A l'occasion de la confrontation militaire majeure ayant opposé les deux pays rivaux, New Delhi a notamment utilisé pour la première fois ses missiles de croisière BrahMos. D'autres systèmes, dont la plateforme de défense antiaérienne Akashteer, ou "flèche du ciel", pilotée en partie par intelligence artificielle (IA), ont aussi fait leurs preuves en conditions réelles.

L'opération "Sindoor" a été lancé le 7 mai dernier par l'Inde en réponse à une attaque terroriste commise au Cachemire indien (illustration) ( AFP / INDRANIL MUKHERJEE )
Une vitrine de choix ? L'intense bataille aérienne que l'Inde a livrée en mai au Pakistan, baptisée Opération "Sindoor", lui a permis d'étrenner sa nouvelle panoplie d'armements dernier-cri, avec lesquels elle espère désormais séduire des clients étrangers. Pendant quatre jours, les tirs de missiles et les raids de drones ont illuminé le ciel des deux pays. Leur confrontation militaire la plus sérieuse des vingt dernières années a ouvert, selon un officier, un "nouvel âge" de la guerre aérienne.
"L'opération a donné un aperçu de l'évolution des opérations militaires en matière de tactique, de progrès technologiques et d'indépendance", a résumé lors d'un discours en août le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh.
Longtemps en tête du palmarès mondial des importateurs d'armes, l'Inde s'efforce depuis quelques années de décrocher une place de choix dans celui des exportateurs. Le montant des exportations de matériel militaire "made in India" a atteint 2,83 milliards de dollars pour l'année fiscale 2024-2025. Il reste loin de ceux des champions américains, français ou russes, mais a été multiplié par 34 en dix ans. Le chiffre d'affaires des industriels indiens de la défense a, lui, presque doublé en cinq ans, pour atteindre 18 milliards de dollars l'an dernier.
Selon le ministère de la Défense, la liste de leurs clients dépasse désormais la centaine de pays, Etats-Unis et France en tête. Leurs produits-phare incluent les missiles sol-air, les patrouilleurs maritimes, l'artillerie ou les radars.
Une partie d'entre eux a été utilisée pour la première fois dans des conditions réelles de combat lors des affrontements de mai.
Un officier indien de haut-rang le confirme sous couvert d'anonymat: ces opérations ont constitué un banc d'essais idéal. "Nous avons recueilli de nombreuses informations utiles, nos partenaires industriels aussi", confie-t-il. Parmi les systèmes qui se sont illustrés, la plateforme de défense antiaérienne Akashteer, ou "flèche du ciel", pilotée en partie par intelligence artificielle (IA), qui a permis d'intercepter missiles et drones pakistanais.
"Eprouvé sur le terrain"
L'Inde a également engagé pour la première fois en opération en mai ses missiles de croisière BrahMos, conçu en collaboration avec la Russie, qui ont visé plusieurs bases aériennes du Pakistan.
"La performance exceptionnelle des missiles BrahMos a séduit 14 ou 15 pays qui nous ont fait part de leur intérêt" pour ce matériel, a révélé en juillet le ministre Rajnath Singh en inaugurant une usine de fabrication d'armements.

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Les Philippines en ont déjà passé commande, l'Indonésie et le Vietnam leur emboîtent le pas, selon New Delhi. Ce conflit indo-pakistanais a servi de "démonstration grandeur nature", résume Ashok Malik, analyste au centre de réflexion Asia Group. "C'est autre chose d'acheter un produit qui a été éprouvé avec succès sur le terrain".
Depuis dix ans, l'Inde a décuplé son budget militaire - 78 milliards de dollars aujourd'hui - pour financer d'ambitieux programmes d'armement, aussi bien en matière d'artillerie que de navires de guerre ou d'avions de combat. New Delhi a annoncé en juillet le premier succès du Pralay, un nouveau missile de croisière.
Dépendance persistante au Made In China
Ces efforts interviennent alors que l'Inde s'efforce de trouver un équilibre diplomatique entre la Russie, son alliée historique, et les Etats-Unis, qui viennent d'imposer une surtaxe à ses exportations en représailles à ses achats de pétrole russe. Dans ce contexte, la politique du "Make in India" du Premier ministre Narendra Modi s'est naturellement appliquée à la défense.
Les industriels ont lancé le développement de moteurs "indigènes" d'avions de combat et d'un système de défense aérien comparable au "Dôme de fer" israélien, rebaptisé "Sudarshan Chakra" - l'arme de la déesse hindoue Vishnou. Autre priorité affichée, en collaboration avec Israël, la conception des drones militaires. Sur ce terrain-là toutefois, la route sera longue. En avril, le ministre délégué à l'Aviation civile Murlidhar Mohol a concédé que 39% des composants nécessaires à leur fabrication étaient encore issus "de fabricants basés en Chine"... un des principaux alliés militaires du Pakistan.
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