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Menace de droits de douane à 200% sur l'alcool européen : les professionnels français sous le choc
information fournie par Boursorama avec Media Services 14/03/2025 à 09:36

"Notre secteur génère 70.000 emplois en France (...) et n'accepte pas d'être sacrifié du fait de décisions politiques européennes qui ne le concernent pas", s'est insurgé le représentant du secteur du Cognac.

( AFP / GEORGES GOBET )

( AFP / GEORGES GOBET )

"Stupéfaction" et "consternation". La menace de Donald Trump de porter à 200% les droits de douane des alcools européens si l'UE ne retirait pas son projet de taxe sur le bourbon a laissé jeudi 13 mars sous le choc les professionnels du vin et des spiritueux français.

"À 200%" de droits de douane, "le business s'arrête", a prévenu Nicolas Ozanam, directeur de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Cela reviendrait à tripler le prix de la bouteille vendue. Inimaginable pour le secteur, partagé jeudi entre "stupéfaction, consternation et sentiment d'urgence pour trouver une solution" , a dit Nicolas Ozanam à l' AFP .

La nouvelle serait "particulièrement inquiétante" pour la France, observe Sylvain Bersinger, chef économiste d'Asterès, car celle-ci "représente environ la moitié des exportations européennes de boissons alcoolisées vers les États-Unis".

La patrie du champagne, du cognac et du bordeaux a exporté en 2024 pour 3,9 milliards d'euros d'alcools aux États-Unis, soit un quart des exportations du secteur.

"Les vins et spiritueux ne doivent pas être l'otage d'une escalade commerciale" , a réagi dans la soirée le président du Comité Champagne, David Chatillon, invitant "les deux parties à trouver une solution négociée".

"Notre secteur génère 70.000 emplois en France (...) et n'accepte pas d'être sacrifié du fait de décisions politiques européennes qui ne le concernent pas", a aussi estimé le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), pour qui "le marché américain est (le) premier débouché". Le pays représente aussi le premier marché des vins de Bordeaux, selon le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, qui n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat aux menaces américaines.

Donald Trump a menacé jeudi d'imposer des droits de douane de 200% sur les vins et alcools de l'UE, si elle ne retirait pas les taxes de 50% annoncées sur le whisky et le bourbon américains. Bruxelles a annoncé ces taxes mercredi en représailles aux surtaxes américaines de 25% sur l'acier et l'aluminium. "On ne comprend pas ce que fait la Commission européenne, (...) ça n'a aucun sens" , a estimé Nicolas Ozanam.

L'Europe ne va pas se laisser faire

Mais "on ne peut pas se laisser terrasser par des menaces de cet ordre", a estimé le Premier ministre François Bayrou, en marge d'un déplacement à Lyon. "Il importe que nous montrions, nous, Européens, (...) que nous ne cédons pas à ce genre de menaces", a-t-il ajouté, balayant l'idée d'abandonner la taxe sur le bourbon.

"Nous n'avons jamais voulu qu'il y ait une augmentation des droits de douane", a souligné le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, sur BFMTV . " Nous ne voulons pas d'une guerre commerciale mais l'Europe ne va pas se laisser faire si les États-Unis continuent à menacer les exportations européennes", a-t-il ajouté, appelant à poursuivre le dialogue pour convaincre les Américains de faire machine arrière.

Les droits de douane américains sur le vin français sont aujourd'hui à un niveau très bas, autour de 10 centimes d'euro le litre, selon la FEVS. Les spiritueux étaient eux exonérés de taxes depuis un accord transatlantique de 1997. Ce dernier avait permis, selon le lobby du secteur Spirits Europe, un boom des échanges jusqu'en 2018, quand la précédente administration Trump avait lancé sa première guerre commerciale sur l'acier et l'aluminium.

Les spiritueux subissent déjà depuis l'automne une surtaxe de Pékin, son autre grand marché, en contentieux avec l'UE, ce qui a entraîné une baisse de 25% des exportations de cognac et d'armagnac vers la zone Chine/Hong-Kong/Singapour.

"On savait que ça allait nous tomber dessus, mais 200%... L es États-Unis sont notre deuxième marché export en valeur et en volume" , s'est alarmé jeudi Olivier Goujon, directeur de l'interprofession armagnac, appelant le gouvernement à "prendre le sujet à bras le corps".

À 200% de taxes, une bouteille vendue une soixantaine de dollars passerait à plus de 180, souligne-t-elle : "Le prix risque de devenir inaccessible pour le consommateur", alors que les États-Unis sont le deuxième marché à l'exportation après le Royaume Uni.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain a multiplié les annonces de droits de douane, comme moyen de pression sur les États tiers, de protection de certains secteurs industriels et source de revenus pour l'État fédéral.

3 commentaires

  • 14 mars 10:44

    oui aiki41 . Par ailleurs, désolé, mais je ne veux pas consacrer trop d'énergie aux exportateurs.Je préfère ceux qui produisent ce que _nous_ consommons. Je souhaite politiquement que nous soyons plus autonomes et moins dépendants envers les tiers. On ne va pas vendre notre âme au diable pour pouvoir acheter des iphones ? Le libréchangisme des dirigeants européens (EPP) st à bannir. Il nous aliène.


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