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Un responsable du Hamas tué près de Beyrouth, Israël pilonne Gaza
information fournie par Reuters 03/01/2024 à 09:05

(Actualisé tout du long avec précisions)

par Laila Bassam, Nidal al-Mughrabi et Arafat Barbakh

Le numéro deux du bureau politique du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri, a été tué mardi soir dans une attaque au drone menée par Israël en périphérie de la capitale libanaise Beyrouth, ont déclaré des sources sécuritaires libanaises et palestiniennes, alors que l'armée israélienne a intensifié ses bombardements dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas, via sa radio Al Aqsa, a confirmé que Saleh al-Arouri a été tué dans une attaque au drone contre un bureau du groupe palestinien au sud de Beyrouth, une région considérée comme un bastion du Hezbollah - le mouvement chiite libanais est aligné sur l'Iran, comme le Hamas, qu'il soutient depuis le début du nouveau conflit à Gaza.

Il s'agit du plus haut représentant du Hamas tué depuis qu'Israël a promis d'éradiquer le groupe palestinien, qu'il considère comme terroriste, en réponse à l'attaque du 7 octobre dans des localités israéliennes.

Cet assassinat alimente le risque d'une escalade régionale du conflit entre Israël et le Hamas, alors que les échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise entre Tsahal et le Hezbollah sont quasi-quotidiens depuis début octobre et d'une ampleur sans précédent depuis la guerre de 2006.

Israël n'a ni confirmé ni infirmé être à l'origine de l'assassinat de Saleh al-Arouri. Interrogé par des journalistes, le porte-parole de l'armée israélienne a déclaré que Tsahal était focalisée sur son objectif d'"éliminer le Hamas" et était préparée à "tout scénario" après la mort d'Al-Arouri.

Un conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision américaine MSNBC qu'Israël n'avait pas revendiqué l'attaque. Peu importe le responsable, a ajouté Mark Regev, "il ne s'agit pas d'une attaque contre l'Etat libanais" mais d'une "frappe chirurgicale" contre la direction du Hamas.

LE HAMAS DÉNONCE UNE NOUVELLE ESCALADE D'ISRAËL

Saleh al-Arouri, 57 ans, partageait son temps entre le Liban et le Qatar où, selon un représentant du Hamas, il était "au coeur des négociations" chapeautées par le Qatar et l'Egypte pour trouver une issue au conflit dans la bande de Gaza.

Il était considéré aussi comme impliqué dans les affaires militaires du Hamas pour avoir cofondé la branche armée du groupe, les brigades Al Qassam, lesquelles ont planifié l'attaque du 7 octobre. Israël l'a accusé d'avoir ordonné et supervisé des attaques en Cisjordanie occupée.

L'attaque au drone menée contre un immeuble de Daniyeh, au sud de Beyrouth, a fait au total six morts, selon la presse officielle libanaise. Deux sources sécuritaires ont déclaré que l'attaque a été menée au cours d'une réunion de cadres du Hamas.

Via la messagerie Telegram, la chaîne de télévision du Hamas a indiqué que deux commandants des brigades Al Qassam ont aussi été tués dans cette frappe.

Le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, a dénoncé un "nouveau crime israélien", qu'il a dit considérer comme une nouvelle tentative de faire entrer le Liban en guerre. Ses services ont indiqué qu'une plainte serait transmise au Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer, notamment, une violation de la souveraineté du Liban.

Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas basé à l'étranger, a déclaré dans une allocution télévisée qu'il s'agissait d'un "acte terroriste" et d'une nouvelle escalade dans l'hostilité d'Israël contre les Palestiniens.

Cette attaque survient à la veille d'un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait prévenu en novembre, lors de sa première prise de parole publique depuis le début du nouveau conflit, du risque d'une "vaste guerre" si Israël ne mettait pas fin à ses bombardements.

"DÉVELOPPEMENT DANGEREUX" DU CONFLIT

Le Hezbollah, mouvement lourdement armé, a déclaré mardi que l'assassinat de Saleh al-Arouri était un "développement dangereux" du conflit et promis que l'attaque ne resterait pas "sans réponse ou punition".

D'après le Hezbollah et des sources sécuritaires, les bombardements israéliens dans le sud du Liban en marge de l'offensive à Gaza ont tué plus d'une centaine de combattants du Hezbollah et une vingtaine de civils, parmi lesquels des enfants, ainsi que des journalistes.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que l'assassinat de Saleh al-Arouri allait donner encore plus de motivation à l'"axe de résistance" qui lutte contre Israël, selon des propos rapportés par la presse officielle à Téhéran.

En réponse à l'attaque du 7 octobre qui a fait 1.200 morts et lors de laquelle environ 240 otages ont été emmenés à Gaza, Israël a lancé une vaste offensive aérienne et terrestre dans l'enclave palestinienne, avec l'objectif annoncé d'"éradiquer" le Hamas et toute menace sécuritaire provenant du territoire.

Selon le ministère gazaoui de la Santé, 207 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza au cours des vingt-quatre dernières heures, portant à plus de 22.000 le nombre de Palestiniens tués dans l'enclave depuis le 7 octobre - soit la période la plus sanglante dans l'histoire du conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies.

En Cisjordanie occupée, où l'Onu a déploré une "détérioration rapide" des droits des Palestiniens et exhorté les autorités israéliennes à mettre fin aux violences, des centaines de personnes se sont rassemblées mardi soir à Ramallah pour réclamer vengeance après la mort de Saleh al-Arouri.

"EFFORTS INTENSES" DANS LE SUD DE GAZA

Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a intensifié ses opérations autour de Khan Younès, principale ville du sud de l'enclave, afin de retrouver des commandants du Hamas qui se seraient réfugiés dans des tunnels, a déclaré le ministre israélien de la Défense.

"Nous les atteignons par tous les moyens", a dit Yoav Gallant à des soldats israéliens à Gaza, selon des images diffusées par la télévision publique. "Il y a aussi des otages ici, malheureusement", a-t-il ajouté, promettant des "efforts intenses au coeur de Khan Younès".

Israël dit penser que 129 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, après qu'une partie des personnes enlevées le 7 octobre ont été libérées dans le cadre d'une trêve d'une semaine, fin novembre, tandis que d'autres ont été tuées dans des frappes aériennes ou des tentatives de secours avortées.

Peu avant l'annonce de l'assassinat de Saleh al-Arouri, Ismaïl Haniyeh a indiqué avoir transmis ses réponses à la proposition de cessez-le-feu présentée par le Qatar et l'Egypte.

Le chef du bureau politique du Hamas a rappelé que le groupe voulait l'"arrêt complet" de l'offensive israélienne à Gaza comme condition pour libérer des otages supplémentaires.

De son côté, Israël répète qu'il ne stoppera pas son offensive tant qu'il n'aura pas éradiqué le Hamas et obtenu la libération de tous les otages détenus dans la bande de Gaza.

"INCENDIAIRES ET IRRESPONSABLES"

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, l'ont appelé à la retenue dans ses opérations militaires qui ont ravagé des quartiers entiers de la bande de Gaza, déplacé une grande partie des 2,3 millions d'habitants de l'enclave et provoqué une situation humanitaire catastrophique.

Le département d'Etat américain a dénoncé mardi des commentaires "incendiaires et irresponsables" du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, qui a appelé dimanche les habitants de Gaza à quitter l'enclave pour faire place nette aux Israéliens qui sont à même de "faire fleurir le désert".

De tels propos alimentent chez certains les craintes d'une nouvelle "Nakba" ("catastrophe"), comme en 1948, lorsque les Palestiniens ont été expulsés ou contraints de fuir leurs habitations durant la guerre ayant débouché sur la création de l'Etat d'Israël.

A Paris, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron s'est entretenu par téléphone avec le ministre israélien Benny Gantz auquel il a déclaré que les commentaires sur un déplacement forcé des Gazaouis n'étaient "pas acceptables".

De tels commentaires "contredisent la solution des deux États qui constitue la seule solution viable d'un retour à la paix et à la sécurité pour tous", a-t-il ajouté, selon les propos rapportés par la présidence française.

Emmanuel Macron a souligné aussi qu'il était essentiel d'éviter "toute attitude escalatoire, notamment au Liban", a indiqué l'Elysée, sans préciser si cet entretien s'est déroulé avant ou après l'annonce de l'assassinat de Saleh al-Arouri.

Israël a indiqué qu'il prévoyait de retirer une partie des soldats déployés à Gaza, laissant entrevoir une nouvelle phase du conflit, mais des représentants ont aussi prévenu que son offensive dans l'enclave durerait encore de nombreux mois. Un flou demeure sur les projets d'Israël après la guerre.

(Reportage Laila Bassam à Beyrouth, Nidal al-Mughrabi au Caire, Arafat Barbakh à Gaza, Maayan Lubell et Dan Williams à Jérusalem; rédigé par Jean Terzian)

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