L'ancien président de la République relativise les appels détonnants de Donald Trump sur l'augmentation des dépenses européennes en matière de défense, qu'il juge "incantatoires"." Ce n'est pas une affaire de montant, mais d'implication", ajoute t-il.

Francois Hollande, à Paris, le 18 juillet 2024 ( AFP / BERTRAND GUAY )
"Les dépenses militaires ne sont pas tout". L'ex-président François Hollande juge "excessif, incantatoire et inapproprié" de consacrer 5% du PIB pour la Défense, comme l'a évoqué Emmanuel Macron et comme le réclame le président américain Donald Trump. "La France consent déjà un effort de défense substantiel", qui "dépasse aujourd'hui 2%", remarque François Hollande dans un entretien au journal Le Monde sur les questions internationales, publié vendredi 28 février.
"Il faudra probablement continuer, mais 5% me semblent à la fois excessifs, incantatoires et inappropriés", estime l'ancien chef de l'Etat, "car les dépenses militaires ne sont pas tout. Ce n'est pas une affaire de montant, mais d'implication".
Alors que Donald Trump a opéré un virage stratégique en se rapprochant de Vladimir Poutine, M. Hollande considère que "nous devons être décidés à utiliser la force". "Tant qu’il y a un doute de la part de nos ennemis sur nos capacités militaires et sur notre crédibilité politique, nous sommes faibles, quelle que soit la somme que nous dépensons", argumente-t-il.
Lors d'échanges avec des internautes il y a une semaine, le président Macron avait déclaré : "Je ne sais pas si 5%, c'est le bon chiffre pour la France, mais en tout cas, il va falloir monter", sans exclure de "lancer des produits d'épargne" pour soutenir le financement de programmes de défense.
Construire une nouvelle "proximité" avec les Britanniques
L'ancien chef de l'Etat estime, par ailleurs, que l'Europe ne peut pas concevoir sa politique de défense "à vingt-sept car l’Union européenne est désunie sur cet enjeu essentiel".
Pour François Hollande, "si nous voulons bâtir une vraie sécurité européenne, elle se fera différemment, c’est-à-dire avec quelques pays". Il cite notamment le Royaume-Uni, non-membre de l'UE, "avec qui nous avons une grande proximité sur les questions stratégiques, et qui est, comme nous, doté de l’arme nucléaire", et aussi l'Allemagne, "pour qui la rupture de l’alliance transatlantique est un choc profond".
"Mais il n’y aura pas de défense européenne tant que les pays concernés continueront à acheter du matériel américain", ajoute-t-il.
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