Le groupe suisse Stadler Rail a annoncé vendredi avoir saisi la justice pour contester l'attribution d'un gros contrat public à son concurrent allemand Siemens Mobility, au coeur d'une vive polémique en Suisse.
( AFP / JOHN MACDOUGALL )
Début novembre, les Chemins de fer fédéraux (CFF) avaient retenu Siemens Mobility à l'issue d'un appel d'offres pour un contrat de 2,1 milliards de francs suisses (2,2 milliards d'euros) concernant 116 trains à deux étages destinés au réseau régional de Zurich et à des lignes en Suisse romande.
Dans un communiqué publié vendredi, Stadler Rail a dit avoir procédé à "un examen approfondi" des documents disponibles et "ne toujours pas comprendre" cette décision.
La différence de prix par rapport à son offre "n'était que de 0,6%", selon ce groupe basé dans le canton de Thurgovie, au Nord-Est de la Suisse, qui a déposé un recours auprès du tribunal administratif fédéral jeudi, précise son communiqué.
"Stadler ne demande pas de protectionnisme", a insisté le groupe, qui a mis en avant la fiabilité de son propre modèle à deux étages et sa capacité à respecter les délais.
Le choix de Siemens Mobility, plutôt que de Stadler Rail qui emploie 6.000 personnes en Suisse, a déclenché de virulentes critiques aussi bien d'élus de droite que de gauche.
Le syndicat Unia avait jugé cette décision "incompréhensible", affirmant dans un communiqué que plus de "170 sous-traitants suisses auraient pu travailler le long de la chaîne de valeur" si ce contrat avait été attribué au fabricant suisse.
Dans un communiqué, les CFF ont dit "prendre acte" de ce recours tout en réaffirmant que Siemens Mobility avait "clairement soumis l'offre la plus avantageuse".
"La différence de prix mentionné par Stadler Rail concerne uniquement les coûts d'investissement", mais l'écart se chiffre en "centaines de millions de francs" en tenant compte des coûts d'exploitation sur 25 ans, selon les CFF.
Son directeur général a reçu des menaces de mort après l'annonce de ce contrat, avait révélé la semaine suivante le journal SonntagsBlick.
Face à la polémique, les CFF avaient tenu à rappeler que les offres sont adjugées de manière "transparente, équitable et concurrentielle" en veillant à ne pas gaspiller "l'argent des contribuables".
Sur 14 milliards de francs investis dans du nouveau matériel roulant durant les 25 dernières années, 72% ont été commandés à Stadler Rail, 21% à Bombardier/Alstom et 7% à Siemens, avaient également souligné les CFF.
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