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Projet de loi de financement de la Sécu : insuffisant pour les patients et professionnels de santé
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/10/2022 à 09:17

Le projet s'axe notamment sur la prévention, un choix salué, mais peine à convaincre concrétement.

Une carte vitale en 2016 en France. (Photo d'illustration) ( AFP / FRANCK FIFE )

Une carte vitale en 2016 en France. (Photo d'illustration) ( AFP / FRANCK FIFE )

"Un changement de culture" et un "bon début": le projet de loi de financement de la Sécu pour 2023 met l'accent sur la prévention pour lutter contre les inégalités sociales de santé, mais cela reste insuffisant pour les professionnels comme pour les patients.

Pour "traiter le scandale des écarts d'espérance de vie" et les inégalités sociales d'accès aux soins, il faut "avoir le souci permanent de rapprocher" les Français du système de santé, a insisté le ministre, François Braun, lors du lancement du volet santé du Conseil national de la refondation.

Pour cela, des mesures concrètes ont été mises sur la table dans le budget de la Sécurité sociale pour 2023: accès facilité au dépistage des infections sexuellement transmissibles et à la vaccination, ou encore mise en place de consultations aux âges clés de la vie (20-25 ans, 40-45 ans et 60-65 ans).

Ces consultations de prévention étaient "très demandées" par les médecins, relève Agnès Giannotti, présidente de MG France, le premier syndicat de généralistes.

Pour elle, l'accent mis sur la prévention est une ambition commune des professionnels, mais c'est aussi "un changement de culture" du système de soin, qui consistait jusqu’alors à soigner plutôt qu'à prévenir.

Néanmoins, ces consultations "ne peuvent pas durer seulement 15 minutes. On a besoin d'aller au bout des choses" , argue Mme Giannotti auprès de l'AFP. Raison pour laquelle ces rendez-vous "ne doivent pas être facturés 25 euros", comme une consultation classique.

Les complémentaires santé – mutuelles et assureurs – regrettent par ailleurs le financement des consultations médicales de prévention aux âges-clés de la vie par la seule assurance maladie obligatoire. "Si les mutuelles étaient associées, le +aller-vers+ pourrait être amplifié", selon eux.

"Saupoudrage"

Pour la Mutualité française et France assureurs, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) "ne peut engager que partiellement le changement d'échelle" du virage préventif puisque le gouvernement ne "s'appuie pas suffisamment sur les mutuelles".

"Les investissements prévus sont insuffisants pour engager la transformation " du système de santé, arguent-ils.

Même son de cloche du côté des associations de lutte contre les addictions. "Finançons la prévention", martèle la Fédération addiction pour qui ces "bonnes mesures" prises isolément "restent loin de dessiner une réelle politique publique de prévention", alors que les addictions sont "un déterminant majeur" des inégalités sociales de santé.

La Fédération addiction réclame notamment que les consultations de prévention aux âges clés de la vie s'appuient sur les Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Pour elle, la hausse des prix du tabac ne sera pas non plus suffisante si elle n'est pas accompagnée d'un "accent sur l'aide et l'accompagnement des fumeurs".

Résultats médiocres jusque-là

Les personnes les plus modestes développent beaucoup plus souvent des maladies chroniques que les plus aisées, note la Drees dans un rapport publié jeudi. Ainsi, les 10% des personnes les plus modestes développent en moyenne 2,8 fois plus souvent un diabète que les 10% les plus aisés , selon le service statistique des ministères sociaux.

Si le nouvel intitulé du poste du ministre de la Santé, désormais aussi chargé de la prévention, marque un virage gouvernemental, ces mesures "restent de l'ordre du saupoudrage et sont loin de dessiner une politique de prévention cohérente", dénonce encore la Fédération addiction.

La principale fédération de patients, France Assos Santé, estime aussi que ces mesures de prévention sont "un bon début" mais ne sont pas suffisantes. Pour Claude Rambaud, sa vice-présidente, un suivi et un accompagnement supplémentaires des patients sont indispensables. "Mais les médecins n'auront pas le temps" de l'assurer, il faut alors peut-être "créer de nouveaux métiers de 'préventeurs'" avec le concours des kinésithérapeutes ou des infirmiers en pratique avancée, selon elle.

Fin 2021, la Cour des comptes estimait que les résultats des politiques de prévention en santé étaient "globalement médiocres" en France, "malgré un effort financier comparable à celui des pays voisins".

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