Le conservateur Friedrich Merz doit être encore être investi, cette semaine, chancelier d'une Allemagne fragilisée.

Friedrich Merz à Berlin, en Allemagne, le 6 mai 2025. ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )
Vainqueur des élections législatives de février, le conservateur Friedrich Merz doit prendre les rênes d'une Allemagne confrontée à de nombreux défis, d'une économie ancrée dans la récession, à la tornade Donald Trump, en passant par une immigration à contrôler et la nécessité de se réarmer. À la tête de son gouvernement, il promet un nouveau souffle diplomatique pour l'Allemagne et un leadership européen affiché.
• Défense et diplomatie
Après trois ans et demi d'un gouvernement d' Olaf Scholz frileux face aux crises internationales , Friedrich Merz a proclamé le grand retour de l'Allemagne sur une scène géopolitique mondiale chamboulée par les revirements du président américain Donald Trump et la menace russe.
Le chancelier a promis d' augmenter "de façon significative et rigoureuse" le budget militaire , actuellement égal à 2% du Produit intérieur Brut (PIB), sans préciser toutefois de montant. "Pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne et l'Europe doivent être en mesure d'assurer elles-mêmes leur sécurité de manière beaucoup plus étendue", indique le contrat de coalition avec les sociaux-démocrates.
Friedrich Merz a débloqué pour cela plusieurs centaines de milliards d'euros pour la Bundeswehr et la contribution à l'Otan en s'affranchissant des règles nationales très strictes sur les déficits publics, dites du "frein à l'endettement".
Friedrich Merz se montre prêt à s'émanciper de 80 ans de tradition atlantiste. Il envisage de placer l'Allemagne sous le "parapluie" nucléaire français.
Il promet aussi un "soutien complet" à l'Ukraine face à la Russie, jugeant qu'il en va aussi de "la paix" et de la "liberté" en Allemagne. Le chancelier veut notamment discuter avec ses partenaires européens de la livraison à Kiev de missiles Taurus, capables de frapper en profondeur le territoire russe, une ligne rouge du précédent gouvernement.
• Économie
Conservateurs et sociaux-démocrates veulent remettre sur pied l'industrie allemande en perte de vitesse, alors que l'avalanche de droits de douane adoptés par Donald Trump menace d'amplifier la crise. Objectif: revenir à la croissance après deux années consécutives de récession et sept ans de stagnation au global .
Pour relancer les investissements, la CDU et le SPD vont charger des experts de présenter dès cette année une réforme générale du frein à l'endettement, au-delà des dépenses de défense. Mais la coalition mise en priorité sur un cocktail de baisses d'impôts, de réduction de la bureaucratie et d'aides ciblées .
Elle veut abaisser le prix de l'énergie, qui s'est envolé dans le sillage de la guerre russe en Ukraine, en réduisant la taxe sur l'électricité et les redevances pour le réseau. À partir de 2028, l'impôt sur les sociétés sera lui aussi réduit progressivement de cinq points de pourcentage.
La coalition souhaite augmenter l'attractivité des voitures électriques allemandes, concurrencées par les constructeurs chinois, en les exonérant de taxes jusqu'en 2035.
Une réduction de 25% des coûts de la bureaucratie est aussi prévue, soit 16 milliards d’euros.
Avec la suppression de 8% des postes dans l'administration fédérale , Friedrich Merz déclare aussi ouverte une chasse à la dépense publique mais promet qu'elle sera "socialement acceptable", loin du milliardaire Elon Musk, chargé par Donald Trump d'élaguer le budget américain.
• Migrants
Le contrat de coalition prévoit un durcissement de la politique migratoire mais promet que l'Allemagne restera un pays "ouvert" , respectant le droit d'asile et accueillant les travailleurs qualifiés.
Cela doit commencer par "une offensive de rapatriements", selon les mots de Friedrich Merz, visant les déboutés du droit d'asile en Allemagne, notamment venant d'Afghanistan et de Syrie. Des vols d'expulsion seront organisés avant l'été pour "refouler considérablement plus de personnes", avec de probables sanctions pour les pays tiers ne réadmettant pas leurs propres citoyens.
Du côté des frontières allemandes, le contrat de coalition promet de maintenir les contrôles "jusqu'à ce que la protection des frontières européennes fonctionne". Il prévoit le refoulement de tous les étrangers sans papiers à la frontière , y compris des demandeurs d'asile "en concertation avec les voisins européens", une question litigieuse sur le plan juridique.
Le regroupement familial pour les personnes bénéficiant d'une protection subsidiaire sera suspendu pendant deux ans. Enfin, la possibilité d'être naturalisé au bout de trois ans pour "une personne exceptionnellement bien intégrée", mesure du gouvernement Scholz, sera étendue à un minimum de cinq ans.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer