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Il y a 141 ans... Le Figaro raillait les débuts de la «villégiature prolétaire»
information fournie par Le Figaro 25/07/2021 à 07:00

RÉTRO IMMO - En août 1880, Le Figaro évoque dans ses colonnes la progressive transformation de Saint-Maur-des Fossés en destination prisée de la villégiature ouvrière.

Autres temps, autres mœurs. Alors que le Figaro a couronné récemment dans un palmarès exclusif, Saint-Maur-des-Fossés comme la meilleure ville où trouver sa maison en Île-de-France, le ton du journal était un peu plus acide sur cette commune voilà près d’un siècle et demi. La lecture du Figaro du 28 août 1880 laisse ainsi transparaître l’image d‘une localité où vient s’installer une nouvelle population ouvrière. Une évolution que le journal voit d’un mauvais œil même s’il lui reconnaît au moins une grande qualité: «la propriété développe singulièrement l’instinct conservateur , écrit Le Figaro, et lorsque tous les ouvriers auront fait bâtir, soyez assurés qu’ils ne songeront plus à faire des révolutions, à moins que ce ne soit pour supprimer l’impôt foncier, ce dont nul propriétaire ne saurait les blâmer.»

Au 19e siècle, «il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il puisse exister une villégiature ouvrière», explique le quotidien puisque l’émergence de la démocratie a permis d’universaliser la prise d’un temps de vacances, privilège jusque-là réservé aux seules classes bourgeoises. Ainsi, Saint-Maur-des-Fossés est le témoin privilégié de cette progressive évolution sociale puisque en 1880 «La population de Saint-Maur est composée environ de quatre mille habitants, dont la grande majorité appartient aux classes laborieuses.»

Bien que les ouvriers accèdent à la possibilité d’avoir leurs propres résidences de villégiatures sous le régime républicain de Jules Grévy, ces dernières détonnent quand on se réfère à la somptuosité des demeures bourgeoises. Elles sont décrites comme «des constructions économiques d’une architecture primitive, élevées sur des terrains exigus» . Néanmoins ce n’est pas seulement le caractère archaïque des habitations qui incite le Figaro à dresser un portrait au vitriol de cette commune de l’actuel du Val-de-Marne, c’est aussi la pauvreté de son architecture. En 1880, Saint-Maur-des-Fossés peine bien évidemment à concurrencer des villes d’eau populaires comme Deauville ou Vichy. Le spectacle que donne alors à voir Saint-Maur, c’est celui d’une «vaste contrée presque complètement plate, ce qui lui donne un aspect assez peu réjouissant» dont «certains endroits pourtant, sont jolis ou pittoresques» , mais qu’ «on ne peut vraiment signaler qu’à titre d’exceptions» .

L’enfer des trajets de banlieue

Et la population locale n’a pas droit à un meilleur traitement que son architecture. Cette impression d’août 1880 préfigure les pires images que l’on peut avoir des transports en commun en banlieue. La desserte en seulement quelques minutes de Paris est l’occasion pour le journaliste de décrire les voyageurs comme des êtres qui «se tiennent horriblement mal en société» , «s’interpellent dans une langue que la pratique du suffrage universel n’a pas épurée» et qui agrémentent leur trajet «par l’absorption de liquides variés et l’engloutissement bruyant de vivres de toute espèce» .

Néanmoins, le journal tient à préciser que ce sombre tableau ne s’applique pas à l’ensemble des administrés. Avant l’arrivée de ces fameux prolétaires, sa position au bord de la Marne faisait déjà de Saint-Maur un lieu de prédilection pour la plaisance ce qui attirait les citadins bourgeois. Le village est ainsi séparé»en régions fort distinctes les unes des autres». Dans le quartier de «La Pie», par exemple, on peut espérer un «séjour relativement mondain et qui possède un casino […] avec un bal et une foule de jeux plus attrayants les uns que les autres» , plus haut près du port de Créteil «on voit le plus grand nombre de promeneurs du dimanche» qui vont ensuite à Adamville se distraire en regardant une «troupe nomade» qui «vient représenter les chefs-d’œuvre lyriques, tragiques ou comiques du répertoire de tous les temps ». C’est évidemment dans ces mêmes quartiers que l’on trouve de riches demeures comme celle de M. Cantin (directeur des Folies-Dramatiques de 1870 à 1880) qui fait figure d’oasis dans ce désert architectural. Son éden est une «propriété bourgeoisement agencée, mais où règne un confortable absolu: salle de billard, pavillon de jeux, pièce d’eau avec carpes à l’instar de Fontainebleau, grotte artificielle, vacherie et laiterie, potager immense, sans compter ce que je puis oublier» .

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