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«Beaucoup d’habitants nous remercient, mais ne savent pas que ça existe» : la lente disparition de la pratique des étrennes
information fournie par Le Figaro 03/01/2025 à 16:41

etrennes (Crédits: Adobe Stock)

etrennes (Crédits: Adobe Stock)

Donner de l'argent à son gardien d'immeuble, à son facteur ou à ceux qui nous rendent service... la pratique n'a plus forcément la cote. Et si certains continuent de se montrer généreux, les Français semblent désormais privilégier les avantages en nature à l'argent.

Trois boîtes de chocolat et du pâté, c'est tout ce qu'a reçu Damien cette année. Indépendant et touche à tout, ce quarantenaire fait de petits travaux chez ses clients : bricolage, jardinage et même cuisine. Et la  pratique des étrennes - ces cadeaux ou sommes d'argent que l'on remet en début d'année à ceux qui nous rendent service -, il n'y accorde pas beaucoup d'importance... D'autant qu'elles se font de plus en plus rares. « Je n'attends rien en retour de l'aide que je fournis , affirme-t-il, ce que j'aime ce sont les échanges avec les familles ».

La situation de Damien est à l'image de ce qui se produit depuis quelque temps : les Français semblent de moins en moins enclins à donner de l'argent au moment des fêtes. D'une part car l'inflation vient rogner le pouvoir d'achat des ménages, ce qui impacte directement ces dépenses qui reposent sur la générosité, et de l'autre car cette habitude semble s'éteindre à petit feu au fil des générations. À leur échelle, les éditions Oberthur mesurent parfaitement ce désintérêt. Cette petite entreprise vend aux facteurs leurs célèbres almanachs depuis 1854. Calendrier sous le bras, ils vont ensuite collecter leurs étrennes. «On est sur un marché en perte de vitesse» , reconnaît un porte-parole de l'imprimeur.

150 euros de chocolat

« C'est une tradition qui se perd, c'est en diminution » , déplore à son tour Slavica Nikolic, gardienne de deux immeubles dans le 13e arrondissement, à Paris. À 71 ans, la concierge n'a pas perdu le goût de son métier. Celle qui a pour l'instant récolté 600 euros se voit comme un « chef d'orchestre » et dit avoir « créé une famille » avec les habitants. La présidente depuis dix ans de l'UDGE, un syndicat qui représente les gardiens, regrette pourtant le comportement des « propriétaires étrangers » et des « jeunes » , moins coutumiers des étrennes. «Beaucoup d'habitants nous remercient, mais ne savent pas que ça existe» , explique-t-elle.

Un constat que dresse également Germain Duchanaud, assistant concierge au Grand Hôtel du Palais Royal. Selon lui, les plus généreux sont les familles avec enfants ou les plus âgés. Pendant les fêtes, une Suisse de quatre-vingts ans a offert à son équipe 150 euros de chocolats. « Mendiants, papillotes, oursons, guimauve… il y en avait pour tous les goûts » , sourit le jeune homme. « On récolte moins d'argent et plus de cadeaux » , observe Prescilla Iscain, assistante éducative et sociale. Si elle recevait encore « de belles sommes » il y a quelques années, les clients privilégient désormais les avantages en nature. Et ça ne concerne pas seulement la période des fêtes. Prescilla s'est ainsi vu offrir des boucles d'oreilles et des places pour Disneyland pour son conjoint et ses enfants. Des étrennes d'une nouvelle forme qui pourraient en faire rêver certains.

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