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Apocalypse Now ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 17/03/2022 à 08:50

François d'Hautefeuille
François d'Hautefeuille

François d'Hautefeuille

Evariste Quant Research

Cofondateur & président

https://www.evariste-quant-research.com/

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

La crise ukrainienne accentue fortement le choc inflationniste. Le grand reset des taux va commencer. Il faut être prêt à protéger son patrimoine par des actifs réels.

Covid plus guerre en Ukraine, une bombe à double détente ?

La presse a expliqué la dangerosité des nouvelles bombes russes via un fonctionnement à double explosion. La première charge diffuse un gaz qui infiltre les immeubles. La deuxième charge le fait exploser avec une efficacité décuplée.

On peut faire un parallèle avec la situation financière actuelle. La première explosion financière du grand reset a été lié à la crise COVID. La monétisation de la destruction de richesse réelle liée au confinement COVID a créé un gap important entre le PNB réel et la masse monétaire. L'explosion du déficit public d'environ 10% qui a permis de combler la destruction de PNB du confinement a été totalement monétisé par la banque centrale via le quantitative easing. On a ainsi créé un gap d'inflation entre la masse monétaire et le PNB réel. Ce gap aurait pu se combler soit par la croissance du PNB réel (« roaring twenties ») soit par l'inflation (« lost seventies »), les deux menant à une conjonction entre la masse monétaire et le PNB nominal mais avec une création de richesse bien différentes. La guerre en Ukraine, c'est la deuxième explosion. Elle va mener à l'alignement entre la masse monétaire et le PNB nominal par l'inflation et non pas la croissance réelle.

Vers un nouveau choc énergétique ?

La guerre en Ukraine crée un choc énergétique majeur pour l'Europe. Il faut remonter à 1973 et 1990 pour trouver des chocs énergétiques équivalents. Dans ces deux scénarios, on sortait d'une création monétaire excessive avec la fin du lien or-dollar en août 1971. On a une situation explosive en termes d'inflation potentielle. On conjugue un choc inflationniste et psychologique avec le choc monétaire lié au COVID.

Croissance comparée du PNB nominal de la zone Euro et du bilan de la BCE (voir graphique ci-dessous). On voit bien les 10 ans de stagnation économique que nous avons traversées. La croissance du PNB nominal est bien en dessous de son potentiel historique de 4% annuel (2% d'inflation et 2% de croissance réelle soit 1% de croissance de la productivité et 1% de croissance de la population active). On a un output gap proche de 30% pour rejoindre un PNB potentiel de 17 Tn EUR contre un PNB nominal de seulement 12 Tn d'Euros.

L'explosion du bilan de la BCE depuis l'arrivée de Christine Lagarde a permis de stabiliser mais pas encore de relancer la croissance pour rattraper le PNB potentiel. Le risque est de voir la surcroissance monétaire accumulée se transformer en inflation (croissance du PNB nominal par la hausse des prix) et non pas reflation (croissance du PNB nominal par création de richesse).
Cette stagnation économique crée le risque d'un éclatement économique ou politique de l'Euro comme cela a été le cas lors des guerres passées. Dans un tel scénario, on ne peut écarter le risque d'une explosion systémique de l'Euro (révolte populaire, crise financière en Italie, dérive politique vers la démocrature, etc…). Le plan de relance de 2 tn EUR annoncé à Versailles pourrait permettre d'éviter une telle implosion.

Source : Evariste Quant Research, Bloomberg

Source : Evariste Quant Research, Bloomberg

Vers un découplage entre les USA et l'Europe ?

On assiste à une anticipation de découplage entre les taux de la FED et ceux de la BCE. Ceci est paradoxal dans la mesure où le choc inflationniste sera certainement plus grand en Europe (qui importe 50% de son gaz de Russie pour l'Europe Centrale) et les USA (qui sont exportateurs de gaz liquéfié). Le risque est donc de voir l'Euro décrocher face au dollar du fait d'un effet de ciseau entre inflation et taux nominaux.

On remarque que la croissance de M3 n'est pas bien stabilisée autour de 6% comme le voudraient les principes de la Stabilitaetspolitik du Traité de Maastricht. On a eu une surcréation monétaire avant la crise Lehman de 2008. On est ensuite rentré dans une « glaciation monétaire » lors de la crise Grecque et Italienne avec une stagnation de la masse monétaire jusqu'en 2015. On assiste à un rattrapage depuis l'arrivée de Christine Lagarde mais avec encore un retard de près de 10% par rapport à la tendance long terme.

Source: Evariste Quant Research, Bloomberg LLP. Bloomberg LLP n'est pas responsable de cette analyse.

Source: Evariste Quant Research, Bloomberg LLP. Bloomberg LLP n'est pas responsable de cette analyse.

Source: Evariste Quant Research, Bloomberg LLP. Bloomberg LLP n'est pas responsable de cette analyse.

Vers une redistribution de la richesse ?

Certains analystes voient les crises et les bulles qui se succèdent depuis 20 ans comme une rotation de la surliquidité mondiale entre les actifs. Le grand reset des taux qui se profile va potentiellement détruire une partie de la richesse accumulée par la génération des baby-boomers au profit des nouvelles générations.

On a là la raison majeure pour laquelle les thèses de Piketty ou de Marx sur l'accumulation inexorable du capital par la rente financière sont désavouées par l'histoire patrimoniale.

Quelles stratégies pour protéger son patrimoine contre l'inflation?

Acheter des actifs réels. Les matières premières avaient accumulé beaucoup de retard par rapport à l'or et aux actions. On assiste à un rattrapage de leur valeur réelle. Il faut donc se réfugier vers des actifs liés directement à ces actifs réels : fonds immobiliers comme AXA Aedificandi et Allianz Real Estate ou les ETFs IDWP LN Ishare Developped Property, ou VNQ US Vanguard REITs, fonds énergie (comme le VDE US, Vanguard Energy producer), fonds metal et mining (XME US, Black Rock Metal et Mining), voire fonds mines d'or (qui ont beaucoup de retard sur l'or physique), fonds de matières premières comme le GBS US Ishare Commodity Basket (qui semblent moins surévalués que l'or physique), Ces fonds (en dehors de l'immobilier) doivent être maniés avec précaution car ils sont beaucoup plus risqués que des actions classiques.

Acheter les actions du MSCI World. Elles sont les plus à même de traverser une grande crise politique vu leur force financière. Le fonds Fidelity Actions Monde ou l'ETF Lyxor Monde WLD FP. Se méfier des actions émergentes qui sont exposées à la remise en cause de la mondialisation (cf. la forte baisse des actions Chine).

Eviter les fonds obligataires et privilégier des fonds sur obligations indexées sur l'inflation. Les taux réels des obligations sur inflation sont très négatifs. Il y a donc un risque de les voir baisser malgré la hausse de l'inflation. Nous privilégions des fonds à maturité courte comme le VTIP US, un ETF Vanguard Short Term TIPs, mais on peut regarder AXA Global Inflation et CPR US inflation. Privilégier des fonds en obligations internationales, en particulier américaines comme le M&G Macro Hedge Bond Fund ou l'ETF Amundi International Bonds (GGOV NA). Sous pondérer le crédit vu le risque systémique créé par l'explosion du cours des matières premières (cf. les difficultés du London Metal Exchange sur le nickel).

Vendre l'euro pour se réfugier en dollar. Se préparer à la hausse des taux de la FED et de la BCE à l'automne (cf. la dernière conférence de presse de Christine Lagarde).

Conclusion

Nous traversons une période compliquée en gestion de patrimoine. Le monde est en équilibre instable. Les actifs réels auront certainement un rôle plus important à jouer dans le futur mais ils doivent être investis avec précaution.


Cet article est adressé à titre d'information uniquement et ne constitue ni une offre de produits ou de services, ni une offre, une recommandation ou une sollicitation d'offre de fourniture de conseil ou de service d'investissement pour acheter/vendre des instruments financiers.

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