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Syrie: le cessez-le-feu tient, des civils évacués de Soueida
information fournie par AFP 21/07/2025 à 19:41

Des membres de tribus bédouines évacués de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Rami al SAYED )

Des membres de tribus bédouines évacués de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Rami al SAYED )

Les autorités syriennes ont évacué lundi des familles bédouines de la ville à majorité druze de Soueida, à la faveur d'un cessez-le-feu qui a mis un terme à des affrontements intercommunautaires ayant fait plus de 1.260 morts en une semaine, selon une ONG.

Ces violences, survenues après des massacres en mars de centaines de membres de la communauté alaouite, dont est issu le président déchu Bachar al-Assad, fragilisent encore plus le pouvoir du président islamiste Ahmad al-Chareh qui s'est pourtant engagé à protéger les minorités, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.

Le cessez-le-feu annoncé samedi par les autorités est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

- "Encerclés pendant dix jours" -

La trêve était globalement respectée lundi, hormis des tirs signalés dans des localités au nord de Soueida, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP présent aux abords de Soueida a vu des civils parmi lesquels des femmes et des enfants évacués de la ville à bord de cars affrétés par les autorités et de véhicules privés.

"Nous avons été encerclés pendant dix jours", a déclaré à l'AFP Fatima Abdel Qader, une femme bédouine de 52 ans qui quittait sa localité. "On avait peur que quelqu'un vienne chez nous et nous tue", a ajouté cette mère de trois enfants.

Le gouverneur de Deraa, Anwar al-Zoabi, a déclaré que cette province voisine avait "reçu environ 200 familles bédouines" en provenance de la région de Soueida, soit un millier de personnes, selon l'agence officielle Sana.

Damas a accusé les groupes druzes d'avoir tué des Bédouins lors des affrontements. Des ONG, des témoins et des groupes druzes ont eux affirmé que les forces gouvernementales avaient pris le parti des combattants bédouins et tribaux et commis des exactions massives.

Les violences ont fait plus de 1.260 morts, selon l'OSDH, parmi lesquels 505 combattants et 298 civils druzes, dont 194 "exécutés sommairement" par les forces gouvernementales. Dans l'autre camp, 408 membres des forces gouvernementales et 35 bédouins ont été tués.

Des combattants tribaux se reposent près d'un barrage mis en place par les forces gouvernementales après leur déploiement à Busra al-Harir, dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Bakr ALkasem )

Des combattants tribaux se reposent près d'un barrage mis en place par les forces gouvernementales après leur déploiement à Busra al-Harir, dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Bakr ALkasem )

Près de 128.000 personnes ont été déplacées, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

Des barricades de sable étaient érigées lundi aux entrées ouest et sud de Soueida, selon le correspondant de l'AFP.

Derrière ces barricades, des membres des forces de sécurité circulent, alors que des combattants des tribus sunnites, équipés de mitraillettes, sont assis sous les arbres bordant la route.

Les affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des bédouins sunnites, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus venus d'autres régions syriennes pour prêter main forte aux Bédouins, selon des ONG et des témoins.

- Corps non identifiés -

Forces gouvernementales syriennes à Busra al-Harir, dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Bakr ALkasem )

Forces gouvernementales syriennes à Busra al-Harir, dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, le 21 juillet 2025 ( AFP / Bakr ALkasem )

Au principal hôpital de Soueida, où flotte une odeur de mort, des dizaines de cadavres attendaient lundi d'être identifiés pendant que des corps étaient encore collectés dans les rues et les maisons.

"Nous avons remis 361 corps à des membres de leur famille, mais nous en avons 97 autres non identifiés", a déclaré à l'AFP un responsable de la morgue.

Dimanche, un premier convoi d'aide humanitaire, chargé de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, était entré dans la ville de quelque 150.000 habitants, privée d'eau et d'électricité et où la nourriture commençait à manquer.

L'annonce du cessez-le-feu est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël, qui, disant vouloir protéger les druzes, avait bombardé les forces gouvernementales syriennes.

Des sacs renfermant les corps de victimes des récentes violences en attente de leur identification devant l'hôpital de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 20 juillet 2025  ( AFP / Shadi AL-DUBAISI )

Des sacs renfermant les corps de victimes des récentes violences en attente de leur identification devant l'hôpital de Soueida, dans le sud de la Syrie, le 20 juillet 2025 ( AFP / Shadi AL-DUBAISI )

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province, mais pas dans la ville même de Soueida, ce que refusait jusqu'alors Israël.

A Beyrouth, l'émissaire américain Tom Barrack a souligné que "le processus d'inclusion" des minorités "et de communication était primordial, tout comme la coordination" entre la Syrie et Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait notamment bombardé la semaine dernière le palais présidentiel à Damas, ainsi que des positions des forces gouvernementales à Soueida, pour les contraindre à quitter la région.

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