La suppression controversée des zones à faibles émissions (ZFE), actée mardi à l'Assemblée nationale dans le cadre d'un projet de loi de "simplification", va à l'encontre du mouvement observé dans les grandes villes d'Europe. Pas moins de 320 ZFE étaient actives en Europe en 2022, soit 40% de plus qu'en 2019, selon une étude du cercle de réflexion Transport & Environment, qui en projetait environ 500 pour fin 2025. Exemple de ZFE dans trois villes européennes, avec leurs modalités et premiers bilans.

( AFP / PHILIPPE LOPEZ )
A Milan, un référendum à l'origine
A Milan, capitale économique de l'Italie, un référendum a approuvé en 2011 l'expérimentation d'une zone à accès limité pour le centre historique.
Ce dispositif, pérennisé en 2013, prévoit le paiement d'un péage de 7,5 euros par jour pour accéder à la zone contrôlée par télé-caméras (prix réduit à 3 euros/jour pour les résidents).
L'entrée est gratuite pour les voitures électriques, hybrides, utilisant du biocarburant et les scooters. L'accès à la zone a été graduellement interdit pour les véhicules les plus polluants.
Résultats : le trafic journalier a baissé globalement de plus d'un tiers et la pollution a chuté de près de 90% pour les particules fines PM10 (entre 2010 et 2021) d'après la municipalité.
En 2019, une nouvelle zone d’exclusion bien plus vaste, couvrant 72% de la ville, a été créée pour en exclure les véhicules les plus polluants, en particulier diesel. A défaut, le contrevenant doit payer une amende variant de 163 à 658 euros.
Des chiffres diffusés en 2023 par la commune montrent une diminution modeste du trafic dans cette zone mais une montée en flèche de la proportion de véhicules propres.
Stockholm, ville pionnière
La capitale suédoise est une ville pionnière en matière de zone à faible émission: une première ZFE couvrant le centre-ville de Stockholm, a été mise en place en 1996 pour les camions et bus. Aujourd'hui seuls les poids-lourds répondant à la norme la plus propre "euro 6" y sont autorisés.
Un rapport du cercle de réflexion Institute for European Environmental Policy (IEEP), citant des chiffres de la municipalité, fait état d'une forte baisse de la pollution par particules fines à la suite de cette interdiction (-40%).
Une "zone zéro émission" devait voir le jour fin 2024 dans un quartier du centre-ville, bannissant tous véhicules thermiques, y compris hybrides. Mais cette mesure a été suspendue par une instance régionale à la suite de l'opposition d'entreprises implantées dans ce quartier huppé.
Londres, plus vaste ZFE au monde
Londres a d'abord connu un péage routier, installé en 2003, pour limiter l'accès au centre historique, et y réduire les embouteillages (15 livres sterling par jour soit 18 euros).
A cette mesure s'est superposée, en 2021, la mise en place d'une zone à faible émission pour les bus et camions dans tout le Grand Londres (ticket d'entrée de 100 à 300 livres par jour pour ces véhicules ne respectant pas une norme plancher, généralement "diesel euro 6")
La mesure a été doublée en 2023 par l'instauration dans ce même Grand Londres d'une zone à très faible émission pour les véhicules de tourisme (ticket d'entrée quotidien de 12,5 livres pour les voitures ne respectant pas la norme "euro 4" pour l'essence et "euro 6" pour les diesels).
Les contrevenants risquent une amende de 160 livres et les critiques ont été très nombreuses, au moins au début, à l'encontre du maire de Londres, Sadiq Khan.
Mais la zone qui couvre 9 millions d'habitants et une superficie de 1.500 kilomètres carrés, a vu sa qualité de l'air progresser: une étude diffusée par la municipalité de Londres a évalué à 31% la baisse des émissions de particules très fines (PM 2,5) par les véhicules en 2024 .
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