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À La Rochelle, les maisons simplistes du littoral ont remplacé les luxueuses villas
information fournie par Le Figaro 01/05/2023 à 07:00

(Crédits photo : Pixabay - Franck ROCHETEAU )

(Crédits photo : Pixabay - Franck ROCHETEAU )

Les résidences balnéaires luxueuses ont peu à peu laissé place à des maisons plus simples, avec le tourisme de masse. La Rochelle met en lumière ces demeures.

Maisons des bords de mer. À la lecture de ces cinq mots, on imagine des villas cossues, luxueuses , qui vendent du rêve à tout un chacun. Et pourtant, nombreuses sont les maisons du littoral, construites après-guerre, que l'on voit sans vraiment les regarder. À la demande du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) de Charente-Maritime, l'historien de l'architecture Gilles Ragot a sillonné les rues de 41 communes du littoral de la Charente-Maritime pendant 6 ans. Il a passé au crible 12.000 maisons individuelles qui pour l'écrasante majorité ne sont ni exceptionnelles ni luxueuses et datent des années 1945 à 1980.

Gilles Ragot retrace l'évolution de la villa balnéaire en simple maison de bord de mer, dans une exposition itinérante gratuite à la médiathèque Michel-Crépeau à La Rochelle (17) et dans un livre du même nom, allant à rebours des expositions habituelles par un coup de projecteur sur de banales maisons, sans ambages. Après guerre, des communes détruites comme Royan ont laissé place à une architecture moderne jusque-là absente des stations balnéaires. Dans les années 70, cette architecture moderne a souvent été rejetée. « Ce livre rend hommage à une production ordinaire, insuffisamment saluée, qui constitue le paysage de nombreuses rues de nos stations de bains de mer. Derrière leur aspect moderne, elle forme souvent notre décor quotidien. Apprenons à les regarder dans leur environnement », note Michel Gallice, directeur du CAUE de La Rochelle.

Ainsi, ces maisons ordinaires, sont souvent transparentes à nos yeux, à l'inverse des villas de villégiature. Mais qu'ont-elles d'extraordinaire justement? Elles font partie intégrante de nos vies tout d'abord. « On peut s'attacher aux grandes signatures, aux grands noms de l'architecture, mais ce n'est pas ce qui fait notre paysage », ajoute Michel Gallice.

Une influence brésilienne

Lorsque l'on se balade à Châtelaillon-Plage, on pourrait passer à côté de la Villa Bonjoch de l'architecte Georges Morisseau, par sa forme rectangulaire et ses lignes épurées. Et pourtant, son claustra incrusté de verres colorés qui filtre la lumière aurait de quoi retenir l'attention. Le claustra tout comme les brise-soleil et les claires-voies reviennent souvent dans l'architecture de cette époque en Charente-Maritime. Ce sont des motifs empruntés à l' architecture brésilienne , découverte lors du numéro spécial de la revue L'Architecture d'aujourd'hui en septembre 1947, qui a fait connaître un certain type de modernité au département de la Charente. « Pendant plus d'une décennie, les gens ont souffert à cause des guerres mondiales et ont été contraints. Ils se tournent vers une architecture fantaisiste », explique Gilles Ragot. Une architecture joyeuse, exotique, moderne. De même les volets roulants marron sur rails sont typiquement brésiliens.

La maison de type logements économiques et familiaux, Logeco, à quelques encablures de la Villa Bonjoch, pourrait elle aussi passer inaperçue. L'État qui incitait à la construction au début des années 50 avait ouvert un concours d'idées pour la conception de plans types de logements collectifs et de maisons individuelle. La construction d'un Logeco ouvrait droit à une aide financière, «la prime million», pour le commanditaire. Ces biens ont connu un franc succès jusqu'au milieu des années 70 y compris en Charente-Maritime.

Une banalisation des maisons

La maison de type Logeco à Châteleillon-Plage est plus coquette qu'il n'y paraît de prime abord avec ses faux boulins de pigeonniers, des fentes verticales ponctués d'un cube de béton à chaque bout. Ces faux trous de pigeonnier n'ont plus vocation à accueillir des pigeons aujourd'hui mais ils représentent un élément de décor graphique à part entière. Le toit avec ses lambrequins découpés renoue avec l'architecture balnéaire du début du siècle, uniquement réservée aux élites, avant la démocratisation des vacances.

Une douzaine de maisons sur les 12.000 étudiées ont été influencées par l'architecture californienne et présentent des formes géométriques simples, des rectangles juxtaposés et des toits plats. Le mouvement de démocratisation des vacances s'est ainsi accompagné d'une banalisation des maisons de bords de mer. La maison du littoral a ainsi perdu ses qualités d'architecture balnéaire, associées à une quête de l'exotisme et de la fantaisie.

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