La Russie est très régulièrement accusée de conduire contre les pays occidentaux une guerre dite hybride, notamment pour saper leur soutien à l'Ukraine.

Jean-Noël Barrot, le 21 février 2025, à Johannesburg ( AFP / PHILL MAGAKOE )
"J'ai un peu de mal à comprendre cette décision". Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dit ses réserves face à l'orientation donnée par le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, qui a ordonné une pause dans toutes les cyberopérations du pays contre la Russie, y compris les actions offensives .
Cette pause s'inscrit dans un processus plus large de réévaluation des opérations américaines vis-à-vis de la Russie, et sa durée n'est pas clairement définie selon le New York Times . Sollicité par l'AFP, le Pentagone n'a pas fait de commentaire, invoquant la nécessaire préservation de la sécurité opérationnelle. Comme les autres opérations clandestines, les actions dans le domaine cyber ne sont pratiquement jamais commentées par les autorités.
"S’agissant des cyberattaques, les pays de l’Union européenne sont constamment attaqués par la Russie", a rappelé Jean-Noël Barrot, à l'antenne de France Inter , lundi 3 mars. "Les États-Unis ont choisi d'engager un dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine pour l'amener à la table des négociations et mettre fin à la guerre en Ukraine. Le dialogue, on a essayé. Ça n'a pas produit tous les effets qu'on pouvait escompter. On a toujours dit qu'il fallait amener Vladimir Poutine à la négociation par la pression. C'est la stratégie que nous continuons à mener ici en Europe", a détaillé le ministre.
Côté américain, "il n'y a pas de plus grande priorité pour le secrétaire (Pete) Hegseth que la sécurité du combattant dans toutes les opérations, y compris dans le domaine cybernétique", a soutenu un responsable du Pentagone. Cette pause, rapportée dimanche 2 décembre plusieurs médias américains, intervient alors que Donald Trump est en train de conduire un rapprochement historique avec Moscou, amorcé autour de la guerre en Ukraine.
Après avoir été un des principaux soutiens de Kiev contre l'agression russe, Washington, sous l'impulsion de Donald Trump, semble vouloir contraindre l'Ukraine à accepter un cessez-le-feu sans nécessairement se préoccuper des garanties de sécurité, ce que refuse Kiev et fait les affaires de Moscou. Ce revirement, décidé sans concertation avec les Européens, plonge ces derniers dans le désarroi tant ils ont délégué depuis des décennies la charge de leur sécurité et leur protection à Washington.
"Nous devrions passer moins de temps à nous inquiéter de Poutine", juge Trump
La Russie est très régulièrement soupçonnée de mener une une guerre dite hybride, avec le soutien occidental à l'Ukraine dans le viseur, qui passe par des opérations clandestines physiques et des actions dans les champs immatériels, cyber ou informationnel.
Mais pour Donald Trump, les Etats-Unis ont d'autres sujets de préoccupation plus pressants que le rapprochement Washington-Moscou. "Nous devrions passer moins de temps à nous inquiéter de Poutine, et plus de temps à nous inquiéter des gangs de migrants violeurs, les gros bonnets de la drogue, les meurtriers et les immigrants souffrants de troubles psychiatriques qui entrent dans notre pays - afin de ne pas terminer comme l'Europe!", a-t-il dit dans la nuit de dimanche à lundi sur le réseau Truth Social. Le conseiller à la sécurité américain, Mike Waltz, interrogé sur CNN dimanche sur ce rapprochement avec la Russie, a réfuté l'idée de cette pause opérationnelle cyber. "Cela n'a pas été discuté", a-t-il dit. "Il y aura toute sorte de leviers, de la carotte au bâton, pour arriver à mettre un terme à cette guerre".
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