3 millions. La seule raison en est la valeur des données que récolte Tesla avec ses véhicules autonomes.
Alors même qu'en 1911 la Cour suprême américaine ordonnait le démantèlement de Standard Oil quicontrôlait alors 90% des capacités de raffinage de pétrole du pays, certains demandent un démantèlement similaire des GAFAs .
Toutefois, The Economist avance que cela ne résoudrait pas le problème. Un démantèlement n'aurait pour effet que d'être disruptif et de ralentir l'innovation. De plus, les petits concurrents actuels occuperaient bien vite une position dominante pour mieux remplacer les géants déchus.
La Commission Européenne ainsi que de nombreux pays en Europe commencent toutefois à modifier leurs lois sur la concurrence. Ainsi, une loi allemande permet à l'Office fédéral des cartels d'intervenir dans les cas où les effets de réseaux et les actifs en données jouent un rôle.
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