"Bon courage, trouvez un candidat commun", ironise en privé le patron de LFI, Manuel Bompard, alors que les Insoumis sont déjà prêts à porter une nouvelle candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon à New York, aux États-Unis, le 21 avril 2025. ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )
Le fossé entre la France insoumise et le reste de la gauche continue de se creuser, éloignant l'hypothèse d'une candidature unique pour la présidentielle de 2027. Les insoumis, cependant, semblent devoir s'engager sur la voix toute tracée d'une nouvelle tentative de Jean-Luc Mélenchon.
Du côté de La France insoumise, fidèle à sa stratégie de la campagne permanente, les troupes de Jean-Luc Mélenchon s'appuient sur leur programme, déjà bien rôdé, et sur une organisation où les voix de contestation interne, les frondeurs, ont été purgées du mouvement. De quoi permettre à leur triple candidat Jean-Luc Mélenchon d'être le prétendant naturel du mouvement gauche radical s'il le souhaite pour 2027.
Et malgré les polémiques récurrentes sur son style "du bruit et de la fureur", les différents sondages ne donnent jamais Jean-Luc Mélenchon à moins de 10 ou 12% pour le premier tour de la prochaine présidentielle.
Même si une question fondamentale reste en suspens : comment le tribun insoumis, ultra-clivant, pourrait rassembler derrière lui pour un second tour. "Là on part avec un plancher très solide. Et par ailleurs il n'y a que notre espace politique qui soit défini", se félicite ainsi un cadre du parti.
LFI, qui répète que l'union est le chemin le plus court mais pas le seul chemin vers une victoire, est donc prête à partir seule. D'autant plus qu' ils peinent à concevoir une unité de la gauche qui ne se fasse pas derrière leur candidat et leur programme de rupture. Ils ont par ailleurs déjà commencé à chercher des parrainages, les fameuses 500 signatures -un de leurs points faibles récurrents- pour une prochaine présidentielle.
Et ils espèrent que s'il est le mieux placé dans les sondages, leur candidat pourra bénéficier d'un vote utile parmi les électeurs de gauche au premier tour -comme en 2022 quand Jean-Luc Mélenchon avait effleuré le second tour avec 21,95%, très loin devant ses concurrents de gauche.
"De François Ruffin à Raphaël Glucksmann"
En face, le rassemblement d'Olivier Faure, Marine Tondelier et François Ruffin lors du 1er-Mai à Dunkerque, au soutien des salariés d'ArcelorMittal, a peut-être donné à voir ce à quoi pourrait rassembler une union de la gauche hors-LFI.
Mais la patronne des Écologistes, inépuisable avocate d'un rassemblement le plus large possible, ne veut pas en exclure les Insoumis, à l'inverse du PS. "On n'ira pas dans une primaire seuls avec les socialistes et on sera très attentifs au périmètre qu'ils veulent dessiner", prévient un cadre écologiste.
À l'inverse, tous les différents courants du PS sont d'accord pour ne pas s'allier avec les Insoumis , jugés trop radioactifs. Dans l'optique de 2027, le premier secrétaire Olivier Faure a proposé une "plateforme" de la "gauche non-mélenchoniste", allant "de François Ruffin à Raphaël Glucksmann". Et a fait savoir dimanche qu'il ne se déroberait pas s'il était le mieux placé pour mener cette alliance en 2027.
L'année dernière, lors des élections européennes, François Ruffin et Raphaël Glucksmann avaient longuement mis en scène par courriers interposés leurs différences fondamentales, notamment sur l'Europe ou le libre-échange. "Croire qu'une primaire permettra de rassembler Glucksmann et Ruffin, l'un faisant campagne pour l'autre, c'est croire au père Noël !", balaie le coordinateur national de LFI Manuel Bompard. "Mais allez-y, bon courage, trouvez un candidat commun. C'est quoi leur programme sinon ?", ironise-t-il en privé.
Car en plus d'avoir réglé la question de l'incarnation, LFI peut compter sur l'ascendant qu'il a pris sur le reste de la gauche et qui s'est traduit par les accords électoraux de la Nupes puis du Nouveau Front populaire.
"Aucun parti ne bosse. À l'exception peut-être de LFI", reconnait ainsi un cadre Les Républicains.
Pour une union de la gauche, "il y a une étape préalable que tout le monde oublie en ce moment : le projet" , prévient la députée écologiste Sandrine Rousseau.
Peut-être est-ce une prise de conscience de cette nécessité de la gauche hors-LFI de marquer l'opinion par des propositions fortes : le chef des députés PS Boris Vallaud, candidat à la tête du parti, a ainsi présenté ce weekend son concept de "démarchandisation", à savoir "la soustraction de nos biens communs à l'accaparement et à la spéculation".
Tout en reconnaissant que l e socialisme était "orphelin d'une idée forte et d'une inspiration profonde qui emporte l'adhésion populaire".
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