Relancer l’industrie française : la difficile mission d’Emmanuel Macron

information fournie par Boursorama •15/05/2017 à 19:15

Parmi les priorités du président Macron : relancer l'industrie. (crédit : gouvernement français)

Emmanuel Macron le reconnaît. Une partie essentielle de la campagne s’est sans doute jouée sur le parking de l’usine Whirlpool. Devant les salariés menacés par la fermeture de leur usine, le candidat a défendu son programme et tenté d’expliquer comment il comptait aider les ouvriers du site.

Il faut sauver le soldat industrie. Ce n’était pas le titre de la conférence de presse du Cercle des Economistes qui se tenait aujourd’hui à Paris mais le thème y a néanmoins tenu une place importante lors des différentes interventions.

En France, le secteur industriel ne représente pourtant plus que 12% du PIB contre 16,6% au début des années 2000 mais outre le retentissement social très fort qu’a une fermeture de site auprès de l’opinion publique, l’industrie remonte, selon l’économiste Christian Saint-Etienne, à 30 -40 % du PIB lorsqu'on y ajoute les services à forte valeur ajoutée qui y sont associés.

Insuffisamment compétitive

Mais l’industrie française est insuffisamment compétitive. «Le problème de la France, c’est qu’elle affiche des coûts de production comparables à ceux de l’Allemagne pour une qualité comparable à celle de l’Espagne. Arrêtons de nous comparer à l’Allemagne et reconnaissons que nous sommes 20% trop chers par rapport aux Espagnols», se désespère Patrick Artus, chef de la recherche économique chez Natixis.

La réforme de la formation unanimement saluée

Autre faiblesse pointée par bon nombre d’intervenants, la baisse de compétences des salariés comme le montrent les enquêtes Pisa qui affichent aussi désormais le système français comme le plus inégalitaire dans l’accès au savoir.

Sur ces sujets, les économistes réunis pour cette conférence de presse trouvent des motifs de satisfaction dans le programme d’Emmanuel Macron.

Patrick Artus voit lui d’un œil positif la réforme du travail voulue par le nouveau président, notamment la négociation au niveau de l’entreprise qui va rapprocher les coûts de la compétitivité réelle de l’entreprise. Il apprécie également la montée en puissance de la formation professionnelle qui va permettre l’acquisition de nouvelles compétences par les salariés.

Faire revenir la France sur la carte des investisseurs internationaux

Christian Saint-Etienne pointe, lui, les atouts de la réforme de la fiscalité : «La part des entreprises internationales dans l’industrie française est de 30%, soit la plus importante dans les pays développés. La politique fiscale de François Hollande a découragé les investissements étrangers. Avec sa flat tax à 30% et le retour à 25% de l’impôt sur les sociétés, Emmanuel Macron envoie un « signal extrêmement puissant » à destination des investisseurs étrangers. Mais il faudrait faire ce geste dès juillet pour déclencher une vague d’investissement immédiate car les entreprises internationales font leur budget à l’automne ».

Reste l’innovation seule capable aux yeux de Philippe Aghion, professeur au Collège de France, de pérenniser la montée en gamme de l’industrie française. Pour cela, il va falloir mettre la main au portefeuille, alors qu'on dépense «10.000 euros par an et par étudiant en France, contre 35.000 aux Etats-Unis et 25.000  en Scandinavie»

L'émergence de cette économie du savoir passera aussi par la mise en place d'universités de haut niveau à l'autonomie accrue.

Le Cercle des Economistes organise chaque année Les rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Le thème de l'édition de cette année qui se tiendra du 7 au 9 juillet : A la recherche de nouvelles formes de prospérité.