
Le porte-conteneurs MV X-Press Pearl, immatriculé à Singapour et transportant des centaines de conteneurs de produits chimiques et de granulés de plastique, lors de son remorquage au large des côtes de Colombo en juin 2021 ( AFP / ISHARA S. KODIKARA )
La compagnie maritime singapourienne Express Feeders, à l'origine de la pire pollution qu'ait connue le Sri Lanka, a indiqué mardi à l'AFP qu'elle refusait de payer le milliard de dollars de dommages et intérêts auquel elle a été condamnée dans cette affaire.
"Nous ne payons pas parce que toute la base du commerce maritime repose sur la limitation de responsabilité", a déclaré Shmuel Yoskovitz, directeur général de cet armateur lors d'un entretien exclusif avec l'AFP.
La Cour suprême du Sri Lanka lui a ordonné en juillet le paiement d'un milliard de dollars en dommages et intérêts provisoires, pour le naufrage du MV X-Press Pearl qui transportait notamment 25 tonnes d'acide nitrique et 28 conteneurs de granulés plastique.
Le navire avait sombré au large du port de Colombo en juin 2021 après avoir brûlé pendant près de deux semaines. La pêche avait dû être interdite pendant des mois.
Un tel paiement "pourrait créer un précédent dangereux quant à la façon dont les accidents maritimes seront résolus à l'avenir", a ajouté M. Yoskovitz.

Shmuel Yoskovitz, directeur général de l'armateur Express Feeders, lors d'un entretien avec l'AFP à Singapour le 22 septembre 2025 ( AFP / Roslan RAHMAN )
La Cour suprême du Sri Lanka a prévu une audience jeudi à Colombo pour examiner l'état d'avancement de la mise en œuvre de sa décision.
Les défenseurs de l'environnement avaient saisi le tribunal, estimant que les autorités gouvernementales et les propriétaires du porte-conteneurs n'avaient pas réussi à empêcher l'incendie à l'origine de cette catastrophe écologique sans précédent.
Le gouvernement sri-lankais a déclaré qu'il suivrait "les conseils du procureur général quant aux mesures à prendre", a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre des Médias, Nalinda Jayatissa, à des journalistes à Colombo.
- "étape essentielle" -
Le bureau des Nations unies au Sri Lanka a souligné que le principe du "pollueur-payeur" était inscrit dans plusieurs accords internationaux, notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.
"La décision de la Cour suprême est une étape essentielle vers la justice et la responsabilité", a-t-il publié sur le réseau social X.
Selon M. Yoskovitz, Express Feeders a déjà dépensé 170 millions de dollars pour retirer l'épave, nettoyer les fonds marins et les plages et indemniser les pêcheurs touchés, car c'était "la bonne chose à faire".
Ils ont ensuite obtenu une ordonnance d'un tribunal maritime de Londres en juillet 2023, limitant leur responsabilité à un maximum de 25 millions de dollars.
Le Sri Lanka a fait appel de cette décision.

Des membres de la marine sri-lankaise travaillent à enlever les débris échoués provenant du MV X-Press Pearl, immatriculé à Singapour, qui a coulé après avoir brûlé pendant près de trois semaines en mer au large du port de Colombo, à Colombo, le 18 juin 2021 ( AFP / ISHARA S. KODIKARA )
Des milliers de tonnes de granulés en plastique - un granulé fait en moyenne 0,5 cm -, destinés à l'industrie de l'emballage sri-lankaise avaient été relâchés par le navire, polluant un tronçon de 80 kilomètres de plage le long de la côte ouest de l'île.
La compagnie singapourienne avait présenté ses excuses au Sri Lanka.
Le navire transportait également 81 conteneurs de produits chimiques dangereux, dont 25 tonnes d'acide nitrique et des lingots de plomb.
Colombo estime que l'incendie a été causé par une fuite d'acide nitrique, dont l'équipage semblait avoir connaissance neuf jours avant que l'incendie ne commence.
Les ports du Qatar et de l'Inde avaient refusé de décharger l'acide nitrique qui fuyait.
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