L'État "fait de l'aménagement, on rend la souffrance ponctuellement moins difficile par le jeu des prestations sociales mais néanmoins on a du mal à faire qu'il y ait moins de pauvres".

( AFP / JOEL SAGET )
"On n'a pas de quoi être fiers". La pauvreté ne recule pas en France. Pire, elle progresse et a atteint un record en 2023 en France métropolitaine. Malgré les aides et un système redistributif, la France éprouve "des difficultés" à résorber le taux de pauvreté, a analysé lundi 8 septembre la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté.
"On n'a pas de quoi être fiers collectivement de ce que montrent les statistiques", a déclaré Anne Rubinstein lors d'une conférence sur les "nouvelles formes de pauvreté" organisée à Paris deux mois après la publication de l'indicateur de l'Insee recensant près de 10 millions de personnes pauvres.
Il y a un "paradoxe entre ce système redistributif, ce système social que le monde entier nous envie" et la "difficulté à régler le problème de la pauvreté", a-t-elle ajouté. "Donc on fait de l'aménagement, on rend la souffrance ponctuellement moins difficile par le jeu des prestations sociales mais néanmoins on a du mal à faire qu'il y ait moins de pauvres".
Or, face aux nouvelles formes de pauvreté, notamment celles touchant les familles monoparentales, les étudiants et les travailleurs pauvres , "on a un effort d'adaptation" à faire pour "pouvoir y répondre mieux", a ajouté la déléguée interministérielle dont les services sont notamment chargés de faire des préconisations au gouvernement.
Nouvelle formes de pauvreté
"Au-delà même des moyens qui sont quand même toujours conséquents, il faut se poser la question de l'adéquation de ces moyens avec les besoins : est-ce que ces moyens sont bien utilisés ?", a poursuivi Anne Rubinstein. " On doit absolument faire mieux et quand je dis 'on', c'est l'État aussi. Globalement, on doit mieux mesurer l'impact de ce que nous faisons."
Elle a parallèlement mis en avant plusieurs avancées obtenues ces derniers mois, évoquant notamment le lancement de la solidarité à la source, la lutte contre le non-recours aux prestations sociales ou encore le lancement d'un objectif à 10 ans de réduction de la pauvreté.
La politique de l'État en matière de lutte contre la pauvreté est régulièrement pointée du doigt par les associations de lutte contre l'exclusion qui la jugent insuffisante et s'alarment d'une dégradation de la situation sur le terrain.
La stratégie gouvernementale a également été récemment épinglée par la Cour des comptes qui a déploré une stratégie "illisible" et a exhorté l'Etat à évaluer l'impact des mesures mises en place.
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