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Pain, essence, dollars: la Bolivie à sec à l'approche de la présidentielle
information fournie par AFP 16/08/2025 à 10:17

Des personnes font la queue pour acheter du pain le 31 juillet 2025 à La Paz, en Bolivie ( AFP / AIZAR RALDES )

Des personnes font la queue pour acheter du pain le 31 juillet 2025 à La Paz, en Bolivie ( AFP / AIZAR RALDES )

Dans les échoppes du centre de La Paz, même le pain commence à se faire rare, nouveau symptôme d'une crise économique au coeur des préoccupations des Boliviens à l'approche d'une élection présidentielle, dimanche, qui pourrait signer un retour de la droite.

Wilson Paz, un travailleur indépendant de 39 ans, parcourt une dizaine de petites boutiques à l'angle d'une rue, mais aucune n'a de "marraqueta", ce pain blanc croustillant très apprécié dans la capitale administrative.

"Nous attendons avec impatience les élections pour changer ce modèle qui nous a considérablement appauvris", souffle ce père de famille, qui repart avec du pain en sachet faute de mieux.

La pénurie d'aliments, mais aussi de carburant et de dollars, exacerbe le mécontentement des Boliviens et, pour la première fois en 20 ans, la gauche n'apparaît pas favorite dans les sondages pour le scrutin de dimanche, où deux candidats de droite caracolent en tête.

Le président Luis Arce, très impopulaire, ne se représente pas, tandis qu'Evo Morales, à la tête du pays à trois reprises entre 2006 et 2019, est écarté par la limite des mandats et fait l'objet d'un ordre d'arrestation dans une affaire de traite de mineure qu'il nie.

Une femme achète du pain sous sachet sur un marché à La Paz, en Bolivie, le 31 juillet 2025 ( AFP / AIZAR RALDES )

Une femme achète du pain sous sachet sur un marché à La Paz, en Bolivie, le 31 juillet 2025 ( AFP / AIZAR RALDES )

Parmi les candidats de gauche, le président du Sénat Andrónico Rodríguez et l'ancien ministre Eduardo del Castillo figurent loin derrière les deux favoris dans les enquêtes.

"On n'a aucun espoir avec ce gouvernement", peste devant une échoppe Ligia Maldonado, 70 ans, dépitée elle aussi de revenir sans pain frais. La marraqueta, "c'est le pain des pauvres", assure-t-elle.

Malgré une inflation annuelle frôlant les 25% en juillet, un record depuis au moins 2008, la marraqueta reste l'un des rares aliments dont le prix n'a pas augmenté, grâce à la politique de contrôle du gouvernement qui subventionne la farine utilisée pour la fabriquer.

Mais, comme pour l'huile ou le riz, il arrive qu'elle disparaisse des étals, faute de farine.

- "Tout a augmenté" -

Le gouvernement a presque épuisé les réserves de dollars pour financer sa politique de subventions, alors que les exportations de gaz naturel, autrefois principal moteur de l'économie bolivienne et source majeure de devises pour le pays, s'effondrent depuis 2017.

La pénurie de dollars, qui a fait doubler leur valeur en moins d'un an, a aussi entraîné une envolée des prix.

Des véhicules font la queue pour faire le plein dans une station-service à La Paz, en Bolivie, le 31 juillet 2025 ( AFP / AIZAR RALDES )

Des véhicules font la queue pour faire le plein dans une station-service à La Paz, en Bolivie, le 31 juillet 2025 ( AFP / AIZAR RALDES )

"Tout a augmenté: les oeufs, le lait, l'huile, les pièces détachées" pour la voiture, se plaint Manuel Osinaga, un chauffeur de taxi, après plus de cinq heures d'attente devant une station-service pour pouvoir faire le plein, une scène devenue ordinaire ces derniers mois dans le pays.

Carlos Tavera, un retraité de 65 ans qui habituellement vote à gauche, assure qu'il votera pour le candidat d'opposition le mieux placé, même si cela signifie soutenir un candidat de droite.

"N'importe qui vaut mieux que ça", lance-t-il. "Nous n'avons plus de dollars. Il y a des files d'attente pour l'essence, pour le pain, pour tout. Allez dans les hôpitaux, il n'y a pas de médicaments", énumère-t-il.

Pour l'économiste Napoleón Pacheco, professeur à l'université Mayor de San Andrés, le pays est "au bord de l'hyperinflation". Cette situation résulte notamment, selon lui, de l'émission massive de monnaie par le gouvernement pour tenter de stabiliser l'économie. Entre 2023 et 2024, la masse monétaire a bondi de 20%.

Photomontage du 14 août 2025 montrant les deux favoris du scrutin présidentiel en Bolivie,  l'homme d'affaires de centre droit Samuel Doria Medina (G) et l'ancien président de droite Jorge Quiroga ( AFP / Jorge BERNAL )

Photomontage du 14 août 2025 montrant les deux favoris du scrutin présidentiel en Bolivie, l'homme d'affaires de centre droit Samuel Doria Medina (G) et l'ancien président de droite Jorge Quiroga ( AFP / Jorge BERNAL )

Les deux favoris du scrutin de dimanche, l'homme d'affaires de centre droit Samuel Doria Medina et l'ancien président de droite Jorge Quiroga, promettent d'y mettre un terme.

Ils prévoient également de fermer les entreprises publiques déficitaires et de réduire les subventions aux carburants, dans le cadre d'un programme d'austérité.

Mais, selon la Fondation bolivienne Jubileo, la pauvreté atteindrait 44%, contre entre 36 et 37% selon les chiffres officiels, si l'on tient compte de la hausse du coût de la vie.

"Une période de sang, de sueur et de larmes, pour paraphraser Churchill, s'annonce. Il faut se préparer au pire", prévient Napoléon Pacheco.

2 commentaires

  • 12:14

    A l'arrivée d'Evo Morales, la presse française n'avait pas de mots assez fort pour célébrer l'événement. Un président amérindien de gauche dans un pays qui avait du mal a sortir des régimes autoritaires. C'était la père Noël. Comme le disait le regretté Dominique Baudis, au bout de quelques temps les boliviens se sont aperçu "que la hotte était vide, que la barbe était fausse, et enfin qu'on leur avait volé leurs souliers"....


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