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Escargots de Bourgogne, Saint-Jacques de Bretagne... Gare au faux «made in France»
information fournie par Le Figaro 30/12/2020 à 18:59

Les Français qui veulent privilégier les aliments français pour le réveillon de fin d'année peuvent être induits en erreur par l'emballage s'ils ne font pas attention à certains détails.

L'association de consommateurs Foodwatch France avait tiré la sonnette d'alarme début décembre avec son Calendrier du Vent, qui dévoilait chaque jour un produit dont l'étiquette peut induire le consommateur en erreur. Certains produits qui, à première vue, semblent provenir de France, sont en réalité composés d'ingrédients importés de contrées plus ou moins lointaines. Des astuces permettent cependant de distinguer le «vrai» du «faux» 100% français.

« Les industriels ont flairé la bonne affaire », estime-t-on chez Foodwatch. Les Français sont de plus en plus enclins à consommer local, et cela n'a pas échappé à l'industrie agroalimentaire et à la grande distribution, qui n'hésitent pas à mettre en avant le bleu, blanc, rouge sur les étiquettes. Or si la plupart des produits ainsi présentés sont effectivement fabriqués en France, certains sont en réalité composés d'aliments produits au-delà des frontières. « Souvent, les aliments sont «assemblés», cuisinés, mis en pot en France mais ne contiennent parfois pas le moindre ingrédient français », observe Ingrid Kragl, directrice de l'information chez Foodwatch France.

À titre d'exemple, on retrouve dans les rayons d'une grande enseigne le produit «Escargots de Bourgogne à la bourguignonne», dont les escargots proviennent en réalité de Pologne, ou encore une moutarde dite «Dijon French Mustard», fabriquée avec des graines de moutarde 100% canadiennes. « Dans le cas des escargots, l'origine n'est même pas mentionnée sur l'emballage », s'exaspère-t-elle, ayant dû contacter directement le fournisseur pour obtenir l'information. Même constat pour des coquilles Saint-Jacques à la bretonne, dont certaines viennent effectivement de France, mais d'autres du Chili, d'Argentine ou encore du Pérou, révèle foodwatch France. On retrouve également un miel de montagne bio qui présente une adresse en France sur l'étiquette, alors que le miel vient en réalité du Nicaragua. La marque qui commercialise ce produit s'est néanmoins engagée à plus de transparence envers les consommateurs.

Est-ce légal ?

Selon Ingrid Kragl, cette pratique devenue commune vise à induire le consommateur en erreur. « Les étiquettes regorgent d'inventivité pour leurrer les consommateurs qui croient, à tort, soutenir les filières françaises ». Et si cela peut sembler malhonnête, aucune législation n'interdit aux industriels de recourir à cette stratégie. « Rien ne contraint les fabricants à indiquer la vérité sur l'origine des ingrédients qui composent nos aliments, à l'exception de la viande et du lait dans les plats transformés », précise-t-elle. De plus, un produit dont les ingrédients ont été «assemblés» en France peut tout à fait être estampillé «made in France», même si les composants proviennent de l'étranger.

Néanmoins, un règlement européen entré en vigueur le 1er avril 2020 impose désormais d'indiquer l'origine des ingrédients dits «primaires» sur l'étiquette, si celle-ci diffère de l'indication sur la provenance du produit. Mais le règlement laisse encore une grande liberté aux industriels, selon Lisa Faulet, chargée de mission alimentation au sein de l'Association nationale de consommateurs et usagers (CLCV): « il leur est tout à fait possible d'indiquer la mention « origine UE» ou «non-UE», au lieu d'écrire le pays d'origine des ingrédients ». De plus, l'information est souvent « écrite en tout petit sur l'étiquette », car la taille minimale imposée par le règlement est de 1,2 millimètre. Une contrainte relativement souple, donc, qui permet de continuer à mettre en avant drapeaux et cartes de France sur les étiquettes.

Comment les repérer ?

Le premier réflexe à avoir pour distinguer un vrai produit français d'un faux est de regarder au dos de l'étiquette, et « se concentrer sur les informations relatives aux ingrédients, et pas seulement au produit fini », souligne Lisa Faulet. Une démarche pas toujours fructueuse, concède de son côté Ingrid Kragl : « même si on regarde l'étiquette, il est difficile de savoir vraiment puisqu'il n'y a pas d'obligation d'indiquer l'origine de tous les ingrédients ».

Une autre technique : privilégier les produits labellisés. Mais là encore, tous les labels ne sont pas synonymes d'origine française : « le label rouge par exemple garantit la qualité, mais pas le lieu d'origine. A contrario, l'IGP (indication géographique protégée) ou l'AOP (appellation d'origine protégée) sont des labels bien encadrés qui insistent sur l'aspect «terroir» du produit », rappelle Lisa Faulet.

Foodwatch préconise de ne pas se fier au prix, car « le coût élevé d'un produit n'est pas une garantie », ou à la réputation de la marque. L'association propose également aux consommateurs de l'alerter sur les arnaques détectées. Celle-ci « les relaie ensuite sur les réseaux sociaux, interpelle les marques, communique sur ces abus et pousse les fabricants à être plus honnêtes à l'égard des consommateurs qui en ont assez d'être induits en erreur », détaille Ingrid Kragl.

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