
Un juge de ligne à Roland Garros
par Vincent Daheron
Roland-Garros est le dernier bastion des juges de ligne, une espèce en voie de disparition dans le tennis professionnel qui pourrait bien forcer le Grand Chelem parisien à imiter ses trois autres compagnons en instaurant l'arbitrage électronique.
L'année 2025 marque un tournant pour la petite balle jaune puisque depuis janvier l'instance gouvernante mondiale du tennis masculin professionnel, l'ATP, a généralisé l'arbitrage électronique à l'ensemble de ces tournois.
Parmi les tournois du Grand Chelem, gérés de manière indépendante, Wimbledon adoptera l'arbitrage électronique pour la première fois lors de la prochaine édition, du 30 juin au 13 juillet, laissant Roland-Garros comme le seul Majeur avec des juges de ligne.
"C'est important pour nous", a expliqué Gilles Moretton, le président de la Fédération française de tennis (FFT), lundi, en conférence de presse. "C'est plus humain. Nous avons besoin de ces gens (...) pour promouvoir le tennis dans les petits clubs. Si nous arrêtons d'avoir ces juges de ligne, ces arbitres, ce n'est pas bon pour le tennis en France."
"Pour Roland-Garros, nous voulons garder nos juges de ligne aussi longtemps que les joueurs seront d'accord. Peut-être que nous devrons changer", a-t-il ajouté.
Si Gaël Monfils a jugé "cool d'avoir des juges de ligne parce [qu'il a] grandi avec", ou que le Tchèque Jakub Mensik considère les arbitres de Roland-Garros "super bons", nombre de leurs homologues plaident en faveur de l'arbitrage électronique à l'image de Novak Djokovic.
"Je comprends les gens qui sont plus conservateurs et qui aiment avoir des juges de ligne sur le court. Ça fait partie de notre culture et de notre tradition depuis des décennies. Mais si je devais choisir entre les deux, je suis plutôt un partisan de la technologie. C'est plus précis, plus rapide", a déclaré le Serbe aux 24 titres du Grand Chelem, lundi, en conférence de presse.
LE PRÉCÉDANT ZVEREV
Intitulée "Electronic Line Calling Live (ELC Live)", la technologie fait davantage débats sur terre battue - où les impacts de balle laissent une trace - que sur dur ou sur gazon.
Lors du Masters 1000 de Madrid, en avril, l'Allemand Alexander Zverev, furieux, avait pris en photo la marque d'une balle "faute" que la technologie n'avait pas signalée.
"Après ce qu'il s'est passé à Madrid et à Rome, le système utilisé par l'ATP, et pas encore par la WTA, ne semble pas parfait. On sait qu'il y a 10% d'erreurs possible", a précisé Gilles Moretton.
Plusieurs joueurs ou joueuses sont encore indécis à l'instar de la Biélorusse Aryna Sabalenka : "J'ai eu une situation avec un arbitre à Stuttgart et il y a eu plusieurs décisions compliquées avec le hawk-eye (arbitrage électronique) à Rome. Donc je ne sais vraiment pas ce que je préfère", a dit la numéro un mondiale, dimanche, en conférence de presse.
"Il y a également eu quelques décisions discutables avec l'électronique (...) mais je pense que la marge d'erreur est plus faible", a estimé lundi le Norvégien Casper Ruud, double finaliste à Roland-Garros en 2022 et 2023, en conférence de presse.
Contactée par Reuters, la FFT a indiqué que les juges de ligne de Roland-Garros ne prenaient pas la parole pendant le tournoi.
(Reportage de Vincent Daheron, édité par Kate Entringer)
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