Les "méga-tours" d'investissements, supérieurs à 100 millions d'euros, ont très fortement baissé sur le premier semestre 2024. Plus globalement, la croissance du secteur diminue, pénalisée par l'incertitude politique persistante.

( AFP / DENIS CHARLET )
"Il y a un véritable ralentissement de la cadence". Le secteur français des start-up a continué de croître au premier semestre, mais à un rythme moins élevé qu'à la même période l'an dernier, et son niveau de levées de fonds poursuit sa baisse, pointe mardi 9 septembre un baromètre de l'association France Digitale. Maya Noël, directrice de la structure qui représente les jeunes entreprises "tech" et les fonds d'investissement spécialisés, a mis en garde face à une dynamique contrariée : le nombre de start-up atteint 16.200, soit une augmentation de 1.200 entreprises sur un an, une hausse moins rapide que l'année précédente.
Après un niveau record atteint en 2022, les levées de fonds du secteur poursuivent leur baisse, indique aussi ce baromètre réalisé avec le cabinet de conseil EY. Au premier semestre, elles se sont élevées à 2,8 milliards d'euros, soit une diminution de 35% par rapport à la même période en 2024. Si cette baisse "venait à se confirmer dans les prochaines années, elle risquerait d’engager un réel ralentissement de la capacité d’innovation de la France", prévient l'association.
"Demander de nouveaux efforts aux start-up reviendrait à sacrifier le peu de croissance qui nous reste"
L e secteur est particulièrement marqué par une baisse de 87% des "méga-tours" d'investissements, supérieurs à 100 millions d'euros. Au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou, les résultats du baromètre, issus des réponses de 500 jeunes pousses et 100 fonds d'investissement spécialisés et structures d'accompagnement, mettent en évidence l'impact de l'incertitude économique et politique dans les 12 prochains mois. 75% des jeunes pousses interrogées jugent ainsi la situation politique porteuse de risques, un taux qui s'élève à 82% s'agissant du contexte économique national.
Face à la perspective de mesures d'économies budgétaires, France Digitale plaide pour une protection de cet écosystème. "Demander de nouveaux efforts aux start-up reviendrait à sacrifier le peu de croissance qui nous reste", affirme l'association. En 2023 et 2024, les start-up ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 16%, à 11,5 milliards d'euros, moins vite que les années précédentes. Cette croissance est portée par l'amplification des ventes à destination du marché européen, rehaussées de 57%. En parallèle, les exportations à l'international, d'un volume moins élevé, se sont accrues de 16%, et les ventes en France ont augmenté de 2%. " En un an, les start-up ont créé davantage d'emplois qu'elles n'en ont supprimé", souligne aussi le baromètre après des craintes sur l'emploi dans le secteur. Les emplois dans les start-up sont ainsi passés de 450.000 à 500.000 postes, soit une hausse de 11,1% sur un an. Les 1.200 start-ups supplémentaires ont ainsi "créé près de 50 000 emplois internes et le chiffre d’affaires consolidé mondial moyen a progressé de près de 16 % en un an", relate le rapport .
France Digitale estime ainsi que "le tableau n'est pas noir", saluant notamment les efforts des pouvoirs publics sur les chantiers d'une préférence européenne dans la commande publique, ou encore de la mobilisation de l'épargne privée pour financer l'économie réelle.
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