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"Un échec collectif" : pourquoi la France n'arrive-t-elle pas à réduire les pesticides dans l'agriculture ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 14/12/2023 à 17:03

Une commission d'enquête parlementaire dénonce l'"impuissance publique à réduire l'usage des pesticides en France, malgré de graves répercussions sur la qualité de l'eau et la biodiversité.

Photographie aérienne d'agriculteurs travaillant dans un champ à Tinténiac (Ille-et-Vilaine) le 24 novembre 2023.  ( AFP / DAMIEN MEYER )

Photographie aérienne d'agriculteurs travaillant dans un champ à Tinténiac (Ille-et-Vilaine) le 24 novembre 2023. ( AFP / DAMIEN MEYER )

Des militants lors d'une manifestation pour réduire les pesticides et contre l'érosion de la biodiversité au Jardin des Plantes à Paris, le 4 mars 2023.  ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Des militants lors d'une manifestation pour réduire les pesticides et contre l'érosion de la biodiversité au Jardin des Plantes à Paris, le 4 mars 2023. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Le rapport complet de la commission ne sera publié que la semaine prochaine. Mais son rapporteur, le député socialiste Dominique Potier, en a présenté une synthèse à la presse jeudi 14 décembre. Le document constate "un échec collectif à réduire notre empreinte chimique" , alors qu'il y a "urgence à agir". "Sur au moins un tiers du territoire national, les pesticides et leurs métabolites [composants issus de leur dégradation, NDLR] constituent une menace majeure pour la ressource en eau potable" , souligne le texte.

Dans le même temps, "l'imprégnation générale de l'ensemble des milieux [affecte] la biodiversité" et met en péril les services rendus par la nature, comme la pollinisation. Quant aux effets sur la santé humaine, la recherche n'en est "qu'aux balbutiements", mais des liens, ou présomptions de liens, ont été établis entre certaines affections et l'exposition aux pesticides .

"Archétype d'un échec des politiques publiques"

La synthèse relève qu'"entre 1980 et 2019, 4.300 captages [d'eau potable] ont dû être fermés pour cause de pollution, principalement aux nitrates et aux pesticides". Le document cite une instruction du gouvernement de 2020, selon laquelle "du fait de ces pollutions, le coût estimé du traitement pour rendre l'eau potable est compris entre 500 millions et un milliard d'euros par an".

Les moyens dévolus à la prévention de la pollution et le pilotage politique sont jugés insuffisants, "au regard du coût phénoménal de la réparation des impacts sur la santé environnementale et la fertilité des sols". "C'est un archétype d'un échec des politiques publiques faute de cohérence" et "d'injonctions économiques contradictoires", déplore Dominique Potier.

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La commission d'enquête, à l'initiative du groupe Socialistes et apparentés, avait commencé ses travaux en juillet. Seuls les députés RN ont voté contre le rapport, tandis que des LFI et deux Renaissance se sont abstenus.

"Révolution culturelle remise en cause"

L'agriculture contemporaine française s'est largement structurée autour du recours aux herbicides, insecticides et fongicides de synthèse, pour accroître la production et s'assurer un certain niveau de rendement. Les parlementaires observent, dans leur synthèse, que "la révolution culturelle qui semblait s'être opérée quant à la nécessité de s'affranchir de notre dépendance aux produits phytosanitaires est remise en cause dans le contexte des tensions consécutives à la guerre en Ukraine et des concurrences déloyales sur le marché mondial" — tous les pays n'étant pas soumis aux mêmes contraintes. Le rapport fait 27 recommandations , dont celle de renforcer la réglementation visant à prévenir la pollution de l'eau potable.

Le document se veut "une contribution utile au débat public", au moment où un plan "Écophyto 2030" est soumis à la concertation. Ce plan est l'une des mesures issues du Grenelle de l'environnement de 2007. Le premier Écophyto, lancé en 2008, avait pour objectif de réduire de moitié en dix ans l'utilisation des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides). Un objectif non atteint et sans cesse repoussé.

"Un véhicule sans pilote"

"Globalement, nous observons que les indicateurs [d'usages des pesticides] sont au même niveau qu'en 2009. Les seules avancées observées sont liées au retrait des molécules les plus dangereuses" — des retraits qui ne sont "pas dus à la dynamique Écophyto", regrette la commission d'enquête. Celle-ci se dit "frappée par le sentiment d'une forme d'impuissance publique" . Selon les auteurs, le plan Écophyto "est comme un véhicule qui roulerait sur une route sans radar , avec un tableau de bord défectueux. Un véhicule sans pilote dont les passagers feraient de la destination même un sujet de controverse." Pour le rapporteur Dominique Potier, avec Écophyto 2030, "le plan de la Première ministre est mieux", mais "insuffisant par les moyens mis en œuvre".

"Écophyto 2030" fait l'objet d'un intense lobbying des organisations agricoles et environnementales. Le puissant syndicat agricole FNSEA conteste l'objectif de baisser de 50% l'usage des pesticides d'ici à 2030. Il se félicite d e l'échec au Parlement européen d'une législation fixant cet objectif.

Victoires en série pour la FNSEA

Plus largement, la FNSEA a récemment engrangé une série de victoires en Europe et en France, dont l'abandon de hausses de taxes sur les pesticides. 16 novembre dernier : la Commission européenne renouvelle pour dix ans l'autorisation du désherbant le plus utilisé en agriculture, le controversé glyphosate. 22 novembre : le Parlement européen rejette une législation visant à réduire de moitié l'usage des pesticides dans l'UE d'ici à 2030. "Acceptons de dire que c'est une victoire parce que vu ce qu'il y avait dedans (...) on ne va quand même pas bouder notre plaisir" , a déclaré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau la semaine dernière, lors de l'assemblée générale des planteurs de betteraves.

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Quant au projet européen sur la restauration de la nature , le chapitre sur les terres agricoles a largement disparu du texte final. "Nous avons réussi à faire en sorte que le volet agricole soit finalement neutralisé", résume Arnaud Rousseau. En France, après des manifestations et menaces, le premier syndicat agricole et les Jeunes agriculteurs ont obtenu de la Première ministre Élisabeth Borne l'abandon de deux augmentations de redevances figurant dans le projet de loi de finances 2024. Portant sur les utilisateurs de pesticides et les irrigants, elles devaient fournir de nouvelles recettes aux Agences de l'eau.

6 commentaires

  • 14 décembre 18:54

    aerosp le complotiste aurait préféré voir les plus faibles et les vieux tomber comme des mouches lors de la pandémie de Covid. Pourtant ses amis Russes ont également vacciné à tour de bras ainsi que les Chinois. Décidément les industriels ont le bras long même dans les paradis communistes


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