L'Arabie saoudite a déclaré mardi que sa sécurité nationale constituait une ligne rouge, quelques heures après une frappe menée par la coalition qu'elle dirige sur le port d'Al Moukalla, dans le sud du Yémen, Riyad ayant donné 24 heures aux forces des Émirats arabes unis (EAU) pour quitter le pays.
Ces déclarations de l'Arabie saoudite à l'encontre des EAU, les plus fermes à ce jour, illustrent la montée des tensions entre les deux puissances pétrolières autour de la question yéménite.
Le Conseil de direction présidentiel du Yémen, soutenu par Riyad, a par ailleurs demandé à toutes les forces des EAU de quitter le pays dans les 24 heures.
Son chef, Rachad al-Alimi, a également annulé un pacte de défense avec les EAU, selon l'agence de presse officielle, et a accusé Abou Dhabi, dans un discours télévisé, d'alimenter les conflits internes au Yémen.
"Malheureusement, il a été définitivement confirmé que les Émirats arabes unis ont fait pression sur le STC et lui ont donné pour instruction de saper l'autorité de l'État et de se rebeller contre celle-ci par une escalade militaire", a-t-il ajouté.
L'Arabie saoudite a exhorté les EAU à se conformer à cette demande. Le ministère des Affaires étrangères des EAU n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
La coalition a précisé que la frappe, d'une intensité limitée, faisait suite à l’arrivée, samedi et dimanche, de deux navires en provenance du port émirati de Fujaïrah, qui ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé sans autorisation de grandes quantités d’armes et de véhicules de combat destinés au Conseil de transition du Sud (STC).
PAS DE VICTIMES, SELON LES MEDIAS SAOUDIENS
L’Arabie saoudite a mis en garde le STC, principal groupe séparatiste du sud du Yémen, contre toute action militaire, et a demandé le retrait de ses forces. Le STC a rejeté cet appel.
La coalition a déclaré que la frappe sur le port d'Al Moukalla n’avait causé ni victimes ni dégâts collatéraux, selon les médias d’État saoudiens.
Deux sources ont déclaré à Reuters que la frappe visait le quai où la cargaison des deux navires avait été déchargée.
Les forces soutenues par les EAU contrôlent de vastes zones dans le sud, y compris la province stratégique d’Hadramaout.
Rachad al-Alimi a imposé une zone d’exclusion aérienne et un blocus maritime et terrestre de tous les ports et passages pendant 72 heures, sauf exemptions autorisées par la coalition.
Le STC faisait initialement partie de l’alliance menée par l’Arabie saoudite au Yémen en 2015 face aux rebelles Houthis, eux-mêmes soutenus par l’Iran, avant de revendiquer l'autonomie dans le sud du pays.
Les Houthis, qui ont contraint le gouvernement soutenu par Riyad à fuir la capitale, Sanaa, contrôlent le nord du Yémen.
"Nous continuerons à empêcher tout soutien militaire de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement légitime", a ajouté la coalition.
(Reportage Yomna Ehab, Hatem Maher et Mohammed Ghobari, Nayera Abdallah et Ahmed Elimam, version française Elena Smirnova, édité par Augustin Turpin)

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