L'ancien ministre de l'Economie est sorti de son silence médiatique à l'occasion d'une interview où il déplore les effets du renouvellement de l'Assemblée nationale précipité par la décision d'Emmanuel Macron. L'inertie de l'UE, menée par une Commission qui se contente de produire des rapports", en prend aussi pour son grade.

Bruno Le Maire, le 22 septembre 2024, à Paris ( AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT )
"La dissolution a coupé net tous nos efforts !". Un an après son départ de Bercy, Bruno Le Maire a repris la parole dans un entretien accordé à l'Usine Nouvelle , où il s'en prend notamment à une décision présidentielle qui a stoppé la dynamique d'un exécutif qui avait selon lui, jusqu'alors obtenu, des résultats "modestes mais réels".
Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée au soir des élections européennes de 2024, "la baisse des impôts de production a été stoppée, la loi sur la simplification est au point mort, les incertitudes politiques minent la confiance des investisseurs. Résultat: les défaillances repartent à la hausse et on détruit à nouveau des emplois industriels. Quel saccage !" , dénonce Bruno Le Maire, dans une interview publiée lundi 22 septembre.
L'ex-patron de Bercy fait valoir les efforts entrepris pendant son septennat aux commandes du ministère de l'Economie et des finances : "En sept ans, nous avons obtenu des résultats modestes mais réels, avec 650 usines ouvertes, une nouvelle filière dans les batteries électriques, une en gestation avec l'hydrogène vert, la relance des formations d'ingénieurs, la relance du nucléaire..", énumère t-il. Quant à la question de la dette, "début 2024, nous avions commencé à prendre toutes les décisions nécessaires pour rétablir les comptes publics. Nous avions décidé 30 milliards d'euros d'économie en six mois, soit davantage que ce qui risque d'être prévu pour la totalité du budget 2026".
"La technocratie bruxelloise tue l'industrie européenne"
Outre les remous politiques à l'échelle nationale, le carcan réglementaire de l'UE est aussi dans le viseur de l'ancien ministre. "La technocratie bruxelloise tue l'industrie européenne", accuse ainsi Bruno Le Maire. "La Commission européenne se contente de produire des rapports. Nous sommes dirigés par une bande de technocrates qui ne mesure pas la vitesse avec laquelle le monde se transforme" , abonde t-il, citant l'exemple du rapport Draghi sur la compétitivité européenne publié il y a un an, et sur laquel "aucune décision sérieuse n'a été prise" depuis.
Désormais conseiller du géant des semi-conducteurs ASML, Bruno Le Maire plaide pour une Europe scientifique. "L’Europe doit se projeter comme un grand continent de science et d'innovation, qui prend des risques, qui innove. Pas le continent de la règle et de la normativité. Nous devons aussi nous imaginer comme un continent de production et pas comme un continent de consommateurs", a t-il encore ajouté.
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