A l'occasion d'une cérémonie marquant les 35 ans de la réunification allemande, le chef d'Etat français et son homologue allemand ont appelé les démocraties occidentales au réveil face aux "Etats autocrates" et à la perte de lien des peuples envers leurs institutions.

Emmanuel Macron, le 3 octobre 2025, à Sarrebruck ( POOL / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )
35 ans après la réunification allemande, Emmanuel Macron et le chancelier Friedrich Merz ont appelé à un "sursaut" des démocraties européennes, menacées selon eux tant par l'effritement de la confiance dans les institutions que par "un axe d'États autocratiques".
"Un doute s'est installé sur nos institutions (...) Il y a comme quelque chose qui se passe dans nos pays" laissant penser à "une dégénérescence de nos démocraties", a déclaré Emmanuel Macron vendredi 3 octobre, invité à Sarrebruck, ville du sud-ouest de l'Allemagne frontalière de la France, pour les 35 ans de la réunification allemande.
Il a notamment pointé du doigt "des réseaux sociaux qui sont à la main soit de grands entrepreneurs américains, soit de grandes sociétés chinoises" et qui ont "laissé un espace public démocratique s'installer où les gens sont tous en cagoule, anonymes, où la règle, c'est plutôt qu'il faut insulter l'autre si on veut être populaire".
Le chef d'Etat français a appelé les Européens à un "sursaut" pour " rebâtir une démocratie du 21e siècle", sans quoi l'Europe deviendra "d'ici 10 ans", selon lui "un continent, comme beaucoup d'autres, de complotistes, d'extrêmes, de bruits et de fureur". Moteurs de la construction européenne, la France et l'Allemagne voient les formations politiques radicales, notamment d'extrême droite, progresser de manière régulière au détriment des partis plus modérés habitués à gouverner. "Notre mode de vie libre est attaqué, aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur", a abondé Friedrich Merz, fustigeant "un axe d'États autocratiques qui remet en question l'ordre libéral dans le monde entier" et "défie ouvertement les démocraties occidentales".
"Nous devons réapprendre à nous défendre" en "dissuadant nos adversaires de nouvelles agressions", a-t-il ajouté sans nommer la Russie. Investi en mai, le chancelier conservateur veut faire de son pays le fer de lance du réarmement européen, compte-tenu de la menace russe et du désengagement américain.
En finir avec la "vassalisation heureuse... ou malheureuse"
Comme l'Allemagne, les pays européens multiplient les investissements militaires depuis l'attaque de la Russie contre l'Ukraine en 2022.
Emmanuel Macron a aussi appelé l'Europe à devenir "pour la première fois, une puissance militaire" et mettre ainsi fin à "une forme de vassalisation heureuse ou malheureuse, selon les choix de celui dont on dépend".
La veille, lors d'un sommet informel des 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à Copenhague, Bruxelles a proposé de mettre en oeuvre un "mur" antidrones face aux récentes incursions de drones en Europe attribuées à Moscou. Le président russe Vladimir Poutine a dit que le Kremlin suivait attentivement "la militarisation croissante de l'Europe", promettant une "réponse aux menaces" .
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