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Traverser les océans sur un cargo de marchandises, à quoi ça ressemble ?
information fournie par Le Figaro 10/03/2025 à 08:00

Lors d’un périple sans avion de Marseille à Los Angeles, Enzo Terranova, 24 ans, a passé 61 jours sur deux cargos de marchandises entre le Japon et le Canada. Entre repas frugaux et soirées karaoké avec l’équipage, il raconte ses milliers de kilomètres passés sur les mers et océans.

En avril 2024, Enzo Terranova laisse sa routine derrière lui, lassé par son emploi dans une agence de location de voitures. À 23 ans, le jeune homme originaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) s’engage alors dans un long périple jusqu’à Los Angeles qui durera neuf mois. Train , bus, marche, autostop... Il souhaite parcourir les 50.000 km qui l’attendent par tous les moyens. Pour traverser les mers et océans, Enzo refuse de prendre l’avion mais songe à un mode de transport qui sort de l’ordinaire : le cargo de marchandises.

Avant son grand départ, Enzo démarche de nombreuses compagnies maritimes par courriel. Certaines acceptent les voyageurs à bord de leurs cargos, moyennant 100 à 200 € par jour selon le confort du navire. Du moins, c’était ce qu’il pensait. « Quand les compagnies me répondaient, c’était pour dire qu’elles ne prenaient plus de passagers depuis le Covid-19 », se souvient le «French Explorateur», son nom sur les réseaux sociaux .

61 jours en mer

Malgré ces refus, le jeune homme quitte Marseille avec l’intention de rejoindre la côte californienne. Faute de partir vers l’ouest par l’océan, il met le cap vers l’est par la route. La traversée de l’Europe et de l’Asie centrale lui fait oublier la mer jusqu’à ce qu’il atteigne le littoral chinois trois mois plus tard. Il relance des compagnies maritimes et ose même se présenter au siège de plusieurs d’entre elles à Shanghai. « Je faisais le pied de grue, j’essayais de sympathiser avec les employés pendant leur pause cigarette afin de rencontrer un responsable », se souvient Enzo.

«A u moment où j’étais sur le point de renoncer et de rentrer en France, j’ai reçu un message qui a sauvé mon voyage », se souvient-il encore avec émotion. Après la parution d’un article en août 2024 dans La Provence , il reçoit sur WhatsApp un message du cabinet de Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA-CGM, géant du transport maritime de marchandises, qui accepte de le soutenir dans son projet. En novembre, Enzo embarque dans un premier cargo entre le Nagoya au Japon et Hô-Chi-Minh Ville au Vietnam puis dans un deuxième vers Halifax au Canada . Un périple de 61 jours sur la mer de Chine et les océans Indien et Atlantique.

«On y mange bien et on y fait la fête»

« Avant d’embarquer, je me posais des tas de questions : est-ce que j’allais être malade, est-ce que j’allais m’ennuyer, qu’est-ce que j’allais faire pour m’occuper ? J’allais être comme un prisonnier du cargo, mais un prisonnier heureux : c’est une expérience qu’on ne vit qu’une seule fois », raconte Enzo. À bord, il découvre une véritable ville flottante avec un restaurant, une supérette avec produits détaxés, une salle de sport et même une piscine. « On y mange bien, les repas sont généreux et variés et sont autant d’occasions de socialiser avec l’équipage. »

Lui qui redoutait de s’ennuyer ne touche quasiment pas à son smartphone malgré la connexion internet assurée par la technologie Starlink. Au fil des jours, le personnel lui fait visiter les nombreuses parties du cargo (comme l’immense salle des machines), le familiarise à la vie en mer... « Pour me détendre, je jouais à la PS5 dans la salle du personnel et, après dîner, la soirée s’éternisait avec un karaoké avec des membres d’équipage du monde entier », poursuit Enzo.

«J’ai mieux dormi qu’à l’hôtel»

Entre le Vietnam et le Canada, les seules terres qu’il aperçoit sont celles de l’Afrique du Sud. Pour la sécurité des équipages et des marchandises, un grand nombre d’armateurs préfèrent éviter le canal de Suez, théâtre d’actes de piraterie récurrents. Les cargos contournent l’Afrique au prix d’un allongement du temps de parcours d’une quinzaine de jours. Ce qui n’a pas déplu à Enzo : « Sur le deuxième cargo, j’ai commencé à trouver le temps long. Mais je saisissais toute la chance d’être là. L’occasion de vivre une telle expérience ne se présentera pas une deuxième fois. » Parmi les instants les plus mémorables, il évoque une nuit sous le spectacle de la voie lactée, loin de la pollution lumineuse.

Entre les belles rencontres et les moments d’introspection loin de la terre ferme, Enzo ne retient du positif de ses deux mois en mer. Et ce ne sont pas les deux typhons qu’il a traversés en mer de Chine qui ont joué les trouble-fêtes : « Je n’ai jamais ressenti les vagues. J’ai dormi sur mes deux oreilles, mieux qu’à l’hôtel. »

Une fois à Halifax, Enzo monte à bord du train Transcanadien pour traverser le Canada d’est en ouest de Toronto à Vancouver . De là, il gagne en stop sa destination finale, Los Angeles. Grâce aux miles recueillis auprès de ses abonnés, il retraverse de nouveau dans l’Atlantique dans l’autre sens pour regagner Marseille. Non plus sur mer, mais dans les airs.

EN VIDÉO - La première partie du récit de voyage en cargo d’Enzo Terranova

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