Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Saipol, filiale du groupe Avril, jugée à Dieppe pour une explosion mortelle
information fournie par Boursorama avec AFP 04/03/2025 à 19:57

Le site de Saipol à Grand-Couronne, le 13 mars 2020. ( AFP / LOU BENOIST )

Le site de Saipol à Grand-Couronne, le 13 mars 2020. ( AFP / LOU BENOIST )

De lourdes amendes ont été requises mardi contre deux sociétés jugées à Dieppe (Seine-Maritime) pour l'homicide involontaire de deux salariés, tués en 2018 à la suite d'une explosion dans l'usine Saipol, filiale du groupe Avril qui y produisait de l'huile de colza.

Le 17 février 2018, une violente explosion était survenue dans l'usine, provoquant un incendie "majeur".

Les corps calcinés des deux employés de la Société normande d'assainissement et de dépollution (SNAD), âgés de 25 et 44 ans, avaient été découverts une fois l'incendie maîtrisé.

Ils intervenaient sur le site avec deux de leurs collègues dans le cadre d'une opération de maintenance d'urgence pour débloquer un extracteur de graines, "gêné par un amas de détritus".

Des prélèvements ont révélé la présence d'hexane dans l'usine, un solvant liquide très inflammable utilisé dans le processus d'extraction.

La représentante du ministère public, Diane Arbus, a estimé que les faits d'homicide volontaire par personne morale "sont caractérisés", relevant "de multiples manquements comme étant à l'origine du décès des deux victimes".

Elle a requis une "amende délictuelle" de 200.000 euros contre la société Saipol et 150.000 contre la SNAD qui employait les victimes. Le montant maximal de l'amende prévue dans un tel cas est de 225.000 euros.

Alors que les explosimètres dont ils étaient équipés "ont sonné, les salariés n'ont pas été évacués", a-t-elle notamment dénoncé, estimant que "l'analyse des risques n'était pas adaptée" et que "l'autorisation de pénétrer dans l'extracteur n'aurait pas dû être donnée."

"Nous voulons assumer nos responsabilités pénales", a assuré le président de Saipol, Emmanuel Manichon, présent à l'audience.

"Les explosimètres ont sonné et ont été shuntés", a-t-il reconnu. "Nous aurions dû faire preuve de vigilance, faire appel à des experts avant l'issue fatale".

Saipol est une filiale du groupe Avril, géant français des huiles et producteur d'agrocarburant, dirigé par le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

Le gérant de la SNAD, Arnaud Pierre, a quant à lui affirmé que "Saipol Dieppe était une usine vétuste, dans un piteux état. Le système électrique était défectueux." "Si j'avais su, je n'aurais jamais envoyé d'équipe", a-t-il assuré à la barre.

L'intervention de la SNAD s'est faite "dans l'urgence", selon l'inspection du travail, sans "visite préalable" qui s'avérait nécessaire.

Parmi les parties civiles au procès se trouvent les familles des victimes et diverses organisations syndicales parmi lesquelles la CFDT, le syndicat national de la chimie et la CGT.

Ces parties civiles ont demandé au tribunal la requalification des faits avec une "violation délibérée d'une obligation particulière de sécurité, une circonstance aggravante, mais la procureure Diane Arbus a estimé que "cela ne ressort pas du dossier".

Le procès s'achèvera mercredi après les plaidoiries de la défense.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi