Visite d'État en Irlande du président ukrainien Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien Volodimir Zelensky rencontre lundi à Londres le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz, alors que Washington accentue la pression sur l'Ukraine en vue d'un accord de paix avec la Russie.
Le dirigeant ukrainien doit ensuite se rendre dans la journée à Bruxelles où il s'entretiendra avec le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa.
A Kyiv comme chez ses alliés européens, l'inquiétude grandit quant à la possibilité que les Etats-Unis contraignent l'Ukraine à accepter une résolution du conflit à des conditions favorables à Moscou.
"Nous entamons une nouvelle semaine diplomatique – des consultations auront lieu avec les dirigeants européens", a déclaré Volodimir Zelensky dans un message vidéo diffusé dimanche soir, enregistré depuis un train.
"Les questions de sécurité, le soutien à notre résilience et les plans de soutien à notre défense seront nos priorités absolues. La défense aérienne et le financement à long terme de l'Ukraine seront également prioritaires. Bien entendu, nous discuterons d'une vision commune et de positions partagées dans les négociations."
L'Ukraine traverse actuellement l'une des phases les plus difficiles de ce conflit qui dure depuis près de quatre ans.
Sur le terrain, les troupes russes progressent lentement dans l'est du pays tandis que Moscou intensifie ses frappes sur les infrastructures électriques ukrainiennes, provoquant d'importants coupures de courant à l'approche de l'hiver.
Volodimir Zelensky a par ailleurs vu sa position affaiblie par un scandale de corruption qui a conduit à la démission de son directeur de cabinet, Andriy Yermak.
Le mois dernier, Washington a proposé un plan de cessez-le-feu reprenant un certain nombre des exigences russes et Kyiv et ses alliés européens tentent depuis lors d'amender les conditions de cet accord de paix.
L'envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, et le gendre du président américain, Jared Kushner, ont présenté un plan révisé à Moscou la semaine dernière, puis ont discuté durant plusieurs jours avec des responsables ukrainiens à Miami. Ces discussions se sont terminées samedi sans avancée significative.
Dans un entretien téléphonique lundi avec l'agence Bloomberg, Volodimir Zelensky a fait savoir que des dissensions persistaient sur les concessions territoriales demandées dans le projet d'accord de paix.
"Les États-Unis, la Russie et l'Ukraine ont des visions différentes, et nous n'avons pas de position commune sur le Donbass", a déclaré le dirigeant ukrainien.
La Russie contrôle la totalité de la région de Louhansk et 80% de celle de Donetsk - les deux régions qui constituent le Donbass -, en bonne partie depuis sa première invasion en 2014 sous couvert de soutien à des forces "séparatistes", et elle s'emploie depuis bientôt quatre ans à conquérir les territoires manquants.
L'Ukraine rejette de son côté l'idée même de céder à Moscou des territoires, a fortiori ceux que les forces russes n'ont pas réussi à conquérir, le président Volodimir Zelensky soulignant que la Russie ne devrait pas être récompensée pour une guerre qu'elle a déclenchée.
Mais Kyiv subit la pression de Donald Trump qui s'est dit dimanche "déçu" par Volodimir Zelensky qui, selon lui, n'a pas pris connaissance du dernier projet d'accord de paix.
Volodimir Zelensky devait être informé lundi de la teneur des échanges de son équipe avec les responsables américains et prendre connaissance de documents relatifs au plan de paix, a fait savoir le négociateur principal de Kyiv, Roustem Oumerov.
"La priorité de l'équipe ukrainienne était d'obtenir de la partie américaine des informations complètes sur leurs discussions à Moscou et tous les projets de propositions en cours afin de les examiner en détail avec le président ukrainien", a précisé le secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale d'Ukraine.
Les responsables américains ont affirmé être dans la phase finale des pourparlers mais rien n'indique pour l'heure que l'Ukraine ou la Russie soient disposées à signer l'accord défendu par Donald Trump.
(Reportage Olena Harmash à Kyiv et Anna Pruchnicka à Gdansk; version française Blandine Hénault, édité par Sophie Louet et Augustin Turpin)

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