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Porc européen: la Chine va imposer des droits antidumping provisoires
information fournie par AFP 05/09/2025 à 15:53

Une vendeuse coupe du porc sur un marché de Hangzhou, dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, le 10 avril 2025 ( AFP / - )

Une vendeuse coupe du porc sur un marché de Hangzhou, dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, le 10 avril 2025 ( AFP / - )

La Chine a annoncé vendredi l'imposition de droits antidumping provisoires sur les importations de porc en provenance de l'Union européenne (UE), nouvel épisode en date des frictions commerciales et politiques entre les deux puissances économiques.

La Commission européenne prendra "toutes les mesures nécessaires pour défendre ses producteurs et ses industriels", a réagi dans la foulée l'un de ses porte-paroles.

Pékin et Bruxelles entretiennent depuis plusieurs années des rapports difficiles, aggravés par l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, car le géant asiatique est un partenaire économique et diplomatique clé de Moscou.

Les autorités chinoises avaient lancé une enquête antidumping sur le porc européen en juin 2024, peu de temps après l'annonce par l'UE de sa volonté d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.

"L'autorité responsable de l'enquête a déterminé, de manière préliminaire, que les importations de porc et de sous-produits porcins en provenance de l'Union européenne font l'objet de dumping", a indiqué vendredi le ministère chinois du Commerce, assurant que l'industrie chinoise avait subi un "préjudice important".

Les autorités ont donc décidé de mettre en place "des mesures antidumping provisoires sous forme de cautions" à déposer auprès des Douanes, a annoncé le ministère du Commerce.

Ces droits, compris entre 15,6% et 62,4%, entreront en vigueur le 10 septembre.

Les mesures annoncées restent "provisoires" car l'enquête du ministère du Commerce doit se prolonger jusqu'en décembre. Des conclusions finales devraient alors être rendues.

- "Très mauvaise nouvelle" -

La Chine est la première consommatrice mondiale de porc, une viande très utilisée dans la cuisine locale.

A titre d'exemple, elle a importé l'année dernière pour 4,3 milliards de yuans (516 millions d'euros) de produits porcins en provenance d'Espagne, l'un des principaux producteurs européens, selon les Douanes chinoises.

Côté espagnol, le gouvernement a pourtant réagi avec mesure vendredi, le ministre de l'Agriculture Luis Planas rappelant que son pays et la Chine entretenaient "des relations commerciales fluides et intenses" et se disant "favorable à la résolution de tout différend éventuel par la voie de la négociation".

Mais du côté des producteurs espagnols, les premiers exportateurs de viande porcine vers la Chine, l'annonce de Pékin a suscité la colère. L'Association des agriculteurs de la région de Valence (est) a accusé l'Union européenne de "sacrifier le secteur porcin", voyant dans les mesures chinoises une mesure de "représailles" après l'imposition par Bruxelles de droits de douane aux véhicules électriques venant de Chine.

"C'est une très mauvaise nouvelle pour la filière porc dans son ensemble, et pas seulement à l'export, car cela aura sûrement un impact baissier sur le prix à la production en Europe", a pour sa part déclaré à l'AFP Thierry Meyer, vice-président d'Inaporc, l'interprofession du porc en France.

"Il n'y a jamais eu de pratiques européennes de dumping en Chine car si on les vend là-bas, c'est parce que les prix sont bons. Cette enquête est venue suite au problème des taxes (de l'UE) sur les voitures électriques", a-t-il ajouté lui aussi.

La France a exporté en 2024 un total de 115.000 tonnes en Chine.

- Intense séquence diplomatique -

L'annonce de Pékin intervient après une intense séquence diplomatique chinoise au cours de laquelle le président Xi Jinping a reçu des dizaines de dignitaires étrangers - dont les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong Un, qui ont assisté à Pékin à un grand défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a vu dans cette rencontre "un défi direct" à l'ordre international, des propos jugés "irresponsables" par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Photo prise le 3 septembre 2025 et publiée par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA le 4 septembre 2025 du président russe Vladimir Poutine (g), du président chinois Xi Jinping (c) et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (d) arrivant à un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin ( KCNA VIA KNS / STR )

Photo prise le 3 septembre 2025 et publiée par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA le 4 septembre 2025 du président russe Vladimir Poutine (g), du président chinois Xi Jinping (c) et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (d) arrivant à un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin ( KCNA VIA KNS / STR )

A la grande irritation des Européens, la Chine, qui se présente comme partie neutre et médiatrice potentielle, n'a jamais condamné la guerre en Ukraine.

Mais les alliés de Kiev accusent Pékin d'aider Moscou à contourner les sanctions occidentales, notamment en lui permettant d'acquérir les composants technologiques nécessaires à sa production d'armements.

Vendredi, le ministère chinois des Affaires étrangères a dit "s'opposer fermement" à toute coercition, après un appel du président américain Donald Trump aux dirigeants européens à faire pression économiquement sur le géant asiatique en raison de son soutien à Moscou.

La querelle commerciale entre Pékin et Bruxelles avait éclaté l'été dernier, lorsque l'UE avait pris des mesures en vue d'imposer de lourds droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, accusant les subventions étatiques chinoises de fausser la concurrence.

La Chine avait rejeté ces accusations et lancé en retour des enquêtes, largement perçues comme des mesures de rétorsion, contre le porc, le cognac et les produits laitiers importés de l'UE.

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