
Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, réagit à l'annonce du Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaissant officiellement l'Etat de Palestine, le 21 septembre 2025 à Londres ( AFP / JUSTIN TALLIS )
Le Royaume-Uni, l'Australie le Canada et le Portugal ont officiellement reconnu dimanche l'Etat de Palestine, à la veille d'annonces similaires d'autres pays - dont la France - et avant l'Assemblée générale de l'ONU, une décision historique mais surtout symbolique fustigée par Israël qui menace d'étendre la colonisation en Cisjordanie occupée.
Cette reconnaissance, de la part notamment d'alliés historiques d'Israël, intervient alors que l'armée israélienne a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023.
Israël voit la pression internationale s'accentuer face à la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien assiégé.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision par la volonté de "raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats", dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.
Le Premier ministre canadien Mark Carney a avancé le même argument, affirmant dans un communiqué l'inscrire "dans le cadre d'un effort international concerté visant à préserver la possibilité d'une solution à deux Etats".
En Australie, le chef du gouvernement, Anthony Albanese, a fait valoir "les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre".
Leur emboitant le pas, le ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Rangel a expliqué que "reconnaître l'Etat de Palestine est (...) l'accomplissement d'une politique fondamentale, cohérente et largement acceptée", ajoutant que la solution à deux Etats est "la seule voie vers une paix juste et durable".
- "Danger" -

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, le 18 septembre 2025 à Aylesbury, dans le centre de l'Angleterre ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
Un nombre croissant d'autres Etats, longtemps proches d'Israël, ont déjà franchi ce pas symbolique ces derniers mois, et ce malgré les fortes pressions des Etats-Unis et d'Israël.
Lors d'un sommet lundi coprésidé par la France et l'Arabie saoudite - qui doit se pencher sur l'avenir de la solution à deux Etats à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU -, une dizaine de pays doivent confirmer leur reconnaissance formelle de l'Etat palestinien.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui affirmé dimanche vouloir étendre la colonisation en Cisjordanie occupée et martelé qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien. "Cela n'arrivera pas. Aucun Etat palestinien ne verra le jour à l'ouest du Jourdain", a-t-il dit dans une vidéo diffusée par son bureau.
Le président israélien Isaac Herzog a évoqué un "jour triste pour ceux qui recherchent la vraie paix": "Cela n'aidera aucun Palestinien, cela ne libérera aucun otage, et cela ne nous aidera pas à parvenir à un accord entre Israéliens et Palestiniens. Cela ne fera que renforcer les forces des ténèbres", selon un communiqué.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 15 septembre 2025 à Jérusalem ( POOL / DEBBIE HILL )
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lui proposé de répondre par l'annexion "immédiate" de la Cisjordanie.
- "Victoire" -
A l'inverse, le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé que la décision britannique est "un pas important et nécessaire vers la concrétisation d'une paix juste et durable".
Un haut responsable du Hamas, Mahmoud Mardawi, a jugé auprès de l'AFP qu'elle était une "victoire pour les droits du peuple palestinien".
Face aux accusations du gouvernement, israélien Keir Starmer a répété que sa décision n'était "pas une récompense envers le Hamas" qui "ne peut avoir aucun avenir, aucun rôle" à l'avenir en Palestine.
Londres prendra de nouvelles sanctions contre le mouvement islamiste "dans les prochaines semaines", a-t-il dit, réitérant son appel pour la libération des otages israéliens détenus par le Hamas et pour un cessez-le-feu.
Le président français Emmanuel Macron a lui précisé, dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine CBS, que Paris posait comme "condition claire" à l'ouverture d'une ambassade en Palestine la libération des otages israéliens détenus à Gaza par le Hamas.
- Divergences avec les Etats-Unis -
Avec cette annonce, ces pays accentuent encore un peu plus leurs divergences avec l'administration américaine sur le conflit au Moyen Orient.
Les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont critiqué l'initiative franco-saoudienne.
En visite d'Etat cette semaine au Royaume-Uni, le président américain Donald Trump a affirmé son désaccord avec le choix britannique.

Bombardements israéliens sur la bande de Gaza, le 19 septembre 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
Les trois quarts environ des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Cette vaste offensive diplomatique intervient alors qu'Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas.
Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.
L'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65.062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
A Paris, les drapeaux palestinien et israélien, reliés par le dessin d'une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier, ont été projetés dimanche soir sur la tour Eiffel.
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