
Un garçon palestinien tend une casserole vide devant une organisation de charité locale distribuant du riz cuit, dans la ville de Gaza, le 23 août 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Pour récupérer quelques poignées de riz, des Palestiniens hagards, armés de casseroles et de seaux en plastique, se ruent vers une soupe populaire de la ville de Gaza, ravagée par la guerre et frappée officiellement par la famine selon l'ONU.
Des images de l'AFP tournées samedi dans cette ville qu'Israël menace de destruction totale si le mouvement islamiste Hamas n'accepte pas la paix à ses conditions, montrent des jeunes tendant désespérément leurs gamelles pour qu'elles soient remplies.
On y voit un garçon grattant à mains nues les derniers grains de riz collés au fond d’une marmite. Un peu plus loin, assise par terre à l'ombre, une fillette mange à la cuillère dans un sac en plastique.
"Nous n'avons plus de maison, plus de nourriture, plus de revenus (...) nous sommes donc obligés de nous tourner vers les cuisines caritatives, mais elles ne suffisent pas à apaiser notre faim", témoigne Youssef Hamad, 58 ans, déplacé de la ville de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza.
Certaines de ces soupes populaires sont alimentées en nourriture par des mosquées ou des organisations caritatives islamiques locales. D'autres par des ONG internationales ou des agences onusiennes.

Répartition de la population par niveau d'insécurité alimentaire dans la bande de Gaza, d'après l'analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publiée le 22 août 2025 ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )
Début mars, le gouvernement israélien avait imposé à la bande de Gaza un blocus humanitaire total, entraînant des pénuries de nourriture, les plus graves depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Il l'a assoupli à partir de fin mai, mais la quantité d'aide internationale autorisée à entrer depuis est jugée largement insuffisante par l'ONU et les humanitaires, ce que conteste Israël.
- "Devoir moral" -
Après des mois de mise en garde, l'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, en en attribuant la responsabilité à Israël, qui a aussitôt rejeté cette accusation. Un "mensonge éhonté" selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Mais cette déclaration onusienne intervient "beaucoup trop tard", déplore Oum Mohammad, 34 ans, près d’une autre soupe populaire à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

Des enfants palestiniens attendent de recevoir de la nourriture devant une organisation de charité locale distribuant du riz cuit, dans la ville de Gaza, le 23 août 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
"Faute de nourriture et d’eau, les enfants (...) sont parfois incapables de se lever, pris de vertige", dit-elle.
Samedi, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa) a estimé qu'il était "temps que le gouvernement israélien cesse de nier la famine qu'il a provoquée à Gaza".
"Tous ceux qui ont de l'influence doivent l'utiliser avec détermination et un sens du devoir moral", a écrit Philippe Lazzarini sur X.
M. Netanyahu a imputé les pénuries, selon lui "temporaires", aux "vols systématiques de l'aide" par le Hamas.
L'Unrwa a indiqué samedi que ses entrepôts en Jordanie et en Egypte étaient pleins et qu'il y avait "suffisamment de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour remplir 6.000 camions".
- "La fin est proche" -

De la fumée s'élève après une frappe israélienne sur le quartier Abou Iskandar du nord de Gaza-ville, pilonnée par l'armée israélienne en vue d'une offensive annoncée au sol, le 22 août 2025 ( AFP / Bashar TALEB )
Dans le même temps, Israël poursuit ses bombardements sur la bande de Gaza. Des images de l'AFP montrent une épaisse fumée s’élevant au-dessus du quartier de Zeitoun, dans la ville de Gaza, tandis que des Palestiniens fouillent les décombres de bâtiments éventrés.
Le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, a qualifié la situation dans les quartiers de Sabra et de Zeitoun d'"absolument catastrophique", évoquant "la destruction totale de blocs résidentiels entiers".
"Nous sommes piégés ici, nous vivons dans la peur, nous n’avons nulle part où aller. Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. Se déplacer maintenant, c’est courir à la mort", témoigne Ahmad Jundiyeh, 35 ans, déplacé dans la périphérie nord de Zeitoun.
"Nous entendons sans répit les bombardements (...) les avions de combat, les tirs d’artillerie et même les explosions des drones", confie-t-il à l’AFP par téléphone.

Yazan, un garçon palestinien de 2 ans souffrant de malnutrition, est assis avec ses frères dans la maison endommagée de leur famille dans le camp de réfugiés d'Al-Chati, dans le nord de Gaza, le 23 juillet 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
"Nous sommes terrifiés, avec l'impression que la fin est proche."
M. Bassal a indiqué que les secouristes de la Défense civile avaient recensé 51 personnes tuées samedi par des frappes ou des tirs israéliens.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a menacé vendredi de détruire la ville de Gaza si le Hamas refusait de se désarmer, de libérer les otages enlevés le 7-Octobre et de mettre fin à la guerre aux conditions fixées par Israël.
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