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Epargner pour ses petits-enfants: comment Odile, 72 ans, peut-elle transmettre au mieux?
information fournie par Le Particulier 01/11/2025 à 13:00

Pour Odile, la réussite de sa transmission passe par une combinaison intelligente des différents leviers. ( crédit photo : Getty Images )

Pour Odile, la réussite de sa transmission passe par une combinaison intelligente des différents leviers. ( crédit photo : Getty Images )

Odile veut constituer un capital pour chacun de ses trois petits-enfants. Mais comment s’y prendre ? Les choix sont multiples : placements sécurisés comme le Livret A, enveloppes patrimoniales comme le contrat d’assurance-vie, mécanismes juridiques comme le don familial ou le démembrement… Chaque option présente ses avantages et ses limites. Pour Odile, l’enjeu est clair : trouver la bonne stratégie, alliant rendement, souplesse et optimisation des droits de donation, sans mettre en péril son propre équilibre financier.

Sommaire:

  • Odile, une grand-mère prévoyante tournée vers l’avenir

  • Première règle: déterminer des objectifs très précis

  • Livret A et livrets réglementés: sûrs mais peu rémunérateurs

  • Contrat d’assurance-vie: excellente enveloppe… mais moins attractive après 70 ans

  • Le don familial de sommes d’argent: pas possible pour Odile

  • Don manuel et pacte adjoint: un cadre simple pour un don sécurisé
  • Le démembrement: transmettre à moindres droits tout en conservant la jouissance

  • Combiner les stratégies: le secret d’une transmission réussie

Odile, une grand-mère prévoyante tournée vers l’avenir

Odile a toujours eu le sens de la famille. À 72 ans, cette ancienne institutrice à la retraite vit dans la maison familiale de Nantes, où se sont succédé les rires de ses deux enfants puis ceux de ses trois petits-enfants. Ces derniers sont aujourd’hui sa fierté et sa joie de vivre: Léa, 12 ans, est passionnée de danse classique. Hugo, 9 ans, ne se sépare jamais de son carnet à dessins. La benjamine Emma, 6 ans, est une vraie bricoleuse en herbe.

Veuve depuis quelques années, Odile vit dans sa résidence principale estimée à 300.000 euros, intégralement payée. Menant un train de vie plutôt sobre, elle vit correctement avec sa retraite d’un peu moins de 2000 euros et dispose d’un capital de 100.000 euros sur des livrets réglementés. En outre, elle a déjà pris soin de sécuriser une transmission généreuse (via deux contrats d’assurance-vie) pour ses deux enfants. Grâce aux efforts d’épargne de son mari militaire décédé chacun est alimenté à hauteur de 150.000 euros.

Aujourd’hui, Odile souhaite concentrer son attention sur la génération suivante: comment constituer dès maintenant un capital pour chacun de ses trois petits-enfants, sans pour autant se mettre personnellement en difficultés financières?

Première règle: déterminer des objectifs très précis

Avant de foncer tête baissée dans un produit d’épargne, Odile doit clarifier ses objectifs. Trois questions simples peuvent guider sa réflexion:

Odile se décide: elle souhaite apporter à ses trois petits enfants un véritable capital. Il doit leur permettre de financer leur premier grand voyage par exemple, l’achat d’une voiture, des frais de scolarité, voire un apport pour l’achat d’un premier logement. Concernant sa situation, elle est parfaitement consciente qu’elle doit sécuriser son quotidien en conservant une part d’argent frais et mobilisable à tout moment. Sur ses 2000 euros de retraite mensuelle, elle décide d’épargner chaque mois 500 euros pour ses petits-enfants. Il reste désormais à savoir où et comment placer cet argent, avec l’idée d’allier sécurité et performance financière.

Livret A et livrets réglementés: sûrs mais peu rémunérateurs

Le Livret A (ou LDDS) reste l’outil le plus sûr et le plus liquide: aucun risque de perte en capital, disponibilité immédiate, exonération d’impôt et de prélèvements sociaux. Mais depuis 2025 son taux a fortement baissé, pour tomber à 1,7% au 1er août. Pour un capital à transmettre, le Livret A peut servir de «porte-monnaie» en attendant une décision, mais il n’est pas l’outil optimal pour maximiser un capital sur plusieurs années.

Contrat d’assurance-vie: excellente enveloppe… mais moins attractive après 70 ans

Le contrat d’assurance-vie est un outil d’épargne puissant en termes de transmission de patrimoine. Les versements réalisés avant les 70 ans du souscripteur bénéficient d’un régime fiscal favorable (abattement de 152.500 euros par bénéficiaire, hors succession). Après 70 ans, ce régime bascule: l’abattement est limité à 30.500 euros pour l’ensemble des bénéficiaires. Au-delà, les primes réintègrent la succession. Cela réduit donc fortement l’efficacité de nouveaux versements après 70 ans.

Odile ayant 72 ans, elle comprend qu’elle peut compter sur l’assurance vie, mais dans une mesure moindre que pour ses deux enfants. Pour eux, elle avait moins de 70 ans au moment des versements. Ainsi, chacun des deux va percevoir 150.000 euros via son contrat d’ assurance-vie, en exonération totale d’impôts.

Le don familial de sommes d’argent: pas possible pour Odile

Pour les grands-parents, le don familial de sommes d’argent est une arme simple et efficace: chaque grand-parent peut donner 31.865 euros à chacun de ses petits-enfants sans droits à acquitter (exonération renouvelable tous les 15 ans), à condition que:

- Le donateur ait moins de 80 ans le jour du don,

- Le bénéficiaire soit majeur ou émancipé.

Or, Odile a moins de 80 ans mais ses petits-enfants sont encore mineurs. Raté: Odile va devoir trouver d’autres solutions pour sa transmission.

Don manuel et pacte adjoint: un cadre simple pour un don sécurisé

Le don manuel est la forme la plus simple et la plus courante de donation: il consiste à remettre directement une somme d’argent, des titres (actions, obligations, parts de société) ou des objets mobiliers (bijoux, œuvres d’art) à un proche. Aucun acte notarié n’est nécessaire, mais ce geste doit impérativement être déclaré à l’administration fiscale.

Pour sécuriser ce don manuel et éviter tout flou sur son usage, on peut l’accompagner d’un pacte adjoint. Il s’agit d’un écrit, rédigé sous seing privé ou chez un notaire, précisant les conditions de l’opération: montant exact, date de remise, modalités de gestion, voire affectation de la somme à un projet déterminé (études, achat immobilier, création d’entreprise). Le pacte peut aussi intégrer une clause d’inaliénabilité temporaire, interdisant au bénéficiaire de céder ou de dilapider les fonds pendant une certaine période, le temps par exemple de finaliser ses études.

Dans le cas d’Odile, ce pacte peut être précieux: elle peut donner à chacun de ses petits-enfants une somme significative tout en encadrant son emploi. Par exemple, pour ses plus jeunes petits-enfants, elle peut stipuler que l’argent reste bloqué jusqu’à leur majorité ou qu’il serve à financer leurs études exclusivement.

A noter

Attention, la rédaction doit être particulièrement rigoureuse. Mal formulé, un pacte adjoint risque de requalifier le don manuel en donation notariée, avec des conséquences fiscales et juridiques potentiellement lourdes.

Le démembrement: transmettre à moindres droits tout en conservant la jouissance

Le démembrement consiste à donner la nue-propriété d’un bien (par exemple des titres ou un bien immobilier) et à en conserver l’usufruit (le droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus). Fiscalement, la valeur imposable de la nue-propriété est calculée selon un barème précis: plus l’usufruitier est âgé, plus la valeur de l’usufruit baisse et plus la nue-propriété est valorisée.

Âge de l’usufruitier Valeur de l’usufruit Valeur de la nue-propriété
Moins de 21 ans 90% 10%
21 à 30 ans 80% 20%
31 à 40 ans 70% 30%
41 à 50 ans 60% 40%
51 à 60 ans 50% 50%
61 à 70 ans 40% 60%
71 à 80 ans 30% 70%
81 à 90 ans 20% 80%
Plus de 91 ans 10% 90%

Le donateur réduit ainsi l’assiette taxable aujourd’hui tout en conservant les revenus ou la jouissance du logement. C’est particulièrement adapté pour Odile, qui pourrait transmettre sa résidence principale d’une valeur de 300.000 euros en démembrement: elle en cède la nue-propriété à chacun de ses trois petits-enfants, tout en conservant le droit d’y habiter jusqu’à son décès.

Concrètement, en donnant la nue-propriété d’un portefeuille valorisé 100.000 euros à chacun de ses petits-enfants (300.000/3), la valeur retenue de la nue-propriété pour chacun d’entre eux est de 70.000 euros (70% de 100.000 euros puisque Odile a 72 ans). À cette valeur, s’applique un abattement légal par petit enfant de 31.865 euros. Au final, la base taxable tombe à 38.135 euros. Des droits de donation s’appliquent, selon ce barème (en ligne directe):

- 5% jusqu’à 8072 euros → 8072 × 5% = 403,60 euros,

- 10% de 8073 à 12.109 euros → (12.109 - 8072) × 10% = 403,70 euros,

- 15% de 12.110 à 15.932 euros → (15.932 - 12.109) × 15% = 573,45 euros,

- 20% de 15.933 à 38.135 → (38.135 - 15.932) × 20% = 4840,60 euros.

Soit un total de droits par petit-enfant de 6221 euros. Leurs parents sont prêts à acquitter cette somme car ils ont conscience de le faire pour protéger l’avenir de leurs enfants.

Combiner les stratégies: le secret d’une transmission réussie

Pour Odile, la réussite de sa transmission passe par une combinaison intelligente des différents leviers. Elle décide donc de:

* Donner un peu de liquidité immédiate pour ses petits-enfants via un don manuel encadré par un pacte adjoint. 20.000 euros sont placés dans des contrats d’assurance vie ouverts à leur nom (un chacun). De telle façon, Odile conserve 40.000 euros pour elle en cas de besoin.

* Transmettre sa maison nantaise en démembrement pour réduire l’assiette fiscale tout en conservant l’usage du bien.

* Placer 500 euros par mois sur un contrat d’assurance-vie en son nom (où elle peut piocher si elle en a vraiment besoin) et désigner précisément ses trois petits enfants comme bénéficiaires du contrat. Elle choisit des supports assez dynamiques, car elle cherche à maximiser la rentabilité de son placement. Son horizon de placement est de 5 ans. Avec un rendement à 3,5% par an, elle peut espérer accumuler un capital de près de 33.000 euros, puis le donner à ses petits-enfants sans droits à payer.

Avec une approche réfléchie, Odile peut offrir à Léa, Hugo et Emma un coup de pouce tangible pour leur avenir, tout en sécurisant sa propre retraite. L’art de la transmission intergénérationnelle consiste à conjuguer cœur et raison: un capital bien placé, un cadre juridique clair et un accompagnement attentif suffisent à transformer un simple geste d’épargne en véritable héritage familial durable.

6 commentaires

  • 17:21

    La France n'est pas une île, Pourquoi se prendre la tête si vous avez un patrimoine conséquent, l'Italie est a nos portes avec des droits de succession quasi inexistant.


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