
French Open
par Vincent Daheron
PARIS (Reuters) -Rafael Nadal a été célébré dimanche par un vibrant et émouvant hommage sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros dont il était et restera le roi incontesté avec son record de 14 titres.
Un an après son élimination au premier tour face à l'Allemand Alexander Zverev, quand la suite de sa carrière était encore incertaine, l'Espagnol de 38 ans a pu faire ses adieux au public parisien.
Si l'hommage réalisé en novembre dernier à Malaga, au soir de sa retraite et d'une ultime défaite en Coupe Davis, avait été jugé décevant par certains observateurs, celui concocté depuis des mois par les organisateurs s'est avéré mémorable.
La cérémonie a commencé à 18h10 quand le taureau de Manacor a été appelé sur le court par la mythique présentation du speaker Marc Maury, égrenant année après année les 14 éditions de Roland-Garros qu'il a remportées.
Rafa est alors entré dans l'arène vêtu d'un costume noir et accueilli telle une légende vivante par le public du Chatrier à qui plus de 10.000 t-shirts de couleur ocre, celle de la terre battue, et siglés "Merci Rafa" avaient été distribués. Au milieu de ceux-ci, d'autres hauts blancs pour former les mots "Rafa" et "14 RG" entourés de coeurs.
Après une vidéo retraçant ses (nombreux) moments marquants à Roland-Garros, Rafael Nadal a pris le micro sous l'ovation du public.
"C'est difficile", a-t-il commencé en français. "Je ne sais pas par où commencer car après avoir joué sur ce court pendant les vingt dernières années, après avoir profité, souffert, gagné, perdu, surtout après avoir été ému chaque fois que j'ai eu la chance d'être ici."
Le vainqueur de 22 titres du Grand Chelem a ensuite poursuivi en anglais.
"Ça a été une histoire incroyable. (...) En 2005, j'ai enfin pu jouer ici pour la première fois. J'avais 18 ans et ma première expérience majeure a été ce match que j'ai joué contre mon rival d'enfance et mon ami, Richard Gasquet. Depuis ce jour, j'ai vraiment compris ce que Roland-Garros signifiait", a-t-il ajouté, vingt ans jour pour jour après son premier match sur le central lors du deuxième tour de l'édition 2005 face au Belge Xavier Malisse.
"MERCI LA FRANCE"
Il a ensuite pris la parole dans sa langue natale pour remercier sa famille, présente en nombre dans la tribune présidentielle.
Et les larmes ont alors perlé sur ses joues - comme sur celles de nombreux spectateurs - en évoquant sa femme ou son oncle et entraîneur de toujours, Toni Nadal.
Pour conclure, Rafa est revenu à la langue de Molière pour s'adresser une dernière fois au public français.
"Pour finir, merci la France, merci Paris. Vous m'avez offert des émotions et des moments que je n'aurais jamais pu imaginer. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est gratifiant de se sentir aimé, apprécié à l'endroit qui compte le plus pour soi", a-t-il dit.
"Vous m'avez offert comme fin de carrière la possibilité de recevoir la flamme olympique de la part de Zizou, vous m'avez offert une statue magnifique ici à Roland-Garros."
"Vous m'avez fait sentir comme un Français de plus. Je ne pourrais plus jouer devant vous, mais mon coeur et mes souvenirs resteront toujours liés à ce lieu magique et à ce peuple. Merci beaucoup pour ce que vous m'avez fait ressentir", a-t-il conclu.
Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray l'ont enfin rejoint pour reformer le "big four" des grandes années, eux qui totalisent 69 titres du Grand Chelem.
"Nous avons tous réalisé nos rêves", leur a confié Rafael Nadal. "Nous avons construit une rivalité mais d'une bonne manière. (...) Vous m'avez fait vivre des moments compliqués sur le court mais je les ai beaucoup appréciés. En fin de compte, le tennis n'est qu'un jeu."
Le président de la Fédération française de tennis Gilles Moretton et la directrice du tournoi Amélie Mauresmo lui ont révélé une dernière surprise : l'empreinte de son pied gravée pour l'éternité sur le court.
Un ultime tour d'honneur conclu avec son fils Rafael Junior dans les bras avant de quitter une dernière fois le court Philippe-Chatrier, 46 minutes après le début d'une cérémonie qui restera assurément l'un, si ce n'est le moment marquant de cette 124e édition.
"J'étais très, très ému. C'était parfait, honnêtement. Je ne pouvais pas espérer un jour plus émouvant", a-t-il confié près de deux heures plus tard au cours d'une conférence de presse fleuve.
"C'était inoubliable, plein d'émotions pour un gars comme moi qui n'aime pas trop ce genre de choses parce que je suis toujours un peu timide", a ajouté l'Espagnol. "J'ai un peu souffert avec les émotions mais j'ai énormément apprécié."
(Reportage de Vincent Daheron, édité par Zhifan Liu)
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