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SERIE 2/2 : Cryptos, Bitcoin… bulle dangereuse ou affaire en or ?
information fournie par DT Expert 08/04/2021 à 15:06

Nombreux sont les avantages de la cryptomonnaie reine du secteur, en revanche, un inconvénient subsiste. Dans un contexte où les enjeux énergétiques et climatiques sont croissants, la consommation d'énergie nécessaire pour le fonctionnement du bitcoin pose problème. Par ailleurs, Ray Dallio, investisseur milliardaire, fondateur de Bridgewater Associates, pense que le gouvernement américain a de fortes chances d'interdire le bitcoin du fait de son succès en dépit d'une crise financière mondiale où les investisseurs recherchent des alternatives aux autres classes d'actifs.

Critiques

Un mouvement d'avis négatifs venus des prix Nobel d'économie est apparu au cours de la fin de l'année 2017. Le français Jean Tirole, prix Nobel d'économie en 2014, décrit la cryptomonnaie comme « une bulle qui n'a aucune valeur ». Il rejoint Paul Krugman, Joseph Stiglitz ou même Robert Schiller (respectivement Nobel d'économie en 2008, 2001 et 2013), qui partagent un avis très négatif sur le sujet, dans la mesure où le Bitcoin, à leurs yeux, ne répond en aucun point aux caractéristiques d'une monnaie, mais plutôt à celles d'un actif spéculatif comme ont pu l'être les tulipes au cours de la crise de la Tulipomania de 1637.

Un des arguments les plus avancés par les détracteurs de la monnaie virtuelle est qu'elle n'est basée sur rien de physique, uniquement sur une technologie. Mais lorsque l'on regarde les grandes entreprises qui se sont développées ces dernières années, cet argument peut être contredit : en effet, AirBnB est le leader mondial du service hôtelier, sans posséder de parc immobilier ; Amazon est le leader mondial de la vente mais ne possède aucun stock ; Facebook est le média le plus puissant sur la planète, sans même produire de contenu ; et pour finir, Uber est la plus grande compagnie de VTC, mais ne possède aucun véhicule.

Cependant du côté de certains institutionnels, le propos est plus mesuré. Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs se dit intéressé par la technologie Blockchain sans y voir un intérêt pour le moment. Seulement trois mois après cette déclaration, Goldman ouvre un desk de trading de cryptomonnaies. En octobre 2017, Christine Lagarde, alors directrice du FMI, a déclaré que « ces monnaies virtuelles pourraient très bien devenir plus stables et sécurisées que les monnaies traditionnelles ».

Inconvénient énergétique

Nombreux sont les avantages de la cryptomonnaie reine du secteur, en revanche, un inconvénient subsiste. Dans un contexte où les enjeux énergétiques et climatiques sont croissants, la consommation d'énergie nécessaire pour le fonctionnement du Bitcoin pose problème.

En effet, afin que les transactions soient validées et inscrites dans la blockchain, des calculs mathématiques complexes doivent être réalisés par des “mineurs” (des ordinateurs) très demandeurs en énergie. Un rapport de Bank of America estime que le Bitcoin consomme 0,4% de l'électricité mondiale, soit autant que les Pays-Bas et émet 60 millions de tonnes de CO₂. Ceci est expliqué par le fait que 75% des unités de minage sont situées en Chine où le modèle de production d'électricité sont les centrales à charbon.

Cependant, selon des dirigeants de structures spécialisées dans le minage du Bitcoin, ce modèle peut évoluer. De plus en plus d'unités de minages sont basées à proximité de grands barrages comme c'est le cas dans la région du Sichuan en Chine afin de profiter du surplus de production issu des centrales hydroélectriques. Une autre solution abordée par Sébastien Gouspillou, cofondateur de Bigblock Datacenter, est de construire des unités de minage mobiles. Ainsi, ces dernières pourraient être déplacées afin de profiter des différentes opportunités car, comme le rappelle le dirigeant, “aucune centrale n'a été construite spécialement pour faire tourner le réseau : les mines captent de l'électricité gâchée”.

Évolution du Bitcoin

Au cours des premières années, l'intérêt porté par les populations n'est pas immédiat, et on associe surtout le bitcoin au Darknet. C'est durant la crise de 2013 que cette monnaie voit son cours décoller, porté par un intérêt bien réel d'un pays en crise : Chypre. Le 28 mars 2013, le bitcoin voit son cours progresser de 40 à 72 dollars dans la même journée, et cela à la suite d'une décision de l'État chypriote de verrouiller toutes les transactions financières ayant pour but la fuite des capitaux. Des distributeurs de bitcoins en physique sont installés dans certains points de vente afin de permettre à la population de contourner la directive de l'État.

Le 02 octobre 2013, un véritable tournant a lieu. Le début de la progression constante que l'on a connu de 2013 à 2017 du cours du bitcoin est dû en partie à la fermeture du site clandestin, Silk Road, utilisant le Darknet. Cette nouvelle rassure les investisseurs et le 28 novembre de la même année, le cours dépasse pour la première fois les 1.000 dollars et le cap des 100.000 transactions dans une journée. Quelques jours après cette nouvelle, les instances gouvernementales des grands pays à travers le monde publient des communiqués avertissant leurs populations des risques en capital que comporte un tel investissement. De 2014 à 2016, les institutions publiques continuent d'être pessimistes à son encontre, ralentissant alors la croissance de l'actif.

La volatilité attire les spéculateurs et les pertes sont considérables pour certains porteurs. Il faudra attendre le début de l'année 2016 pour revoir le bitcoin aux alentours de 1.000 dollars, trois ans après le pic connu fin 2013. De l'automne à fin 2017, le cours s'envole littéralement et l'intérêt porté par le grand public ainsi que par les institutions financières devient grandissant. Ce qui entraine aussi l'intérêt des hackers, rendant plusieurs plateformes d'échange de cryptomonnaies victimes de vols. Pour ne citer que le plus important hold-up, Bitfinex une plateforme d'échange, est victime d'un vol de 119.756 bitcoins en juillet 2016.

Le premier grand pic de la valeur d'un bitcoin a lieu le 17 décembre 2017 et s'élève à 19.870 dollars. Cinq jours plus tard, le cours redescend à 12.000 dollars à la suite de l'annonce de l'encadrement accru des échanges en Corée du Sud (plus grosse place d'échange à l'époque).

Par la suite le Bitcoin va connaitre des hauts et des bas, évoluant entre 2018 et 2020 entre 3.000 et 12.000 dollars. Cette volatilité importante résulte des différentes évolutions de régulation que tentent de mettre en place les institutions internationales et supranationales, mais aussi de l'arrivée de nouvelles blockchains ou de nouveaux entrants sur ce marché tel que Facebook par exemple.

Facebook lance sa propre cryptomonnaie

Au printemps 2018, Marc Zuckerberg le PDG de Facebook, annonce la création d'une division dédiée à la technologie blockchain dans le but de créer un « Facebook Coin » permettant l'accès simple à une monnaie stable dans les pays émergents où la majorité des habitants ne disposent pas de compte en banque ainsi que de faciliter et développer les paiements et faciliter les achats en ligne via ses messageries instantanées (Messenger et WhatsApp). A noter, Messenger dispose déjà d'une fonction paiement depuis 2015, mais le service rencontre des désagréments liés au système bancaire. Les fonds peuvent en effet mettre jusqu'à cinq jours pour arriver sur un compte et plusieurs intermédiaires rentrent en jeu. Ainsi, la cryptomonnaie de Facebook rendrait le processus instantané et permettrait de remplacer les prestataires bancaires.

Le projet est officiellement lancé en juin 2019 sous le nom de « Libra ».  Les échanges passeront par la technologie Blockchain, avec un réseau privé, mais le Libra est un « stablecoin », c'est-à-dire qu'il sera adossé à un panier de devises traditionnelles. De cette façon, Facebook garantie que sa crypto-devise ne sera pas soumise à une volatilité importante dans la mesure où il revendique avoir les moyens financiers de garantir la valeur de sa monnaie virtuelle avec des devises détenues sur ses comptes bancaires.

28 partenaires sont associés au projet, dont notamment des acteurs du secteur du paiement et des transactions sur Internet tels que Mastercard, Visa, Paypal, Coinbase, mais aussi Uber, Spotify, ou le français Iliad (maison-mère de l'opérateur Free). A son lancement, chacune des 28 entreprises a choisi d'apporter au moins 10 millions de dollars pour faire son entrée dans la fondation suisse Libra Networks, enregistrée en mai 2019 à Genève et ayant pour actionnaire Facebook Global Holdings.

libra networks

libra networks

Depuis que le consortium créé pour organiser le lancement de Libra a dévoilé les tenants et aboutissants du projet, les levées de boucliers se multiplient autour du monde. Bruno Le Maire, le Trésor et le Congrès américains, la Banque de France, la Commission européenne... les grandes institutions de ce monde ne semblent pas prêtes à accepter qu'un géant comme Facebook touchant 2,3 milliards de consommateurs puisse jouir de sa propre monnaie.

Aussi, si plusieurs acteurs économiques puissants comme Google, Amazon, ou Apple venaient à créer leurs propres cryptomonnaies, on pourrait entrer dans une forme de guerre concurrentielle entre les émetteurs de devises et les devises elles-mêmes, ce qui serait probablement fort de conséquence pour les banques centrales et le système monétaire, et totalement contreproductif.

Néanmoins, Facebook se veut rassurant et a travaillé en collaboration avec les régulateurs afin d'adapter le protocole Libra aux différents risques monétaires que son lancement pourrait entrainer. Ces ajustements ont permis au géant américain de faire avancer son projet. L'association à but non lucratif Libra, établie en Suisse, qui a vocation à gérer le réseau de paiement, a annoncé le 16 avril 2020, le dépôt d'une demande de licence de système de paiement auprès de la Finma (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers en Suisse). Son objectif est de lancer sa monnaie numérique au début de l'année 2021.

En septembre 2020, la Finma considère que Libra, par son protocole stablecoins, peut recevoir une licence de système de paiement dans le cadre de l'adossement sur des devises. Néanmoins, elle estime que les futurs services prévus par ce projet « iraient clairement au-delà de ceux d'un système de paiement pur, et seraient donc soumis à des exigences supplémentaires ». En d'autres termes, la Finma estime que le développement de ce projet pourrait conduire Libra à adosser sa monnaie sur d'autres classes d'actifs (matières premières, immobilier…) et donc que des instances réglementaires supplémentaires devront être consultées afin d'avoir un agrément.

Pour éviter le chemin de croix réglementaire, l'Association Libra a annoncé le 1er décembre 2020 que le projet était rebaptisé pour devenir Diem (« jour » en latin). Un changement de nom qui s'accompagnerait d'un repositionnement moins ambitieux du projet. L'objectif n'est plus de créer une monnaie mondiale, mais un système de paiement mondial et l'infrastructure financière qui le sous-tend.

Tesla admirateur du Bitcoin

Elon Musk joue de son influence pour faire évoluer le cours du Bitcoin. Désormais, à chaque fois que le patron de Tesla mentionne une entreprise ou une cryptomonnaie sur son compte Twitter, le cours s'envole. L'achat de voitures électriques est désormais possible en Bitcoin aux Etats-Unis. Pour le reste du monde, il faudra attendre un peu avant de pouvoir faire la même chose. Une Tesla Model S long Range coûterait 1,42 BTC et la Model S Plaid 2,04 BTC.

Tesla admirateur du bitcoin

Tesla admirateur du bitcoin

Début février 2021, Tesla a annoncé la conversion de sa trésorerie en Bitcoin pour 1.5 milliards de dollars. Dès l'annonce de l'investissement de 10% de sa trésorerie, le cours du Bitcoin s'est envolé de 10% en seulement quelques minutes atteignant 60.000$.  Elon Musk a même rajouté le hashtag Bitcoin dans la description de son compte Twitter. La volatilité du BTC va rendre le bénéfice plus volatile et pourrait rendre la performance de Tesla moins prévisible.

Une autre entreprise, MicroStrategy a investi sa trésorerie dans le Bitcoin pour plus d'un milliard de dollars. Cet éditeur de logiciels informatiques est désormais fortement corrélé au Bitcoin. L'entreprise a acheté 71.039 BTC, soit l'équivalent de 37% de sa trésorerie dans le but de se protéger contre la baisse du dollar. Le cours de bourse de la société a progressé de 700% en 6 mois, une performance comparable à celle des cryptomonnaies.

Une année marquée par le retour du Bitcoin

Bien que le Bitcoin reste encore très fortement concentré et possédé par quelques agents seulement (0,5% des adresses détiennent 85% de la richesse en BTC), il n'en demeure pas moins que sa démocratisation s'intensifie. PayPal a d'ailleurs annoncé début novembre qu'il allait ajouter les échanges de cryptomonnaies sur sa plateforme (intégrant Bitcoin, Ethereum, litecoin et Bitcoin Cash).

L'année 2020 semble être une année majeure pour les crypto-devises, et particulièrement pour le Bitcoin qui enregistre une progression de 165% depuis le 1er janvier, passant de 6.942 à 18.458 dollars, et enregistrant un nouveau record à 19.914 dollars le 1er décembre 2020. Le plus intéressant dans cette progression est qu'elle n'est pas comparable à la flambée spéculative qui avait eu lieu en 2017 où le Bitcoin avant flirté avec les 20.000 dollars après une hausse de 1.400% ! La différence étant que son prix s'installe de façon structurelle au-dessus des 10.000 dollars et que la volatilité est plus faible qu'à l'époque. L'actif devient plus stable et intéresse donc plus les hautes sphères de la finance.

On présente souvent le Bitcoin soit comme une monnaie, soit comme une part d'une sorte d'entreprise technologique, soit comme une réserve de valeur (de « l'or 2.0 »). Bien qu'on puisse comprendre que c'est un peu des trois à la fois, c'est la troisième narrative qui a clairement pris le pas en 2020. On peut particulièrement le voir dans la gestion d'actifs où les gérants proposent de plus en plus de crypto-actifs à leurs clients dans un soucis « d'hyper diversification ».

On ajoutera aussi que derrière cette puissante hausse se cache la perte de valeur des monnaies « fiat », qui pousse à investir dans le bitcoin comme réserve de valeur. Ceci est dû à l'explosion du bilan des banques centrales qui résulte en une perte de confiance de certains investisseurs envers les monnaies traditionnelles et décuple l'attrait pour le bitcoin car son agrégat monétaire n'est pas conçu pour s'adapter à la production de richesse. On pourrait alors le considérer comme un actif déflationniste.

Comme un symbole de ce changement de perception, plusieurs grandes banques, à commencer par JP Morgan, Deutsche Bank ou Citibank, incitent désormais leurs clients à acquérir des bitcoins, après avoir traité la cryptomonnaie avec un certain dédain. Certains analystes affichent même des objectifs de prix particulièrement « bullish » comme Tom Fitzpatrick de Citibank qui jugeait dans une note publiée en novembre que le cours du bitcoin pourrait atteindre 318.000 dollars dès 2021.

Réalisé par Louis-Paul Desvignes & Thomas Machenaud avec l'aide de Marc Dagher

Article initialement publié sur DT Expert

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