"Pas de grève préalable". En dehors de la CGT, les syndicats veulent attendre de savoir qui va diriger le pays et avec quelles méthodes.

Sophie Binet à Montreuil, le 17 juin 2024. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Les sujets sociaux laissés en suspens par la dissolution de l'Assemblée nationale : réforme contestée des retraites, changement des règles de l'assurance-chômage, question de pouvoir d'achat... La CGT veut maintenir la pression sur l'exécutif en annonçant une première "mobilisation" à l'automne, à contre-courant de ses partenaires qui attendent le futur gouvernement.
Après la dissolution inattendue décidée par le chef de l'État en juin, et dans un contexte de montée du Rassemblement national, la CGT avait appelé à voter en faveur des candidats du Nouveau Front Populaire (NFP), tandis que la première centrale syndicale, la CFDT, avait milité en faveur d'un front républicain. Les autres organisations représentatives, fidèles à leur ADN, n'avaient pas donné de consigne précise. Pas moins de 42 jours plus tard, la France reste avec un gouvernement démissionnaire chargé des affaires courantes et continue de plonger dans une incertitude politique.
Lundi soir, Emmanuel Macron a refusé de nommer la candidate du NFP, Lucie Castets , à Matignon, suscitant la fureur des partis de gauche. Ainsi, le communiste Fabien Roussel a appelé à une "grande mobilisation populaire" et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a souhaité une "réplique populaire et politique rapide et ferme" .
Bien avant ces derniers rebondissements politiques, les syndicats abordaient la rentrée sociale en ordre dispersé. La leader de la CGT, Sophie Binet, a assuré que la centrale syndicale de Montreuil "construira une mobilisation à la rentrée avec toutes celles et ceux qui le souhaitent fin septembre début octobre", dans un entretien publié dimanche dans La Vie Ouvrière , le magazine des militants, et ensuite retiré sans plus d'explication.
"Pas de grève préalable"
"Je ne suis pas sûre que tous les syndicats y soient, mais ce n'est pas un drame", a poursuivi la secrétaire générale de la CGT. En effet, la concorde entre les organisations syndicales ne semble pas acquise.
La CFDT, première organisation syndicale, n'a pas encore arrêté une position fixe au retour des congés. Dans un entretien à l' AFP après le second tour, Marylise Léon avait regretté qu'"on ne parle que d'une chose, du casting. En tant que responsable d'organisation syndicale, ce qui m'importe, c'est (de savoir) quelles sont les solutions concrètes qui vont être proposées aux problématiques des travailleurs".
"Je ne vais pas annoncer des mouvements alors qu'on ne sait pas quel va être le gouvernement, quelles méthodes il va utiliser et quels seront ses sujets", a expliqué à l' AFP le patron de la CFTC Cyril Chabanier.
Même constat du côté de la CFE-CGC : "On ne fait pas de grève préalable" , a abondé François Hommeril, se disant tout de même "groggy". "On est en septembre et on ne sait pas trop comment vont se passer les choses."
Pour le leader de Force Ouvrière Frédéric Souillot, l'heure n'est pas à un appel à la grève. Le troisième syndicat communiquera après "un Conseil exécutif la semaine prochaine, le 5 septembre" et "sans surprise", devrait une nouvelle fois réclamer "l'abolition de la réforme des retraites, l'augmentation des salaires, plus de moyens pour les services publics" , a détaillé son leader, joint par l' AFP .
Tous espèrent que cette fois le nouveau gouvernement, quelle qu'en soit sa composition, accordera toute sa place au dialogue social. Il aura "un nouveau rendez-vous avec les partenaires sociaux à ne pas rater", estime le patron de la CFTC, qui n'a pas manqué de le glisser à quelques membres de la majorité sortante (Agnès Pannier-Runacher, Aurore Bergé, Elisabeth Borne, Marc Fesneau ou Catherine Vautrin...) pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet.
11 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer