
L'ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, d'une réunion avec des dirigeants de diverses confessions religieuses dans l'une de ses résidences à Goma, le 29 mai 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
La peine de mort a été requise vendredi à Kinshasa contre l'ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, jugé par contumace pour complicité avec le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.
Le procès de l'ex-chef de l'Etat congolais (2001-2019), dénoncé par ses partisans qui estiment qu'il s'agit d'un procès politique, s'est ouvert le 25 juillet à Kinshasa, capitale de la RDC, devant la plus haute juridiction militaire du pays.
Joseph Kabila vit à l'étranger depuis plus de deux ans. Il était apparu fin mai à Goma, une ville de l'est du pays sous contrôle du groupe antigouvernemental M23, dont les offensives depuis 2021 ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés dans l'est.
Vendredi, le général Lucien René Likulia, représentant du ministère public, a appelé les juges de la Haute cour militaire à condamner "à la peine de mort" M. Kabila pour "crimes de guerre", "trahison", et "organisation d'un mouvement insurrectionnel", ainsi qu'à 20 ans de prison pour "apologie de crimes de guerre" et 15 ans de prison pour "complot".
Un moratoire sur l'exécution de la peine capitale en vigueur depuis 2003 a été levé en 2024, toutefois aucune exécution n'a eu lieu depuis.

Des membres du groupe armé M23 à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 1er mars 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
L'est de la RDC, région frontalière du Rwanda et riche en ressources naturelles, est déchiré par des conflits depuis 30 ans. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 de Goma et Bukavu, capitales du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le ministère public a estimé vendredi que les violences commises par le M23 dans l'est ont causé "d'énormes préjudices" à la RDC et "entrainent la responsabilité pénale et individuelle" de M. Kabila.
Pour l'accusation, M. Kabila est l'un des initiateurs de l'Alliance fleuve Congo (AFC), branche politique du M23. C'est dans ce contexte qu'il est accusé notamment de cas d'homicides et de viols commis par des hommes de la coalition AFC/M23 dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
- "Procès politique" -

Des combattants du groupe armé M23 à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 20 février 2025 ( AFP / Luis TATO )
Selon le ministère public, Joseph Kabila, "en intelligence avec le Rwanda", a cherché à faire un coup d'Etat visant à renverser le régime du président Félix Tshisekedi, qui lui avait succédé en 2019 après une élection contestée.
Le général Lucien René Likulia a ainsi affirmé que "le prévenu envisageait de renverser par les armes le régime constitutionnel en place", avec l'aide notamment de Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lors du scrutin présidentiel de décembre 2018, avant de rallier le M23 en 2023.
M. Kabila, 53 ans, a quitté le pays fin 2023, selon son entourage, mais y jouit encore d'un important réseau d'influence.

L'ancien président de la RDC, Joseph Kabila (c) salue des chefs religieux lors d'une rencontre dans l'une de ses résidences à Goma, le 29 mai 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
Réputé taiseux et discret, Joseph Kabila est réapparu publiquement fin 2024 après plusieurs années de silence, dénonçant vivement la gestion du pays par son successeur Félix Tshisekedi.
En avril, il avait annoncé dans la presse son retour imminent en RDC "par la partie orientale", dont une grande portion est sous contrôle du M23, soutenu par le Rwanda et son armée.
"C'est un procès politique, le régime cherche à dissimuler son échec diplomatique et militaire", a déclaré vendredi à l'AFP Ferdinand Kambere, secrétaire général adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de Joseph Kabila, à l'issue du réquisitoire.
Pour M. Kambere, cette condamnation revient à "persécuter un opposant, car les conditions actuelles ne garantissent pas un procès équitable".
Les provinces orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri, dévastées par trente ans de conflits, se sont constituées parties civiles dans ce procès, réclamant plusieurs milliers de dollars de dommages et intérêts à M. Kabila.
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