(Actualisé avec délégation israélienne)
par Nidal al-Mughrabi et Steven Scheer
L'aviation et les chars israéliens ont bombardé la bande de Gaza dans la nuit de samedi à dimanche, détruisant plusieurs immeubles d'habitation, rapportent des témoins, alors que doivent débuter des négociations en Egypte sur le plan présenté par Donald Trump pour un arrêt des hostilités.
Les autorités de santé locales ont annoncé un bilan d'au moins 16 morts dimanche dans l'ensemble de la bande de Gaza, dont cinq personnes tuées lors d'une frappe aérienne sur la ville de Gaza.
Le président américain a déclaré samedi que l'Etat hébreu était convenu d'une "première ligne de retrait" à Gaza et que "lorsqu'il y aura confirmation du Hamas, le cessez-le-feu entrera en vigueur immédiatement".
Une délégation israélienne emmenée par le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer s'envolera lundi pour l'Egypte afin de participer aux discussions sur le plan de Donald Trump pour Gaza, a annoncé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ajoutant que les négocations se tiendront dans la station balnéaire de Charm el-Sheikh, sur la mer Rouge.
Le mouvement islamiste palestinien a accepté vendredi certains points clés du dispositif imaginé par Washington, dont la fin de la guerre, le retrait israélien et la libération de tous ses otages en échange de celle de prisonniers palestiniens.
Il s'est dit prêt à négocier sur d'autres points et a laissé certaines questions sans réponse, à commencer par celle de son désarmement qu'exige Israël.
"Les progrès dépendront de la question de savoir si le Hamas acceptera la [ligne de retrait], qui montre que l'armée israélienne gardera le contrôle de l'essentiel de la bande de Gaza", a déclaré à Reuters un responsable palestinien impliqué dans les discussions, qui a souhaité rester anonyme.
"Le Hamas pourrait aussi réclamer un calendrier strict pour le retrait israélien de Gaza. La première phase des discussions déterminera la suite des événements", a-t-il ajouté.
Sur CNN, Donald Trump a prévenu dimanche que le Hamas risquait "un effacement complet" s'il refusait de céder le pouvoir et le contrôle de Gaza.
Dans la ville de Gaza, considérée par Israël comme l'une des dernières places fortes du Hamas, les forces israéliennes ont poursuivi leurs opérations et déconseillé aux habitants de regagner leurs domiciles.
Un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré dimanche qu'il n'y avait pas de cessez-le-feu en vigueur à Gaza, seulement une pause temporaire de certains bombardements. L'armée peut continuer à agir à Gaza pour des objectifs défensifs, a-t-il ajouté.
Des témoins ont rapporté dimanche que l'aviation israélienne avait multiplié les attaques contre diverses cibles dans la ville, premier centre urbain du territoire palestinien.
Durant la nuit, des drones ont largué des grenades sur les toits de plusieurs immeubles résidentiels et les troupes de Tsahal ont procédé à la destruction de véhicules chargés d'explosifs. Des dizaines de maisons ont été détruites dans les quartiers de Sabra et Cheikh Radwan.
"Où est Trump dans tout ça ?" a déclaré un habitant de Gaza, Rami Mohammad-Ali, 37 ans, qui s'est réfugié vers l'ouest de la ville. "Les explosions ne s'arrêtent pas, les drones larguent des bombes n'importe où, comme si rien ne s'était passé. Où est la trêve dont Trump nous a parlé ?"
LA BOURSE DE TEL AVIV OPTIMISTE
La guerre dans la bande de Gaza a débuté le 7 octobre 2023 par des attaques de commandos du Hamas et de ses alliés dans le sud d'Israël, au cours desquelles 1.200 Israéliens, civils dans leur majorité, ont été tués et 251 personnes prises en otages, selon les chiffres des autorités israéliennes.
Les représailles israéliennes ont fait plus de 67.000 morts palestiniens, majoritairement des civils, en près de deux ans et réduit l'enclave à l'état de ruines. Les restrictions imposées à l'aide humanitaire par Israël ont provoqué la famine dans certaines parties du territoire, selon les Nations unies.
Le plan Trump prévoit que tous les otages encore entre les mains du Hamas ou ses alliés - ils sont au nombre de 48, dont 20 sont vivants, selon Israël - seront libérés ou leurs dépouilles restituées dans les 72 heures suivant l'acceptation par Israël de l'accord de règlement.
Un délai qui reste pour le moins flou sachant que le Premier ministre israélien a déjà donné verbalement son accord plusieurs jours avant la réponse du Hamas.
Retrouver les corps de certains otages sous les décombres de Gaza pourrait également prendre des jours.
En Israël, Benjamin Netanyahu fait face à la double pression des familles des otages et d'une partie de l'opinion qui réclament la fin du conflit et celle de ses ministres d'extrême droite, qui menacent de le faire chuter s'il ne poursuit pas l'offensive sur la bande de Gaza.
L'un d'eux, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui prône l'annexion et la colonisation de Gaza, a estimé sur X qu'un arrêt de l'offensive sur le territoire palestinien était "une grave erreur".
L'opposition israélienne s'est toutefois engagée à soutenir le gouvernement de Benjamin Netanyahu pour éviter un sabotage du plan Trump par l'extrême droite. "Nous ne les laisserons pas torpiller cet accord", a déclaré le centriste Yair Lapid.
La Bourse de Tel Aviv a atteint un plus haut historique dimanche dans l'espoir d'une cessation des hostilités.
(Avec Pesha Magid; Jean-Stéphane Brosse et Gilles Guillaume pour la version française)
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