
Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (au centre) arrive à son procès pour chantage à la sextape, le 22 septembre 2025 au tribunal correctionnel de Lyon ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
Les avocats des victimes ont appelé lundi le tribunal à ne faire preuve d'"aucune indulgence" envers le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, accusé d'avoir orchestré un chantage à la sextape pour museler un rival, ce qu'il nie vivement.
L'élu de 53 ans, exclu du parti Les Républicains, est jugé depuis une semaine devant le tribunal correctionnel de Lyon avec trois de ses anciens collaborateurs qui, eux, reconnaissent avoir piégé l'ex-premier adjoint Gilles Artigues en le filmant à son insu avec un prostitué.
"Ces gens-là sont des malfaiteurs, des maîtres-chanteurs, des voleurs et des menteurs", a plaidé Me André Buffard, qui représente Gilles Artigues et sa famille. "Et le plus grand menteur, c'est Gaël Perdriau", a-t-il plaidé.
"On a quatre beaux specimen de barboteurs en eau trouble" mais "Gaël Perdriau est le seul qui s'arc-boute encore", a renchéri sa consoeure Florence Vincent.
Prenant la parole avant le réquisitoire de la procureure, attendu dans l'après-midi, les deux avocats ont dénoncé les "rideaux de fumée" agités à la barre par le maire qui cherche à se dépeindre, selon eux, comme la victime de complots "politico-médiatiques".
"Dans l'ambiance actuelle, s'il est condamné (...) ce sera le complot des juges", a craint Me Vincent, en référence aux critiques formulées par l'entourage de Nicolas Sarkozy après sa condamnation dans le dossier libyen. "C'est insupportable de mettre en doute la justice", a ajouté Me Buffard.
Accroché à son fauteuil de maire depuis que le scandale a éclaté dans Mediapart en 2022, Gaël Perdriau, qui a régulièrement dénoncé une enquête "à charge", a indiqué vendredi, pour la première fois, qu'il démissionnerait s'il était condamné, même en cas d'appel.
Dans l'hypothèse d'une relaxe, il n'a pas exclu de briguer un nouveau mandat, même si ses chances de victoire sont sans doute amoindries par le grand déballage auquel se sont livrés les protagonistes de cette affaire pendant cinq jours.
- "Marionnette" -
A la barre, Pierre Gauttieri, qui fut pendant dix ans son directeur de cabinet, a assuré que dès son élection en 2014, Gaël Perdriau lui avait demandé de trouver "une solution pour tenir en respect Gilles Artigues" dont il doutait de la loyauté.

Pierre Gauttieri, ancien directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, arrive au procès de celui-ci pour chantage à la sextape, le 22 septembre 2025 au tribunal correctionnel de Lyon ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
L'idée de piéger ce catholique opposé au mariage homosexuel avec un escort-boy a germé lors d'échanges avec l'ambitieux adjoint à l'Education Samy Kefi-Jérôme, et le conjoint de ce dernier Gilles Rossary-Lenglet.
Selon Pierre Gauttieri, le maire a donné son feu vert au complot, tout en s'engageant à prendre en charge son volet financier, en faisant voter deux subventions de 20.000 euros chacune à des associations stéphanoises qui les ont reversées à Gilles Rossary-Lenglet.
"C'est totalement faux, ça s'est fait sans moi", s'est étranglé Gaël Perdriau lors de son interrogatoire. Mais le procès Sarkozy a montré qu'"un directeur de cabinet ne peut rien faire sans l'aval de son ministre ou de son maire", a souligné Me Buffard lundi.
La défense du maire est également fragilisée par un échange avec Gilles Artigues en 2017, enregistré à son insu. On l'entend expliquer à son rival qu'il détient une "clé USB" avec des images compromettantes et menacer de les diffuser "en petits cercles".
Tout au long du procès, le maire a martelé ne pas avoir brimé son premier adjoint et n'avoir jamais rien exigé de lui, les fameuses "contreparties" qui juridiquement sont nécessaires pour qualifier un chantage.

L'ancien premier adjoint de la mairie de Saint-Etienne Gilles Artigues arrive au procès du maire de la ville, Gaël Perdriau, qui est accusé de chantage à la sextape contre lui, le 22 septembre 2025 au tribunal correctionnel de Lyon ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
Mais Gilles Artigues, très meurtri, a juré vendredi que le maire avait bien évoqué la vidéo à plusieurs reprises pour le contraindre à taire ses différences.
"J'étais devenu une marionnette", a-t-il dit, en regrettant que son "cauchemar" se soit prolongé jusqu'à la salle d'audience où il a essuyé de nombreuses attaques, parfois sous la ceinture.
Le maire, jugé pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics, encourt dix ans de prison et une peine d'inéligibilité. Ses avocats auront la parole mardi et la décision sera probablement mise en délibéré.
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