
Le financement participatif ou crowdfunding continue de monter en puissance auprès des particuliers mais pas sur tous ses segments.(Crédits:Adobe Stock)
Le crowdfunding ou financement participatif accroit ses montants de collecte. Mais tous les segments n'ont pas la faveur des épargnants : c'est l'immobilier qui devient le fer de lance du secteur. Mais attention à bien avoir conscience des risques inhérents à ce type de placements !
208,6 millions d'euros. C'est le montant collecté auprès des plateformes de financement participatif (crowdfunding en anglais) au cours du premier semestre 2018, selon la dernière édition du Baromètre du Crowdfunding en France réalisé par KPMG pour Financement Participatif France (FPF). Selon l'association qui fédère la majorité des acteurs du secteur, ce mode d'investissement attire de plus en plus d'investisseurs. « La tendance de 2017 se poursuit lors du premier semestre, avec une augmentation de 59% des volumes collectés par les acteurs de la finance alternative », précise FPF.
Le crowdequity connait une baisse sensible en 2018
On peut distinguer trois branches dans le financement participatif : les dons (avec ou sans contrepartie) qui constituent la forme la plus connue de crowdfunding puisqu'ils servent essentiellement à la promotion de projets culturels. Ils ont beaucoup contribué à la notoriété de ce mode de financement. Selon le baromètre, ce segment a progressé de 26% au premier trimestre, avec près de 53 millions d'euros collectés contre 42 millions au cours de la même période l'an dernier. En revanche, le financement participatif dit d'investissement (ou crowdequity en anglais) connait une baisse importante sur la première partie de cette année puisqu'il recule de 50% : alors qu'il accumulait près de 32 millions d'euros de la part d'investisseurs privés au premier semestre 2017, il n'attire plus que 16 millions de collecte un an plus tard.
Une incertitude du contexte fiscal peu propice aux investissements
Pour expliquer cette désaffection, FPF et KPMG évoquent « le contexte incertain de ces derniers mois. D'une part, la suppression de l'ISF ne semble pas confirmer les prévisions du gouvernement qui espérait une réaffectation de l'épargne des Français vers le financement de l'économie réelle ; d'autre part, le coup de pouce fiscal annoncé début 2018 qui devait faire passer la réduction d'impôt de 18 à 25% dans le cadre de l'IR-PME dite “Madelin“ n'a toujours pas été concrétisé, mettant les investisseurs potentiels dans une situation d'imprévisibilité et d'attente ».
A savoir
Des modèles de plateforme qui évoluent
Pour investir, les particuliers doivent passer par des plateformes agrées par l'Autorité des marchés financiers (AMF) et qui font également l'objet d'une immatriculation auprès de l'Organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance (Orias). Les plateformes se rémunèrent généralement sous la forme de commissions lorsqu'elles versent les fonds collectés au promoteur du projet. Ces commissions peuvent varier entre 5 et 10 % de la somme collectée. A l'heure actuelle, encore peu de plateformes ont trouvé un modèle économique réellement rentable, ce qui les pousse à se diversifier. Par exemple, la plateforme Homunity a été autorisée par l'AMF à proposer des projets dans l'immobilier locatif, grâce à l'extension de son agrément de conseiller en investissement participatif. Dans un autre registre, la plateforme Anaxago a également obtenu des autorités un agrément pour créer sa propre société de gestion dédiée au private equity immobilier et au capital-risque.
Le crowdlending comme fer de lance du financement participatif
Les meilleurs chiffres du secteur sont affichés par le financement lié au prêt (crowdlending). Selon le baromètre, il est passé de 79 millions à 139 millions d'euros de collecte entre le premier semestre 2017 et 2018, soit près de 67 % des volumes collectées en crowdfunding. Il s'agit donc du modèle de financement le plus populaire chez les investisseurs qui prêtent de l'argent à des entreprises et sont rémunérés sous la forme d'intérêts.
L'immobilier attire les investisseurs
Par secteurs d'activité, c'est l'immobilier qui se révèle le plus attrayant. Un engouement confirmé par le baromètre établi par Hello Crowdfunding, un agrégateur de projets de financements participatifs portant exclusivement dans le domaine immobilier, et la plateforme fundimmo. Ainsi, 62 millions d'euros ont été investis dans des projets immobiliers au premier semestre 2018, contre 36 millions l'an dernier. Le nombre de projets financés par les plateformes spécialisées a progressé de 48%. Compris entre 6 et 10%, avant impôts, le taux de rendement n'est pas étranger au succès rencontré auprès des financeurs particuliers. D'autant plus que la durée d'immobilisation des fonds est de courte durée (19 mois en moyenne selon HelloCrowdfunding) et la mise de départ très accessible, puisqu'un millier d'euros suffit. Si le secteur fait globalement de nombreux efforts dans sa communication à l'égard des épargnants, ces derniers ne doivent pas oublier que les risques liés à ce type d'investissement sont réels : il est difficile de se désengager avant le terme de l'opération et le risque de faillite d'un promoteur n'est jamais à exclure comme cela a été le cas avec le redressement judiciaire du groupe Terlat en 2017 .
A.L. (redaction@boursorama.fr)
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