par John Irish
Une trentaine de dirigeants participent jeudi à des discussions avec le président ukrainien Volodimir Zelensky à propos des garanties sécuritaires qui seront apportées à Kyiv en cas de cessez-le-feu avec la Russie, en espérant convaincre définitivement les Etats-Unis de soutenir ces démarches.
Cette réunion de la "coalition des volontaires", qui se tient à la fois en visioconférence et en présentiel à Paris, va rassembler nombre de dirigeants européens mais aussi les dirigeants turc, australien et canadien.
La question des garanties sécuritaires fait l'objet de discussions depuis plusieurs mois, à différents niveaux de décision, entre les alliés de Kyiv, qui étudient les contributions militaires à apporter à l'Ukraine pour dissuader la Russie de mener de quelconques attaques en cas de trêve.
Mais ces démarches piétinent, alors que les Européens ont fait le constat que tout rôle militaire sur le terrain nécessiterait que Washington les assure de son soutien. Le président américain Donald Trump n'a effectué aucun engagement concret en ce sens.
S'exprimant au côté de Volodimir Zelensky mercredi à Paris, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la coalition des volontaires approuverait jeudi des projets de garanties sécuritaires mis sur pied par les chefs d'état-major.
Des plans "techniques" détaillés ont été finalisés, ont dit deux représentants européens, sans donner de précisions sur ce que cela signifiait.
"Nous sommes prêts, nous Européens, à fournir des garanties sécuritaires à l'Ukraine. (Le travail de préparation) nous permet de manière solide de dire que nous sommes prêts à une paix robuste, durable pour l'Ukraine et pour les Européens", a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant toutefois que "la question, maintenant, c'est de savoir la sincérité de la Russie".
CLARTÉ
L'objectif est d'envoyer jeudi un signal politique à Donald Trump, ont fait savoir les deux représentants européens. Cela mettrait en exergue l'absence d'avancée vers la tenue de négociations directes entre Volodimir Zelensky et Vladimir Poutine à la suite du sommet bilatéral organisé le 15 août en Alaska entre le président russe et Donald Trump, qui pourrait être incité à accentuer désormais la pression sur Moscou.
Une note de synthèse transmise aux participants à la réunion de jeudi, que Reuters a pu consulter, indique que les chefs d'état-major français et britannique vont effectuer un compte-rendu auprès des dirigeants à la suite des discussions détaillées qu'ils ont menées la semaine dernière avec leurs homologues des pays membres de la coalition des volontaires.
Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, a dit s'attendre sous peu à de la clarté à propos de ce qui pourrait être mis en oeuvre. "Cela signifiera que nous pourrons dialoguer encore plus intensément, également avec le camp américain, pour voir ce qu'ils entendent fournir, s'agissant de leur participation aux garanties sécuritaires", a-t-il dit mercredi lors d'une conférence de presse.
Vladimir Poutine a déclaré mercredi qu'il était possible de mettre fin à la guerre en Ukraine via des négociations à condition que "le bon sens prévale", ajoutant préférer la voie diplomatique mais être disposé à terminer le conflit "par la force".
Les Occidentaux disent penser que l'élément le plus crucial, en matière de garanties sécuritaires, est de continuer à apporter un soutien significatif à l'armée ukrainienne. Reste qu'ils envisagent également de déployer une "force de réassurance" internationale, pour épauler Kyiv ainsi que rassurer l'Ukraine et les pays voisins.
Un représentant français a refusé, au cours d'un point de presse, de dire quels pays étaient disposés à contribuer aux garanties sécuritaires et à la force de réassurance.
"PAIX ILLUSOIRE"
Aux yeux des Européens, déployer des troupes en Ukraine serait réalisable uniquement avec le soutien de Washington, que Donald Trump a promis - de manière plutôt vague - lors de discussions à la Maison blanche avec Volodimir Zelensky et plusieurs dirigeants européens dans la foulée de son sommet en Alaska avec Vladimir Poutine, conclu sans progrès vers la paix.
Il est prévu qu'un appel téléphonique avec le président américain soit organisé jeudi à la suite du sommet de la coalition des volontaires, a fait savoir l'Elysée, précisant que Volodimir Zelensky et d'autres dirigeants y prendraient part aux côtés d'Emmanuel Macron.
Deux sources diplomatiques ont déclaré que l'émissaire spécial américain Steve Witkoff était attendu jeudi à Paris.
John Foreman, ancien attaché militaire britannique en Ukraine et en Russie, a souligné qu'il était important pour les dirigeants de comprendre exactement ce qui serait sur la table, particulièrement pour Volodimir Zelensky, alors que le président ukrainien doit déterminer sa ligne de conduite dans l'hypothèse de négociations directes avec Moscou.
"Cela étant dit, il apparaît de plus en plus clairement que la paix passera par une Ukraine et une armée ukrainienne solides, que le soutien des Européens devra s'inscrire sur le long-terme, et que l'Ukraine ne pourra probablement pas compter sur ses alliés pour qu'ils lui viennent en aide et punisse la Russie si celle-ci venait à attaquer à nouveau", a-t-il dit.
"Tout cela est un travail préparatoire pour une paix qui demeure illusoire et éloignée du fait de la diplomatie incohérente de Donald Trump et de l'absence de pourparlers de fond".
(John Irish, avec la contribution d'Andrew Gray à Bruxelles et Tom Balmforth à Londres; version française Jean Terzian)
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