Le président ukrainien Zelensky visite le mausolée d'Atatürk à Ankara
par Huseyin Hayatsever et Anastasiia Malenko
Le président ukrainien Volodimir Zelensky a entamé mercredi des discussions avec son homologue turc en prélude à la réception jeudi à Kyiv de responsables de l'armée américaine dans le cadre d'une nouvelle initiative visant à relancer les négociations de paix avec la Russie.
Aucun entretien en face-à-face n'a eu lieu entre Kyiv et Moscou depuis une réunion à Istanbul en juillet, tandis que les forces russes poursuivent leur guerre en Ukraine, qui dure depuis près de quatre ans. Des frappes nocturnes russes ont fait mercredi au moins 25 morts dans l'ouest de l'Ukraine.
Les efforts pour relancer les pourparlers semblent gagner en intensité, bien que Moscou n'ait montré aucun signe de changement de ses conditions pour mettre fin à la guerre et ait minimisé un article de presse affirmant que les États-Unis travaillaient sur un plan de paix en 28 points.
KYV DIT VOULOIR METTRE FIN À LA GUERRE
Volodimir Zelensky a rencontré Recep Tayyip Erdogan après des déplacements en Grèce, en France et en Espagne, alors que l'Ukraine traverse une crise politique liée à un scandale de corruption qui a conduit le Parlement à limoger mercredi les ministres de l'Énergie et de la Justice.
Un système présumé de 100 millions de dollars visant à contrôler les contrats de l'agence nucléaire publique a suscité la colère de l'opinion et poussé l'opposition à réclamer un remaniement complet du gouvernement ainsi que le départ du chef de cabinet du chef de l'Etat.
Le président ukrainien reste concentré sur l'effort de guerre et a déclaré mardi qu'il se préparait à "réactiver les négociations" et à discuter avec Erdogan des moyens d'instaurer une "paix juste" en Ukraine.
"Faire tout ce qui est possible pour rapprocher la fin de la guerre est la priorité absolue de l'Ukraine", a-t-il dit mardi.
Les forces russes contrôlent environ 19% du territoire ukrainien et progressent lentement, tout en menant des attaques régulières contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes à l'approche de l'hiver.
La Turquie, membre de l'Otan qui a conservé des liens étroits avec les deux parties, avait accueilli un premier cycle de pourparlers dans les premières semaines du conflit en 2022, les seuls jusqu'à cette année, lorsque le président américain Donald Trump a lancé une nouvelle tentative pour mettre fin aux combats.
Le Kremlin a indiqué que des représentants russes ne participeraient pas aux discussions, mais que Vladimir Poutine restait ouvert à des échanges avec les États-Unis et la Turquie sur les résultats des entretiens.
Axios a rapporté mardi que Washington travaillait en secret à une feuille de route pour mettre fin à la guerre en concertation avec la Russie.
Prié de commenter ces informations, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré mercredi qu'il n'y avait "aucune nouveauté" à annoncer concernant d'éventuelles propositions de paix depuis le sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska en août.
LES CONDITIONS DE POUTINE
Un haut responsable ukrainien a indiqué à Reuters que Kyiv avait reçu des "signaux" concernant un ensemble de propositions américaines discutées avec la Russie, précisant que l'Ukraine n'avait pas été associée à leur élaboration.
Les signes d'une relance des efforts américains pour mettre fin à la guerre ont entraîné mercredi la plus forte hausse des prix des obligations d'État ukrainiennes depuis des mois.
Vladimir Poutine avait exposé ses conditions principales en juin 2024, exigeant que Kyiv renonce à rejoindre l'Otan et retire ses troupes de quatre provinces que Moscou revendique comme faisant partie de la Russie. Moscou n'a donné aucun signe d'abandonner ces exigences, et l'Ukraine affirme qu'elle ne les acceptera pas.
Une délégation américaine conduite par le secrétaire à l'Armée des États-Unis Dan Driscoll est en déplacement à Kyiv pour une "mission d'information", a indiqué l'ambassade des États-Unis dans la capitale ukrainienne.
Selon une source proche du dossier, le chef d'état-major de l'armée, le général Randy George, fait également partie de la délégation et il devrait rencontrer jeudi Volodimir Zelensky.
Une source turque a indiqué que l'envoyé spécial américain Steve Witkoff pourrait également se rendre en Turquie, mais aucune annonce officielle n'a été faite à ce sujet par Washington.
Une autre source, au ministère turc des Affaires étrangères, a précisé que les responsables turcs ne rencontreraient que Volodimir Zelensky et que Steve Witkoff ne devrait pas participer aux réunions à Ankara.
(Reportage Hüseyin Hayatsever à Ankara et Anastasia Malenko à Kyiv, avec les bureaux de Kyiv, Moscou et Istanbul, rédigé par Timothy Heritage ; version française Nicolas Delame, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)

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