
(Crédits photo : Unsplash - American Public Power Association )
Élisabeth Borne n'a pas exclu le scénario catastrophe de coupures de courant chez les particuliers, «si toutes les mauvaises hypothèses se conjuguent».
Si elle a exclu de possibles coupures de gaz chez les particuliers cet hiver, Élisabeth Borne n'a en revanche pas fermé la porte à des «délestages tournants» sur l'électricité quand les températures baisseront. « Ça peut arriver si toutes les mauvaises hypothèses se conjuguent, si la Russie coupe ses approvisionnements (de gaz), si jamais il y a des tensions sur le GNL (gaz naturel liquéfié) [...], s'il y a un hiver très froid », a averti la première ministre sur le plateau de l'émission « Quotidien » sur TMC mardi.
Ces coupures sont décidées par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, pour garantir l'équilibre entre offre et demande d'électricité et ainsi éviter le « black-out ». « Solution de dernier recours », souligne Patrice Geoffron, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières (CGEMP) de l'Université Paris-Dauphine, elles sont encadrées par certaines règles.
Les particuliers risquent-ils des coupures d'électricité cet hiver ?
Comme l'a indiqué Élisabeth Borne sur le plateau de TMC puis sur France Inter ce jeudi matin, les coupures sont limitées à deux heures par foyer. Elles ne peuvent survenir qu'entre 8h et 13h et entre 17h30 et 20h30. Des quartiers entiers peuvent être coupés à tour de rôle. « On est à chaque fois sur des blocs de 80.000 à 100.000 ménages », estime Julien Teddé, directeur général du courtier en énergie Opéra Énergie, ajoutant que les foyers concernés « sont prévenus la veille à 18h ».
Certains usagers non délestables
Certains bâtiments considérés comme satisfaisant « des besoins essentiels de la nation » ne peuvent en revanche pas être délestés. L' arrêté du 5 juillet 1990 en fait la liste. On y trouve les hôpitaux, cliniques et laboratoires, les installations de signalisation et d'éclairage de la voie publique « jugées indispensables à la sécurité », ainsi que les sites industriels stratégiques, en particulier ceux « qui intéressent la défense nationale ».
L'arrêté souligne le pouvoir des préfets, qui peuvent établir « des listes supplémentaires d'usagers qui, en raison de leur situation particulière, peuvent bénéficier, dans la limite des disponibilités, d'une certaine priorité par rapport aux autres usagers, notamment en cas d'urgence ». On pense notamment aux malades à haut risque traités à domicile, par exemple sous respirateur artificiel. « Au préalable, on a identifié des consommateurs sensibles , a pointé Élisabeth Borne sur France Inter. On veut s'assurer qu'on ne va pas couper l'électricité chez quelqu'un qui a un appareil médical. Tout ça est recensé pour qu'il n'y ait pas des drames du fait de ces coupures. »
Le précédent du 4 novembre 2006
Toutefois, si ces malades à haut risque ne sont pas inscrits sur les listes d'usagers prioritaires, ils peuvent subir des coupures en cas de forte tension sur le réseau électrique. Mais, pour éviter les conséquences terribles que pourraient avoir de tels délestages, ceux-ci peuvent bénéficier d'un système d'information particulier, sur inscription. Il s'adresse aux patients à haut risque vital (PHRV) à domicile, soit les patients sous respirateur ayant une autonomie inférieure ou égale à quatre heures par jour, ainsi que les enfants sous nutrition parentérale.
Internet et la téléphonie mobile menacés par les coupures d'électricité cet hiver
En cas de coupure d'électricité imprévue, ces patients disposent d'un numéro de téléphone dédié, également connu de l'Agence régionale de santé (ARS), qu'ils peuvent appeler pour connaître la durée probable de la coupure et s'organiser en conséquence. En cas de coupure programmée, l'entreprise de distribution d'électricité - Enedis le plus souvent - prévient les patients individuellement, par courrier, cinq jours avant. L'inscription à ce service est de la responsabilité du patient, qui doit remplir des documents et les envoyer à son ARS. Le dispositif est activé pour une durée d'un an, à l'issue duquel la demande doit être renouvelée.
Si la France devait procéder à des délestages chez des particuliers cet hiver, ce serait une première depuis plus de quinze ans. La dernière fois, c'était le 4 novembre 2006 , et les coupures volontaires avaient touché toute l'Europe de l'Ouest. Dans la soirée, pendant une heure, près de 5,7 millions de foyers français ont été coupés du réseau (et plusieurs autres millions d'Européens), à cause de la mise hors tension, volontaire, d'une ligne électrique de 400.000 volts en Allemagne, qui avait été avancée d'une heure.
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