Selon le texte signé par des dizaines d'élus franciliens, la mise en concurrence et les conditions de travail actuelles et futures affectent gravement la qualité de service et la sécurité des usagers.

La RATP peine depuis plusieurs mois à faire circuler correctement ses autobus et métros ( AFP / LUDOVIC MARIN )
En plein bras de fer entre Etat et région sur la question des difficultés de transports en Île-de-France, plus de 250 élus de gauche franciliens interpellent la Première ministre Elisabeth Borne et demandent de reporter l'ouverture à la concurrence du réseau de transports franciliens, prévu début 2025 pour les bus. Selon les signataires, ce processus a déjà un impact sur les difficultés actuelles de la RATP.
Dans une lettre ouverte adressée lundi 2 janvier à la cheffe du gouvernement, ces élus, maires (Anne Hidalgo), élus locaux ou parlementaires (Olivier Faure, Mathilde Panot, Sandrine Rousseau, Pierre Laurent...), lui demandent de "surseoir (au) processus de privatisation pour l'ensemble des transports d'Île-de-France" en "intervenant" auprès de Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France et de son autorité régulatrice des transports, Ile-de-France Mobilités (IDFM).
Mme Pécresse a "souhaité l'ouverture au secteur privé des lignes de bus aujourd'hui exploitées par la RATP", opérateur public dont l'Etat est l'unique actionnaire, "sans consultation des usagères et usagers, ni des salariés des transports, ni des élus franciliens", estiment les signataires.
Pour ces derniers, "la mise en concurrence et les conditions de travail actuelles et futures affectent gravement la qualité de service et la sécurité des usagers", notamment parce que "les offres les 'moins-disantes'" sur le plan social "ont été privilégiées par IDFM dans les premiers lots publiés".
Confrontée à des difficultés de recrutement, un absentéisme préoccupant, des grèves et des problèmes de maintenance du matériel, la RATP peine depuis plusieurs mois à faire circuler correctement ses autobus et métros, avec pour conséquence des temps d'attente parfois très longs et des véhicules bondés.
Quels transports pour les JO?
Dans ses voeux diffusés samedi, Valérie Pécresse a promis que les pénalités "exceptionnellement fortes" que la RATP va devoir verser pour cause de service défaillant seraient reversées en compensation aux usagers.
Pour ses opposants de gauche, "le processus implacable de préparation du transfert d'une partie du personnel" vers des opérateurs privés explique "pour partie la pénurie historique de conductrices et de conducteurs" dans la région capitale.
Le calendrier défini par IDFM pour les bus "coïncide" avec l'organisation des JO, soulignent également les élus de gauche pour qui il s'agit là d'un argument supplémentaire contre un "grand saut dans le moins-disant social et dans l'inconnu organisationnel".
Deux semaines auparavant, la maire PS de Paris Anne Hidalgo avait déjà écrit à Elisabeth Borne pour lui demander le même report, et ce afin de "permettre aux Jeux olympiques et paralympiques de se tenir dans les meilleures conditions". Mais Valérie Pécresse reste "défavorable par principe au report de l'ouverture à la concurrence" qui serait "injuste pour les voyageurs: c'est se priver d'une meilleure qualité de service dans Paris. La concurrence, c'est bon pour les clients", a-t-elle rappelé dans une réaction transmise par son entourage à l'AFP. Sur le plan social, IDFM a préparé "un cahier des exigences sociales unique en Europe pour rassurer les agents et leur garantir que la concurrence ne se ferait pas au détriment de la qualité de vie au travail", rappelle aussi l'entourage de la présidente de région.
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