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Venezuela: Maria Corina Machado, visage et âme de l'opposition
information fournie par AFP 10/10/2025 à 12:21

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado lors d'un rassemblement de campagne du candidat à la présidence Edmundo Gonzalez Urrutia, à Barinas, au Venezuela, le 6 juillet 2024 ( AFP / Juan BARRETO )

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado lors d'un rassemblement de campagne du candidat à la présidence Edmundo Gonzalez Urrutia, à Barinas, au Venezuela, le 6 juillet 2024 ( AFP / Juan BARRETO )

Récompensée par le prix Nobel de la Paix, Maria Corina Machado, la cheffe de l'opposition au Venezuela, 58 ans, surnommée la "libératrice" par ses partisans, vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet 2024 mais reste l'âme de l'opposition vénézuélienne.

"Très juste reconnaissance pour la longue lutte d'une femme et de tout un peuple pour notre liberté et notre démocratie", a affirmé le candidat de l'opposition à la présidentielle Edmundo Gonzalez Urrutia.

Si le président Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé vainqueur par l'autorité électorale considérée aux ordres du pouvoir, l'opposition a revendiqué la victoire pour son candidat.

Mme Machado, déclarée inéligible, n'avait pas pu se présenter, mais avait mené la campagne pour un candidat alors inconnu ralliant derrière elle des foules.

Et c'est elle qui avait appelé ses partisans à recueillir les procès-verbaux de chaque bureau de vote, pour "prouver" la victoire de l'opposition.

Le pouvoir vénézuélien, qui n'a pas jusqu'ici publié les résultats complets du scrutin, a durement réprimé les troubles post-électoraux et a intensifié ces derniers mois la répression politique, selon une mission d'experts de l'ONU.

Mme Machado a choisi de rester dans son pays alors que M. Gonzalez Urrutia, visé par un mandat d'arrêt et harcelé verbalement par le pouvoir, a lui été contraint à l'exil en septembre.

Fin septembre 2024 lors d'un entretien avec l'AFP, elle avait expliqué vivre parfois "des semaines sans contact humain" : "Je suis là où je me sens le plus utile pour la lutte". Réfugiée dans un lieu tenue secret, elle continue de mener son combat.

"Si quelque chose m'arrive, la consigne est très claire (...), personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté", avait elle affirmé, lors d'une interview par appel vidéo avec l'AFP.

Depuis la présidentielle, elle donne des interviews virtuelles et participe à des débats sur internet, toujours sur un fond neutre pour que personne ne reconnaisse l'endroit où elle se trouve.

- "Jusqu'au bout" -

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado et le candidat à la présidence vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia saluent leurs partisans lors d'un rassemblement de campagne à Valencia, dans l'État de Carabobo, au Venezuela, le 13 juillet 2024 ( AFP / Juan Carlos HERNANDEZ )

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado et le candidat à la présidence vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia saluent leurs partisans lors d'un rassemblement de campagne à Valencia, dans l'État de Carabobo, au Venezuela, le 13 juillet 2024 ( AFP / Juan Carlos HERNANDEZ )

La notoriété de Mme Machado a explosé lors des primaires de l'opposition en octobre 2023, en recueillant plus de 90% des voix dans une démonstration de force avec 3 millions de participants.

Elle est rapidement devenue favorite des sondages, surnommée la "libertadora" ("libératrice"), en hommage au "libertador" Simon Bolivar.

Réputée franche et sans demi-mesure, des traits de caractère qui, selon les experts, ont fortement contribué à sa popularité, Mme Machado répétait à l'envi le slogan de sa campagne: "jusqu'au bout".

Son nom n'était pas sur les bulletins mais le visage et l'âme de l'opposition, c'était elle. Elle a sillonné inlassablement le pays, faisant campagne en voiture, interdite de prendre l'avion. Cris, pleurs et bousculades accompagnaient ses apparitions.

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado acclamée par ses partisans lors d'un rassemblement de campagne à Barinas, au Venezuela, le 6 juillet 2024 ( AFP / JUAN BARRETO )

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado acclamée par ses partisans lors d'un rassemblement de campagne à Barinas, au Venezuela, le 6 juillet 2024 ( AFP / JUAN BARRETO )

Mme Machado promettait alors sans cesse "le changement" au Venezuela, dirigé depuis 1999 par le président Hugo Chavez (1999-2013), puis son héritier Nicolas Maduro.

Ce dernier a été proclamé vainqueur de la dernière présidentielle avec 52% des voix par le Conseil national électoral, considéré aux ordres du pouvoir. Celui-ci n'a pas publié le détail des votes, se disant victime d'un piratage informatique.

L'opposition, qui a publié des procès-verbaux des bureaux de vote, assure que M. Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 67% des voix. Le pouvoir assure que ces procès-verbaux sont des "faux".

C'est justement Mme Machado qui avait demandé en amont à ses troupes d'organiser la collecte des procès-verbaux.

Cela lui a valu un fort soutien international, les Etats-Unis, l'Europe et de nombreux pays d'Amérique latine ne reconnaissant pas la réélection de M. Maduro.

Couronnée par le prix Sakhraov en 2024, Mme Machado avait estimé qu'il s'agissait d'une "reconnaissance pour chaque prisonnier politique, demandeur d'asile, exilé et chaque citoyen de notre pays qui se bat pour ce qu'il pense".

Libérale, elle prône une économie de marché et a proposé la privatisation du géant public pétrolier Petroleos de Venezuela (PDVSA), principale source de revenus du pays dont la production s'est effondrée, en raison de la mauvaise gestion et de la corruption.

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado et le candidat à la présidence vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia saluent leurs partisans lors d'un rassemblement de campagne à Caracas le 4 juillet 2024 ( AFP / Gabriela ORAA )

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado et le candidat à la présidence vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia saluent leurs partisans lors d'un rassemblement de campagne à Caracas le 4 juillet 2024 ( AFP / Gabriela ORAA )

"Nous allons libérer notre pays et ramener nos enfants à la maison", lançait-elle en référence aux 7 millions de Vénézuéliens qui, selon l'ONU, ont quitté le pays en proie à une interminable crise économique.

Ce retour espéré de la diaspora la touche de près. Ses trois enfants - Ana Corina, Henrique et Ricardo - vivent à l'étranger.

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado lors d'un rassemblement de campagne à San Cristobal, Etat de Tachira, le 28 juin 2024 ( AFP / Schneyder Mendoza )

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado lors d'un rassemblement de campagne à San Cristobal, Etat de Tachira, le 28 juin 2024 ( AFP / Schneyder Mendoza )

Ingénieure de profession, Mme Machado a entamé son parcours politique en 2002 avec la création de l'association Sumate (Rejoins-nous), réclamant un référendum pour révoquer le président Chavez.

Accusée de trahison - Sumate percevant des fonds en provenance des États-Unis - et faisant l'objet de menaces de mort, elle avait alors décidé d'envoyer ses enfants, en bas âge, vivre aux États-Unis mais jure régulièrement comme son slogan de campagne qu'elle ira "jusqu'au bout".

Soutenant le déploiement de navires de guerre américain dans les Caraïbes, elle avait récemment affirmé sur les réseaux sociaux: "Il ne nous reste que très peu de temps avant que les Vénézuéliens ne récupèrent leur souveraineté et leur démocratie. Nous sommes prêts à prendre les rênes du nouveau gouvernement".

1 commentaire

  • 12:32

    Après Gaido, ils sortent la fille à son père comme joker


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